Une petite goutte de ci, une petite goutte de ça... ! Une pincée de ceci... Et hop ! Une fumée bleutée s'éleva de la fiole avant que la potion ne prenne une couleur mauve. Eurêka ! Un sourire naquit sur mes lèvres et je levais le petit flacon devant mes yeux, sous la lumière. Ca y est... J'avais réussi. J'avais vraiment réussi... La potion était prête ! Mon cœur se mit à battre plus vite au fond de ma poitrine. Cela signifiait une chose essentielle : Bae. J'allais pouvoir quitter Storybrooke et le retrouver. J'avais attendu ce moment depuis... Oh ! Depuis une décennie, au moins ! Je reposais délicatement la fiole sur la table car mes mains commençaient à trembler. Il ne fallait surtout pas que je casse le verre, sinon le précieux liquide serait perdu. Il ne serait pas dur d'en faire en plus grande quantité maintenant que j'avais les formules et tous les ingrédients. Je me laissais tomber dans ma chaise, le temps de prendre une grande inspiration. Maintenant les choses allaient bouger... Maintenant tout allait se jouer... ! Je passais une main dans mes cheveux avant d'attraper les cartes géographiques que j'avais rangé dans mon sac... Comment retrouver Bae, maintenant ? Je pourrais demander à Emma, vu que son métier était de retrouver les gens... Le problème... C'est que je n'avais aucune nouvelles informations sur Bae. Je ne savais pas son nom civil – s'il en avait pris un nouveau – je ne savais pas la tête qu'il avait, je ne savais pas quel âge il avait... L'âge... J'y avais songé une fois, longtemps auparavant : et si Bae était mort depuis le temps ? Mais mes visions étaient formelles, j'allais retrouver mon fils. Il était encore vivant. Je le sentais. Bon... ! En attendant, les sentiments ne devaient pas trop remonter à la surface ! Je pris une nouvelle grande inspiration, sourire aux lèvres et baissais les yeux sur la carte des états-unis. Avant de l'étudier plus en détail, je devais absolument tester l'effet de cette potion. J'espérais de tout cœur qu'elle marchait correctement... Et je connaissais exactement la personne qui pourrait m'aider dans cette tâche. Un nouveau sourire, plus amusé cette fois, se peignit sur mes lèvres. La vengeance est un plat qui se mange froid. Et j'étais un homme de parole... J'avais promis quelque chose à la personne à laquelle je pensais.

Je saisis ma canne appuyée contre la table, posais les cartes, me dirigeais dans l'avant de la boutique et tirais un dossier de l'un de mes tiroir. C'était le référencement de toutes les personnes qui louaient mes loyers – j'étais propriétaire de la ville alors oui, c'étaient mes loyers. Je connaissais la personne, bien sûr, je savais qui elle était, mais voulais m'assurer de son lieu de travail : Finnegan C. Fearless, Disc Store. Un nouveau sourire fleurit sur mes lèvres. Je refermais le registre que je rangeais dans son tiroir, retournais rapidement dans l'arrière boutique afin d'enfouir la fiole dans la poche de ma veste et de récupérer un objet précis que j'avais miss de côté depuis un petit moment. Il s'agissait d'une bague. Je sortis ensuite de ma boutique et fermais la porte à clé derrière moi. Je montais dans ma voiture et conduisis jusqu'à la demeure de ce très cher Finnegan. Me reconnaîtrait-il en me voyant apparaître dans sa boutique ? Se souviendrait-il de la promesse que je lui avais faite avant qu'il ne quitte mon château, prenant avec lui l'or que je lui avais offert, suite à nôtre contrat ? Sans doute. Je n'étais pas un homme qu'on oubliait si facilement. Cela dit, malgré une petite rancune, j'étais curieux de voir comment il s'en sortait dans la vie. Je n’espionnais pas les gens de cette ville – je ne m'appelais pas Regina, s'il vous plaît ! – ainsi ne savais-je pas tout sur tout... Mais la plupart du temps, j'en savais assez pour que je tourne les événements en ma faveur.

Quelques explications s'imposent sans doute, cher lecteur. En effet, je connaissais Finnegan depuis un certain temps une... connaissance, dira-t-on, du monde des contes. Il était, à l'époque, un homme qui ne pouvait pas avoir peur, qui ignorait tout à fait ce que cela signifiait et n'en avait jamais eu la sensation. On lui avait conseillé de venir passer trois nuits dans mon château. Depuis que j'habitais une certaine région reculée, les habitants des villages alentours s'étaient mis au défis de dormir dans mon château, car j'avais pour réputation d'être un homme maléfique, un monstre sans vergogne. Je m'étais donc prêté au jeu et m'étais amusé à user de divers artifices pour faire peur aux malheureux voyageurs qui partaient bien vite en hurlant d'effroi. Mais pas Finnegan. Ce petit gaillard avait su rester, brave, trois nuits. Par curiosité, je m'étais montré à lui au cour de la troisième nuit : il devait comprendre que je ne pouvais pas le laisser repartir vivant de mon château, j'avais une réputation à tenir. Nous en étions venu à passer un contrat : un jeu de force. S'il gagnait, je le laissais repartir avec de l'or, s'il perdait, je le tuais. Simple, en somme. Mais il mit une condition : pas de tricherie. Enchaîné par mon contrat, je ne pus gagner, car sans magie, je n'avais jamais été quelqu'un de très fort... Et c'est ainsi que je laissais repartir Finnegan, l'homme qui voulait connaître la peur, qui se maria avec la fille du roi et devint roi à son tour. Bel avenir, n'est-ce pas ? Je l'avais vite oublié mais lui avais tout de même fait une promesse avant qu'il ne s'en aille : il devait prendre garde à ne jamais recroiser mon chemin. Or... Nous allions nous revoir ce soir. Un sourire étira mes traits alors que je garais ma voiture au bord du trottoir avant de sortir et de m'engouffrer dans le magasin encore ouvert. Je comptais le mettre au défi une nouvelle fois : si Finnegan n'avait peur de rien, il serait certainement prêt à tester ma potion, ça ne lui coûterait rien d'autre qu'une nouvelle expérience pour ressentir un peu d'adrénaline... N'est-ce pas ?

Je regardais autour de moi avant de me diriger vers le comptoir. Quelques clients étaient encore là, comme s'ils appartenaient vraiment à ce monde. Personne n'avait perdu ses petites habitudes, au moins. Un homme apparut un peu plus loin. Je le reconnus, malgré les changements physiques évident. J'oubliais rarement le visage d'une personne avec qui j'avais passé un contrat. A dire vrai, je m'en souvenais de la plupart – pour ne pas dire de tous, dans leur totalité. Je lui fis l'un de mes sourire les plus mystérieux alors que je plongeais mes yeux dans les siens, appuyé sur ma canne. S'il avait changé physiquement, moi aussi. Réussirait-il à me reconnaître sans ma peau verdâtre et rugueuse, et muni d'une canne ? Car oui, je ne boitais pas autrefois. Je m'avançais un peu vers lui puis, d'une voix parfaitement calme, je pris la parole, une pointe d'amusement au fond du regard : « Te souviens-tu de moi... dearie ? » petit surnom que je donnais régulièrement à mes hôtes lorsque j'étais le Rumplestiltskin que tout le monde craignait. Je reprenais les vieilles habitudes, petit à petit. Passons. Je frôlais la poche de ma veste du bout des doigts, l'air de rien, pour m'assurer que la potion était toujours à sa place. La bague que j'avais prise était censé être celle de Finnegan, lorsqu'il était encore marié à sa princesse dans le monde des contes. Je croyais savoir que tel était son bien le plus précieux... Et c'était ce qu'il fallait pour que ma potion marche : la verser sur l'objet auquel la personne tenait le plus, puis sortir de la ville en gardant ledit objet sur soi. J'espérais que cela fonctionnerait du premier coup. Mais je n'avais aucun doute quant à mes talents.  

Un mince sourire étira mes lèvres alors que je constatais qu'il n'avait toujours pas peur. Certaines choses ne changeaient pas avec le temps, quels que soient les lieux. Mais tant mieux ! C'était ce que je voulais : qu'il n'ait pas changé, que je puisse lui proposer une sorte de défis. Je me demandais encore comment j'allais lui faire accepter cela... J'allais devoir me creuser les méninges pour trouver quelque chose d'adéquat. Quelque chose qui lui paraitrait assez « juste », assez équitable, mais qui, en réalité, ne le serait pas vraiment. D'un certain côté, j'espérais me tromper avec ma potion. J'espérais qu'elle ne marcherait pas et qu'il manquerait simplement un ingrédient ou que quelque chose avait été mal dosé... Question de vengeance personnelle. Après tout, ce gamin m'avait roulé dans la farine moi, Rumplestiltskin, en me piégeant dans mon propre contrat. Il fallait que je lui rende la monnaie de sa pièce tôt ou tard. Mais d'un autre côté j'espérais de tout cœur que cette potion marcherait. Cela me rapprocherait un peu plus de Bae. Un pas dans sa direction. Il me suffirait ensuite de partir à sa recherche dans ce vaste monde. Je plongeais mes yeux dans ceux de Finnegan. Quel air narquois ! Il n'avait vraiment peur de rien, en effet... Même pas de moi. Ca, c'était fort, tout le monde ici me craignait. Au moins un peu. Sauf les plus fous (comme Emma, par exemple, mais elle était une exception et il me fallait bien un peu d'opposition de temps en temps, n'est-ce pas ?).

Je lui souris un peu plus. Quelle perspicacité ! Il serait, en effet, grandement inutile de me tirer dessus avec un fusil. J'étais, comme qui dirait, immortel et l'on ne pourrait me tuer qu'avec ma dague. Dague cachée dans la tour de l'horloge, par ailleurs, derrière les grosses aiguilles. Je comptais la prendre avec moi en partant de Storybrooke pour chercher mon fils, car j'étais persuadé que Regina et compagnie voudraient à tout prix trouver un moyen de m'éliminer, d'une manière ou d'une autre, autant ne pas trop leur faciliter la tâche. Je m'appuyais tranquillement sur ma canne, laissant glisser ses provocations. Ce n'était pas important, qu'il essaie de m'énerver, ça ne marchait pas. J'étais aussi calme qu'un lac en plein été. Superbe comparaison, en effet. « Quelle perspicacité, tu m'épates. » je lui souris encore fois avant de passer devant lui. Discuter dehors serait, en effet, plus « intime » si l'on puis dire. Mais je ne comptais pas le tuer, loin de là ! Enfin... Pas tant qu'il me serrait utile, en tout cas. Peut-être après. Après tout, je ne l'aimais pas, et je devais me venger. Alors qu'il demandait au dénommé Amos de bien vouloir tenir la boutique pendant son absence, il me fit signe de le suivre dehors. Je lui emboîtais tranquillement le pas non sans avoir jeté quelques deniers coups d'œil autour de moi. Une fois dehors, je repris la parole, appuyé sur ma canne :

« Franchement, à quoi cela m'avancerait-il de te tuer ? Je le ferais peut-être un jour, mais pas tout de suite. » comment allais-je le convaincre alors qu'il ne gagnait rien dans ce contrat ? Enfin rien... Cela est vite dit. Si la potion marchait réellement, il aurait la possibilité exclusive de vagabonder de droite à gauche dans le reste du monde sans perdre la mémoire. Je décidais, par la même occasion, de la flatter légèrement afin qu'il sente que j'ai besoin de lui et qui se trouve indispensable. Alors qu'il ne l'était pas vraiment. N'importe qui aurait fait l'affaire, mais j'avais eu envie de lui. Un parfait cobaye n'ayant peur de rien et qui ne ferait peut-être pas d'histoires. « Je suis heureux de voir que tu n'as toujours peur de rien... N'as-tu donc trouvé personne capable de t'enseigner la peur ? Même dans ce monde ? C'est tout de même cocasse... Cela étant dit, je pourrais t'offrir une chance de réessayer. » je pourrais t'offrir une chance ? Je choisissais mes mots avec soin lorsque je parlais. Ici, j'utilisais le conditionnel. Je pourrais éventuellement lui en offrir une... Si tant est qu'il soit d'accord et si tant est que j'en ai vraiment envie. Le terme offrir sous-entendait « pas de contrat ». Quant au mot chance, bien sûr, cela voulait dire ce que ça voulait dire. C'était une chance que je lui propose cela, et une chance allait s'ouvrir à lui s'il acceptait. Mais je me devais sûrement d'être plus explicite. Je sortis la fiole de la poche de ma veste et la lui montrais.

« Ceci est une potion qui s'avérera très utile. Elle permet de quitter la ville sans perdre la mémoire, vois-tu. Et dans une telle situation, j'ai besoin d'un homme tel que toi, qui n'a peur de rien et ne se laissera pas facilement impressionné.... Tu vas te dire « pourquoi moi et pas un autre ? », sans doute. Mais sache que tu m'as mortifié jadis, j'en suis encore épaté. » une part de vérité se mêlait au mensonge. Rares étaient ceux qui réussissaient à me rouler, ils se comptaient sur le doigt d'une main. « Je suis sûr que tu aurais les tripes assez accrochées pour tester ladite potion. » je lui fis voir la fiole encore quelques secondes avant de la ranger dans mon costume et de marcher lentement de long en large devant Finnegan. « De plus, ne serait-ce pas un avantage pour toi que de pouvoir être le premier à vagabonder de-ci de-là dans ce vaste monde ? » je m'arrêtais devant lui et lui fit un sourire des plus poli et à la fois amusé.

Bien sûr qu'il était intéressé... Qui n'aurait pas été charmé par la possibilité de vagabonder hors de Storybrooke, de toute façon ? Le sourire froidement poli qui n'avait pas quitté mes lèvres s'étira légèrement alors qu'il prenait la parole. Comme autrefois, il voulait imposer ses termes dans le contrat. Mais cette fois je n'allais pas le laisser faire si facilement. Bien sûr, pour le coup, c'était moi qui venais le voir, mais... Après tout, cela l'arrangeait aussi, d'un autre côté. Et quelle piètre subtilité. Enfin, qu'importait. Ses clauses n'étaient pas dures à respecter et cela ne me coûterait rien. Mais... Je n'avais pas envie de le laisser faire. Fierté personnelle, sans doute. Sa première condition était réalisable, je n'avais pas de « contre-potion » ou de « contre-sort » ... Sauf s'il perdait malencontreusement la bague sur laquelle la potion serait versée. Là, je ne pourrais rien faire pour lui. Je ne comptais pas lui faire payer plus non plus. A la base, je ne voulais même pas passer de contrat, simplement... Lui demander un petit service. Ce qui n'était techniquement pas pareil. Techniquement, seulement. C'était son troisième point qui m'ennuyait plus. J'allais devoir perdre mon temps à fabriquer une troisième dose de la potion. Et le temps, je n'en avais pas à perdre... Bien sûr, maintenant que je savais quoi mettre et comment faire, ce n'était absolument pas compliqué, mais... Je restais pensif l'espace d'un instant. Ces termes étaient plutôt honnêtes, mais ils ne me plaisaient pas. Je tâchais de rester impassible.

J'aurais pu trouver n'importe quelle autre personne pour tester cette potion... N'importe quelle autre. Mais c'était vrai, n'importe quelle autre personne se montrerait plus réticente. Je poussais un soupir inaudible. Je n'avais aucun terme à ajouter de toute façon. Et puis je faisais cela pour mon fils... C'est pourquoi j'acceptais sans doute aussi rapidement sans vouloir apposer d'autres contraintes pour le piéger. Je n'avais pas de temps à perdre. « C'est entendu. Deal. » Bien sûr que j'étais mécontent. Mais tant pis. La perspective de retrouver mon fils m'emplissait de bonheur. Et d'appréhension... Mais là n'était pas la question. Je tournais les talons dans la rue, me doutant que Finnegan m'emboîterait le pas. J'ouvris la portière de ma voiture et m'installais au volant. Monter dans la même voiture que le Ténébreux... Heureusement qu'il n'avait peur de rien, il ne serait très certainement pas aussi impressionné que d'autres auraient pu l'être. Ce qui m'étonnait un peu plus, c'était qu'il me fasse confiance, en fait. La potion que j'avais dans ma poche aurait très bien pu être de l'eau mélangée à quelques autres produits et je ne souhaitais que l'envoyer à sa perte, derrière la frontière de la ville. Était-ce de la naïveté de sa part ou bien... Me croyait-il sur parole ?

Sans prononcer un mot, je mis le contact et démarrais ma voiture avant de me diriger tranquillement jusqu'à l'entrée de la ville. Il fallut bien quelques minutes. La radio était allumée et nous écoutions le journal du soir. Quelques informations mineures du reste du monde, des incidents qui ne semblaient pas vraiment me concerner. Je ne venais pas de ce monde, alors pourquoi me soucier de ce qui pouvait arriver aux habitants qui peuplaient cette Terre ? Je n'en avais cure. Ils pouvaient bien mourir, irradiés par des rayons gamma que cela ne me ferait ni chaud ni froid. Tant que je retrouvais mon fils... Et que je finissais ce que j'avais à finir. Tout allait pour le mieux. Passons. Je me garais non loin de la limite de la ville et sortis du véhicule. Il était peut-être temps que je parle de la bague à Finnegan. J'étais sûr que ça lui rappellerait de bons souvenirs. Qui n'est pas heureux d'être roi, après tout ? Je m'avançais vers la ligne et mon regard se perdit à l'horizon. J'espérais que tout ceci allait marcher, vraiment, de tout cœur.... Je plongeais ma main dans la poche de ma veste et en ressorti la fiole contenant la potion ainsi que la bague, cette fois. Je la posais à plat dans la paume de ma main et la montrais à Finny – s'il me surnommait Goldy autant que j'use, moi aussi, de petits surnoms !

« Je suis sûr que ça te rappelle de nombreux souvenirs, n'est-ce pas ? Je suis également sûr que c'est l'un des objets auquel tu tiens le plus. Ca te sera nécessaire pour passer la frontière de la ville. Cette potion doit être appliquée sur l'objet auquel la personne qui l'utilise tient le plus. Sinon ça ne marchera pas. » heureusement que j'avais beaucoup d'objets dans ma boutique. J'avais pu retrouver cette bague parmi eux... Et comme je savais tout – du moins tout ce qui était important à sa voir – le lien entre cette bague et Finnegan n'avait pas été très difficile. Il avait sûrement payé cela avec une partie de mon or. Je recouvris la bague de la potion et celle-ci prit une couleur bleutée durant quelques secondes avant de redevenir normale. Je la lui tendis. « Alors à toi l'honneur. Voyons si cela fonctionne. » un sourire étira mes lèvres.

Sa réaction ne fut pas une surprise, je m'y attendais un peu. Mais qui ne serait pas énervé de savoir que je possédais un objet précieux depuis des années ? Un large sourire s'étira sur mes lèvres en sentant de la colère dans le timbre de sa voix. J'avais sa bague en ma possession comme la plupart des objets des personnes de cette ville, inutile de monter sur ses grands chevaux. Mais qu'importait, nous avions passé un contrat (que je regrettais un peu de ne pas avoir mieux contrôlé, par ailleurs, mais le temps pressait...) et il allait devoir testé cette potion. S'il ne le faisait pas, qu'il ne doute pas que je le tuerais sur-le-champ. Il n'aurait pas autant de chance que par le passé, cette fois. Le sourire sur mes lèvres s'étira d'avantage lorsque je vis son humeur sans rembrunir. Il était un peu tard pour se poser cette question. Maintenant, j'aurais très bien pu l'avoir piégé, il ne pouvait pas revenir en arrière. Quoiqu'il en soit, je lui tendis son alliance qu'il prit et passa à son doigt. Voilà que les choses revenaient à la normale... Mais un goût amer me restait dans la bouche. Finnegan rajoutait toujours un nombre incontestable de termes aux contrats que nous passions et il m'énervait quelque peu. Je réfléchis rapidement aux paroles qu'il avait prononcées tout à l'heure, cherchant une faille quelconque que je pourrais tirer à son désavantage. Il n'était pas clairement précisé que je ne pourrais pas le tuer. Simplement un « cela ne me coûtera rien d'autre que mon essai volontaire », ou quelque chose dans ce goût-là, n'est-ce pas ? Tout dépendait si l'on pensait que la mort était un paiement ou une vengeance personnelle... Mais je ne rompais pas mes contrats. C'était bien la seule chose qui me différenciait de cette perfide Regina qui passait quelques accords, mais ne tenait jamais sa parole, au final. Mais avant de réfléchir à ce genre de chose, je voulais savoir si la potion allait marcher. Une étrange lueur d'espoir brillait au fond de mes prunelles brunes. Finnegan franchit la ligne. Une étrange lueur bleuté le foudroya et le recouvrit tout entier avant de disparaître. J'attendis quelques secondes, mes yeux fixés dans son dos. Alors, cela marchait-il ou bien n'avait-il plus aucun souvenir de son ancienne vie ?

Je plissais légèrement les yeux, en l'attente d'un signe quelconque. En fait... Je n'aurais pas dû lui parler de tout ça. Peut-être aurais-je du employer la manière forte, le transporter magiquement ici, avec moi, lui passer la bague au doigt (ne vous méprenez pas sur le sens de cette phrase...), et le pousser derrière la ligne afin de savoir si ma potion fonctionnait ou non. J'aurais été fixé sans contrat, aucun, et tout aurait été dans le meilleur des mondes. Je n'avais pas la moindre envie de donner une potion supplémentaire à ce très cher Finnegan que j'exécrais particulièrement. Au bout d'un moment, il se retourna et me lança un petit sourire. Je retins involontairement mon souffle durant quelques secondes, les mains crispées sur ma canne. Bae était-il bientôt à ma portée ou fallait-il que j'attende encore un peu et mette au point ma potion ? Mais à en juger par son sourire presque suffisant, je compris sans qu'il ait besoin de dire quoique se soit : ça marchait. Il se souvenait de tout. Il avait rempli sa part du contrat en effet, et il restait derrière la ligne, content de pouvoir se trouver là sans perdre la mémoire. Bientôt, je partirais aussi. Demain, sûrement, ou après demain... Il fallait encore que je localise mon fils sur une carte. Mais cela ne serait pas un problème, je savais comment faire. Alors que je m'apprêtais à retourner près de ma voiture, Finngean me posa une question. De quoi se mêlait-il ? Un petit sourire mystérieux se peignit sur mon visage et je fis un pas en avant, me retrouvant assez près de la ligne.

« Ca, ça me regarde, dearie. »

Je n'avais pas à lui expliquer mes affaires, ce me semble. Cela ne faisait pas partie du contrat et, de toute façon, ça ne le regardait pas. C'était une affaire entre moi et mon petit garçon. Personne d'autre. Je reculais de quelques pas, appuyé sur ma canne, le cœur battant. Maintenant que je savais que la potion fonctionnait... Il ne me restait plus qu'à prendre mon courage à deux mains et partir de mon cocon de protection magique... Mais j'étais déterminé. Je voulais plus que tout au monde retrouver mon fils, j'avais passé toute ma vie à le faire, et ce n'était pas pour abandonner maintenant. Je rattraperais le temps perdu, je saurais le faire. J'abandonnerais même la magie pour lui, s'il me le demandait, je serais un homme meilleur, le père qu'il regrettait tant. Passons. Je tournais la tête vers Finnegan. Je lui devais maintenant une potion... Je poussais un soupir inaudible. Je n'avais pas de temps à perdre.

« Maintenant que tu es libre d'aller où bon te semble, avec la personne de ton choix... » Je levais la main et, dans un nuage opaque de fumée mauve, fis apparaître une nouvelle fiole dans ma main, pleine du même liquide bleuté. Je la tins serrée dans mon poing et tendis le bras en direction de Finnegan pour qu'il vienne la prendre. Il en demandait beaucoup. Mais je tâcherais de remettre ma vengeance à plus tard... Si nos routes se recroisaient car, une fois Bae retrouvé, je ne savais pas si je reviendrais à Storybrook. C'est pourquoi j'emporterais ma dague avec moi, au dehors, et proposerais à mon fils de la détruire comme cela aurait dû être depuis longtemps... Je me demandais souvent quelle aurait été ma vie si j'avais suivis mon fils dans le tourbillon... Et quelle avait été la sienne dans ce monde. « Nous avons tous les deux remplis notre part du contrat maintenant. » Je le regardais des pieds à la tête afin d'évaluer rapidement s'il n'était pas victime de quelconques symptômes mais il semblait se porter à merveille... « Mais toi, que vas-tu bien pouvoir faire au-dehors, dans ce monde inconnu tout en sachant que la potion n'est peut-être pas tout à fait au point et que, tôt ou tard, tu perdras peut-être la mémoire et te trouveras à errer, perdu ? » Un sourire étira mes lèvres. Bien sûr, la potion avait un effet permanent, car je ne savais pas combien de temps j'allais passer à chercher Bae. Des années peut-être ? Mais j'espérais que ce ne serait qu'une question de jours...

Rabat-joie peut-être, mais je n'avais aucune envie que tout le monde se mette à fouiner dans mes affaires. Parce que, justement, c'était MES affaires pas les leurs. Et puis de toute façon qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire ? Qu'est-ce que cette information lui aurait apporté sinon assouvir sa curiosité ? Tout le monde sait que la curiosité est un vilain défaut. J'en avais fait les frais, à une époque de ma vie. Mieux valait se tenir à l'écart de certaines choses. Ca évitait de commettre quelques erreurs supplémentaires. Et puis, bientôt, ils n'entendraient peut-être plus parler de moi alors à quoi bon se perdre en de folles explications ? Finalement, je n'avais aucune envie de m'ouvrir à qui que se soit. Je ne l'avais même pas fait avec Belle, préférant lui cracher au visage que je préférerais toujours ma magie et mon pouvoir à elle pour qu'elle s'en aille... Parce que je n'avais pas eu le courage de la mettre dehors de mes propres mains, de mes propres mots, j'avais préféré qu'elle parte d'elle-même, histoire de pouvoir dire : c'est elle qui est partie, je ne l'ai pas chassé. Mais ça revenait au même, au final et la bête ne partirait jamais quels que soient ses visages et ses masques. Et puis... Au fond, n'y avait-il jamais eu que Bae dans mon cœur ? Toutes les décisions que j'avais prises, je les avais pris en fonction de lui, dans ma vie. Pour lui... Oh. Cela pouvait être vu comme une excuse aux yeux du monde. Un prétexte pour garder mon pouvoir... Mais c'était véridique. Je l'avais peut-être fait un peu pour moi, mais pas seulement. J'étais un lâche, certes, égoïste, égocentrique, et tant d'autres défauts... Mais j'aimais profondément mon fils, et on ne pouvait m'enlever mes quelques qualités... Bien qu'elles soient rares.

Mais passons, mon fils n'était pas la question. (Enfin si, mon fils était toujours la question !). Mais en l'occurrence, je n'avais qu'une envie : rentrer chez moi. La colère de Finnegan semblait s'être totalement dissipée, à présent. Tant mieux pour lui, ça aurait été dommage qu'il risque ses chances de survie pour une petite histoire de bague. Il prit la fiole que je lui tendis et la rangea dans la poche de sa veste. J'étais plutôt mécontent de ce contrat, pour ma part. Si je n'avais pas été animé par une telle impatience, les termes auraient été tout autre. Il pouvait s'estimer heureux. Si prochaine fois il y avait, il n'en ressortirait pas indemne. Il pouvait me fait confiance à ce sujet... Mais je doutais fortement qu'il y eut une prochaine fois. Une fois Bae retrouvé, j'espérais vivre avec lui-même si le pardon ne serait certainement pas facile... Mais ça pouvait l'être, n'est-ce pas ? Il avait toujours était le plus fort de nous deux, il trouverait bien la force de me pardonner... Non ? Je ne pouvais qu'espérer que les choses se passeraient bien. Car Bae était ma fin heureuse, personne d'autre. Pas même Belle... Elle semblait si lointaine, à présent et, techniquement, nous n'aurions jamais dû nous connaître puisque, techniquement, je n'étais pas censé être immortel. Alors elle ne pouvait être mon âme sœur... Nous nous étions fourvoyés, il fallait prendre de nouveaux départs : elle avec un homme qui prendrait soin d'elle, moi avec mon fils pour enfin être un père adéquat.

La voix de Finnegan me tira de mes profondes pensées et je plongeais, durant quelques secondes, mes yeux dans les siens. Maintenant que notre contrat était terminé, rien ne m'empêchait de le transformer en escargot et de l'écraser, comme je l'avais souvent fait jadis. Mais, d'un autre point de vu, c'était une vengeance trop facile, trop petite. Je voulais qu'il ait peur lorsque nos routes se recroiseraient, car, comme il était en train de me le dire, on ne pouvait pas l'impressionner si facilement. Un sourire froid vint s'afficher sur mes lèvres alors que je l'écoutais vaguement prévoir des plans sur la comète. Il voulait un nouveau départ pour tout quitter : folie, magie et traîtrise... Je relevais les yeux sur lui et je dus sembler le sonder au plus profond de son âme. A cet instant précis, il ressemblait étonnamment à mon fils. Mon regard se remplit d'une profonde nostalgie qui se dissipa presque aussitôt. Si seulement j'avais écouté Bae... Si j'avais été moins lâche nous n'en serions pas là. Quelle vie aurions-nous mené dans ce monde sans magie ? Je me le demandais à toutes heures de la journée et de la nuit, le voyais dans mes rêves les plus fous... Je ne vivais plus qu'avec des regrets déchirants.

Au final, quoiqu'il se passe, tout revenait toujours à Bae, il ne sortait pas de mon esprit, c'était une obsession. Mais c'était normal, je l'aimais plus que tout au monde... Même si je ne lui avais pas très bien montré... Bref ! Voilà que Finnegan me demandait de le ramener en voiture. Mon sourire froid se transforma en un demi rictus moqueur. Avais-je l'air d'un chauffeur de taxi ? Je retournais en direction de ma voiture en boitillant, appuyé sur ma canne, ouvris la portière et me tournais vers Finnegan.

« Quel intérêt aurais-je à te ramener ? Il paraît que l'exercice est bon pour la santé, dearie. Profite de tes deux jambes pendant qu'elles sont encore en état de marche. »

Je m'installais au volant de ma voiture, claquais la portière, mis le contact et parti en direction de la ville, laissant Finnegan seul avec lui-même et la fiole que je lui avais donnée en échange de son consentement à être mon cobaye.