Parler de ma vie avant la malédiction, ma vie dans ce qui devait être le royaume de mes parents risque d'être une chose compliquée, pour la simple et bonne raison que je ne l'ai pas vécue. Les contes et toutes histoires d'enfants étaient très abstraits pour moi jusqu'à il y a peu. Je suis arrivée dans ce que nous pourrions appeler aujourd'hui "notre monde" le jour de ma naissance. Un bébé retrouvé le bord d'une route abandonnée, plutôt glauque sur le coup. Il y a vingt-huit ans que je vis dans ce monde, vingt-huit années par lesquelles je suis passée par un orphelinat, dans lequel j'étais seule. Pas vraiment d'amis, aucune attache, Juste moi. Grandir seule n'a pas toujours été facile, j'en ai tellement voulu à des parents "imaginaires"- des parents dont je m'étais dressé un portrait tellement loin de ce qu'ils sont en réalité- qui m'avaient simplement abandonné sans me donner la chance de leur prouver que je pouvais être une petite fille qui en valait la peine. Mais comment savoir que mes parents avaient fait tout ça pour moi, que j'avais atterri dans cette ville, loin de ma famille pour les sauver tous ? Jamais, même dans mes rêves les plus fous je n'avais pu imaginer que j'étais prédestiné à vivre une vie aussi "aventureuse".

La nuit noire prend entièrement possession du ciel, je rentre chez moi après une soirée assez compliquée, une tâche de vin sur ma nouvelle robe un paquet de plat chinois à emporter dans les bras, je suis simplement et concrètement éreinté. Nous y sommes enfin, je fête mon vingt-huitième anniversaire et que demander ce soir, qu'est-ce-que je voudrais le plus au monde . Un petit gâteau entre les doigts je ferme les yeux et rêve de cette vie qui me fait envie depuis toujours. Cette vie qui me donne simplement l'impression d'être moins seule. Une famille. C'est tout ce que je demande. Des bruits à la porte me font sursauter, qui pourrait vouloir me déranger ce soir ? « Vous êtes Emma Swan . » Une sensation étrange me fait frissonner. « Oui et toi qui es tu ? » Le petit bonhomme me fait un sourire ravi et m'annonce la seule chose que je ne voulais pas entendre. Mon fils. Il était là devant moi. Comment tout ça avait pu arriver ? Bien sûr je voulais d'une famille, je ne voulais plus être seule. Mais comme ça, pas dans ces conditions-là.

Henry était là devant moi, je voulais simplement le ramener chez lui et rentrer chez moi, retrouver Boston et sa monotonie. Mais de toute évidence le petit garçon de dix ans ne voyait pas les choses de cette façon. Il en avait décidé autrement et aller savoir pourquoi je me laissais prendre au jeu. Il faisait maintenant partie de ma vie à part entière. Je me faisais un devoir d'être sûre que tout irait bien pour lui, surtout une fois que j'avais fait la connaissance de sa "mère". Cette femme froide au caractère plus qu'orageux. Je n'arrivais pas à sentir le bon se dégager de cette femme. Pourtant, j'arrivais à croire qu'elle ne ferait pas de mal à Henry.

Une malédiction, des héros de contes pour enfants bloqués dans cette petite ville du Maine. Il n'y avait pas à dire, cet enfant possédait une imagination débordante. Mais comment lui en vouloir ? Ne voulait-il pas simplement échapper à un quotidien trop pesant, trop oppressant, à une mère trop présente . Je n'aimais pas l'encourager dans ses petits délires obsessionnels et de toute évidence je n'étais pas la seule. Sa mère, son psychologue, tout trouvait ses petites inventions totalement folles.

Je ne voulais pas mentir à Henry sur son père, mais le simple fait de lui dire la vérité m'arrachait le coeur. Comment révéler à un enfant que son père n'était rien d'autre qu'une petite frappe, qu'un voleur de bas étage qui avait sans aucun remords envoyé sa petite amie en prison ? Neal avait fait partie de ma vie, je ne pouvais pas le nier et faire comme si ce n'était pas le cas, mais si moi je connaissais sa véritable nature, Henry n'était pas obligé de le savoir, surtout qu'il n'y avait vraiment aucune chance pour qu'il le rencontre un jour.
Heureusement je n'étais pas totalement seule dans cette ville, il y avait la maitresse d'école d'Henry, cette petite brune, très douce, très gentille, trop gentille . Peut-être bien et sans savoir pourquoi ni comment, je me sentais proche d'elle. Mary-Margaret devenait doucement une amie dont je ne pourrais certainement plus me passer. Et même une colocataire en or. Vivre avec quelqu'un n'était pas dans mes habitudes, je n'avais jamais fait ce genre de choses avant, mais je ne m'en sortais pas trop mal, du moins j'en avais l'impression. Nous vivions dans un espace assez grand pour ne pas nous "marcher" dessus. Et peu de temps après mon arrivée j'étais devenue Shérif ajointe, il fallait bien que je trouve de quoi payer ma collocation et mon passé de gérante de cautions était un gros avantage. Et ce petit don que je possédais...Je pouvais savoir quand quelqu'un mentait et ça c'était vraiment un avantage pour moi.

Il n'avait fallu qu'un macabre concourt de circonstance pour que je passe de Shérif adjointe à Shérif. « Graham ? » D'un mouvement rapide et incertain je secouais le corps inerte de l'homme qui venait une seconde avant de tomber de m'embrasser. Tout avait été tellement vite, je n'arrivais simplement pas à analyser ce qui venait de se passer. Une seconde, il n'avait suffi que d'une petite seconde avant que le corps du jeune homme sans vie ne tombe à mes pieds. Comment un homme en si bonne forme, si jeune, pouvait-il faire une attaque cardiaque ? ça relevait du surnaturel.

Ma vue était brouillée par les larmes, des larmes qui reflétaient une tristesse sans nom, un désespoir sans nom. Ce petit bonhomme blanc comme un cadavre allongé sur ce lit d'hôpital me laissait complètement impuissante. Doucement et toujours perdu entre la tristesse et l'incompréhension, je m'approchais du lit « Je t'aime Henry. » Je posais mes lèvres sur son front avant qu'une lumière étrange nous traverse et qu'enfin mon fils papille doucement des cils pour enfin ouvrir les yeux.

Une malédiction, elle était donc réelle et le véritable amour l'a brisé. Un simple baisé d'amour donné d'une mère à son fils, rien de plus simple que ça. Lorsqu'on voit son enfant mourir sur un lit d'hôpital, l'amour peut réellement vous faire faire de grandes choses, même délivrer une ville entière d'une malédiction magique.