Il n'y avait aucun bruit à l'hôpital. Tout était calme. Enfin, ce n'était pas tout l'hôpital qui était calme. Non, c'était impossible de faire ça, mais seulement la partie psychiatrique. En même temps, les médecins étaient sûrement rentrée chez eux ou alors étaient en train de dormir dans la salle de garde. De temps en temps, je pouvais entendre des bruits de pas. Sûrement des infirmiers qui faisaient leurs rondes habituelles pour voir si les résidents de l'asile étaient calme. Oui, parce que ce n'était pas tous les soirs comme ça. En fait, c'était vraiment rare que ça soit aussi calme. Alors autant en profiter non ? Mais cette fois-ci je n'avais pas envie de m'enfuir de l'hôpital. En même temps, on était le soir et il n'y avait rien à faire en ville. A part peut-être aller dans un bar, mais je n'avais pas vraiment la tête à ça. Je m'étais levée de mon lit pour aller voir à la porte s'il y avait des infirmiers qui n'étaient pas loin. Apparemment, il n'y avait personne. Tant mieux. Je pouvais donc commencer mon plan pour sortir de ma chambre. Déjà je ne pouvais pas sortir par la porte. Oui, parce que cela aurait été trop flagrant. Si un médecin ou un infirmer voulait rentrer dans ma chambre pour vérifier si j'étais bien présente et qu'il voyait que ma porte n'était pas fermé à clé, j'étais grillée d'avance. Je devais donc passer par un autre moyen - qui est les conduits d'aération. Comme d'habitude, je faisais aussi en sorte qu'on puisse croire que j'étais encore dans mon lit. Cette fois-ci, j'avais mis des vêtements sous les draps pour essayer de faire une silhouette. J'avais essayé d'enlever la plaque du conduit d'aération en faisant le minimum de bruit. Oui, je dis bien essayé, parce qu'avec moi ce n'était pas gagné. J'avais mis au moins dix bonnes minutes pour l'enlever et j'ai quand même fait du bruit (mais bon, apparemment pas assez, puisque personne n'a été alerté par le bruit).

Je rampais - ouais, rampais comme un serpent - dans le conduit. Heureusement que je n'avais pas vraiment une grande distance à parcourir. Oui, je devais juste aller jusqu'à la chambre voisine. Celle d'Absynthe. D'ailleurs c'était peut-être idiot de passer par là. Enfin, maintenant que j'y étais, je ne pouvais plus faire demi-tour. Enfin si, je pouvais faire demi-tour, mais bon il faudra que je remette en place la plaque du conduit d'aération et ça ferait encore plus de bruit et je n'avais pas vraiment envie. Au bout de quelques minutes, j'étais arrivée au-dessus de sa chambre. Armée de ma fidèle pince à cheveux, je commençais à enlever la plaque. Par contre, j'aurais dû peut-être faire plus attention à comment j'enlevais cette plaque. Pourquoi ? Tout simplement parce que j'avais commencé à dévisser les coins du haut et que j'étais déjà à moitié sur la plaque. Vous avez compris maintenant ou vous que je fasse un dessin. Oui, j'ai glissé et je suis tombée. Et je ne suis pas tombée sur n'importe qui. Je suis tombée littéralement sur Absynthe. Heureusement que j'avais essayé de me rattrapé à la grille avec de lui tomber dessus. Au moins, je n'avais pas dû lui faire trop mal. Et puis en plus comme ça, je l'avais réveillée. Bon d'accord, il y avait mieux comme réveil, c'est vrai. Je la regardais, elle avait les yeux ouverts, mais je l'avais l'impression qu'elle était toujours un peu endormie. « Bouh ! » Je m'étais levée pour me mettre debout devant elle en attendant qu'elle se lève. Bah oui, je n'allais quand même pas restée sur elle ! Je me tenais donc devant elle. Habillé d'un superbe pyjama rayé rose délavé et blanc -qui était certainement deux fois trop grand pour moi - et d'une robe de chambre tout aussi magnifique. Oui, les vêtements qu'on nous passait à l'hôpital étaient digne de vêtement de grands créateurs. « Ca te dis une balade nocturne dans l'hôpital ? Enfin plutôt dans les cuisines ? Non parce que le repas qu'ils nous ont servi était infame et que j'aimerais bien avoir un vrai repas avec de la nourriture pour une fois. » J'affichais un grand sourire sur mon visage. Je savais très bien qu'elle allait me répondre qu'elle voulait me suivre. Elle me suivait tout le temps. A vrai dire, Absynthe pourrait être mon ombre.

  J'étais tombée sur Absynthe. Mais vraiment tombé. Quelle idée aussi de mettre ça au-dessus d'un lit ! C'était dangereux ! Personnellement, je n'arriverais pas à dormir si j'ai ça au-dessus de ma tête. Je m'aurai fait tout un tas de scénario possible et inimaginable qui m'empêcherait de fermer l'oeil. Et l'un d'eux étaient qu'une personne tombe sur moi. Et c'était ce qui s'était passé avec Absynthe. N'empêche que j'aurai pu lui faire mal si je n'avais pas essayé de me rattraper un minimum. Une fois l'effet de 'surprise' passé - oui, parce que c'était quand même légèrement surprenant, non ? - je n'avais pas pu m'empêcher de laisser s'échapper un petit 'bouh' de ma bouche. Oui, c'était censée faire peur Enfin non, pas vraiment. On va dire que je n'étais pas la personne la plus qualifiée pour effrayer les gens. Absynthe avait pris un faux air terrifié. « AAAAAAAAAH » J'eus un petit sourire. Elle aurait pu devenir actrice, tellement que c'était convainquant. Et c'était pour ça que j'avais un grand sourire. « Non mais vraiment tu m'as terrifiée là... » Doucement, je m'approchais à nouveau d'Absynthe pour la prendre dans mes bras comme pour la rassurer. « Oh, je ne ferais plus jamais ça, promis, promis, promis. » Je savais que tout ça n'était qu'ironie de la part de la fée, mais je ne pouvais pas m'empêcher de rester dans ce jeu, de continuer à croire que je lui avais vraiment fait peur. J'avais fait alors une de mes têtes les plus mignonne, comme si je voulais qu'elle me pardonne. Je suis sûre que si je n'étais pas Alice, j'aurais pu être le chat potté. Oui, faire les grands yeux et être la plus adorable possible était sûrement un de mes plus grands atouts. Et peut-être aussi le seul. J'avais repris mon air 'sérieux' - oui parce qu'il faudrait déjà que j'en ai déjà un vrai - pour lui annoncer mon plan de la soirée. Un grand sourire s'était dessiné sur mon visage et j'étais presque sûre que je sautillais d'excitation. Et là, c'est mon comportement le plus sérieux. Peut-être qu'en fait, c'était une bonne chose qu'on m'ait interné dans un asile. Je lui avais donc proposé de faire un tour dans les cuisines. A cette heure-ci, il ne devrait pas y avoir grand monde, voir personne même ! Donc, c'était le moment idéal d'y aller faire un petit tour. Et puis comme ça, on allait certainement un vrai repas ! Absynthe s'était levé d'un seul coup me se trouver à côté de moi. « Je suppose que je ne devrais pas après ce que j'ai fait avant-hier mais...c'est d'accord !...en plus tu tombes pile au bon moment je commençais à m'ennuyer. » Je rigolais légèrement. Absynthe qui s'ennuyait, c'était étonnant ! Enfin, j'arrivais donc au bon moment, j'allais pouvoir la divertir un peu. Puis quelque chose avait retenue mon intention. Elle avait fait quelque chose et je n'étais même pas au courant ! « Qu'est-ce que tu as fait avant-hier ? Tu ne m'as rien dit ? Raconte-moi absolument tout, je veux tout savoir ! » Moi, curieuse ? Absolument pas. Bon d'accord un petit peu. Bon d'accord énormément. C'est vrai, lorsque je veux savoir quelque chose je pourrais faire un interrogatoire. « Alors...on lance l'expédition dans les couloirs ou je remonte avec toi ? Non parce qu'il vaut mieux éviter de se faire remarquer tout de même... » Éviter de se faire remarquer. C'était qu'on n'était absolument pas doué pour ça. Même des éléphants qui marcheraient sur des bouteilles en verre - non pas en verre, ça fait mal, donc des oeufs ou quelque chose qui fait du bruit - étaient plus discrets que nous ! « Tu montes avec moi ! On prendra l'ascenseur ensuite et on fera une course pour aller jusqu'à la cuisine ! » Bon peut-être que l'idée de la course n'était pas vraiment géniale, même pas du tout, mais au moins on allait peut-être s'amuser. Bon d'accord on allait aussi certainement se faire repérer. « Bon peut-être pas la course, en fin de compte .... » Je montais sur le lit d'Absynthe pour pouvoir atteindre le conduit. J'avais sauté légèrement pour pouvoir y entrer. Encore heureux que les plafonds des chambres n'étaient pas vraiment hauts, sinon je n'aurais jamais pu l'atteindre. Une fois dans le conduit, j'avais tendu mes bras pour aider Absynthe à monter. Une fois qu'on était toutes les deux à l'intérieur j'avais remis correctement la plaque, comme ça les médecins n'auront pas de doutes sur notre disparition. « Je prendrais bien un petit de potion pour devenir plus petites. Ces conduits sont vraiment étroits. » En même temps, ils n'ont pas été pensé pour que deux jeunes femmes s'y promènent à l'intérieur. Mais c'est vrai qu'il fallait être vraiment souple pour pouvoir s'y glisser.