Pour une fois qu'elle s'accordait de revenir à son apparence originelle en dehors de a forêt, il fallait évidemment que quelqu'un vienne jouer les trouble-fêtes ! Pensez-vous, c'eût été trop simple et pas du tout intéressant si on lui avait fichu la paix, allons ! Ouh qu'elle pouvait regretter son monde, certains jours... Au moins, là-bas la plupart des Humains tremblaient à la simple évocation de son nom. (En même temps, avouez que se retrouver nez à truffe avec une immense louve blanche qui a le caractère d'un véritable sanglier qui se serait levé du sabot gauche n'est pas franchement ce qu'on peut appeler une perspective agréable et rassurante.) A Storybrooke en revanche... Là, ça devenait autre chose.
Pour commencer, aucun ne connaissait son histoire. Hormis Rumplestiltskin, évidemment. Et peut-être que Regina avait ds doutes, mais ça... Othala n'en était pas certaine. Ruby commençait à soupçonner des choses aussi, avec le retour de ses sens de louve. Mais à part ces trois-là... Notre déesse avait particulièrement bien caché la vérité en ce qui concernait sa véritable nature, et ça lui convenait parfaitement. L'ignorance c'est le bonheur, et la connaissance c'est le pouvoir, comme dirait l'autre.

Or donc, il y avait un intrus, là maintenant tout de suite. Ou plutôt... Une intruse. Une intruse qui avait une odeur... Particulière. Une fragrance très sucrée, presque comme si cette personne s'était roulée dans les friandises toute la journée. Qui serait suffisamment idiot pour faire une chose pareille... ?
Levant les yeux au ciel avec un soupir désespéré, Moro ronchonna quelque peu à voix basse, pour elle-même. Et puis... Cette senteur activa quelque chose dans sa mémoire. La jeune fille qui tenait la confiserie. Ce devait être elle.

Et effectivement, il s'agissait bien d'elle. A vrai dire, la Louve n'avait jamais vraiment réussi à déterminer si elle pouvait la considérer comme Humaine ou non. Parce qu'elle sentait un peu comme les Hommes, mais en même temps... Son aura paraissait différente. Une énigme en soi pour elle. Du coup, ne sachant pas si elle devait la haïr cordialement ou simplement l'ignorer comme elle le faisait avec la plupart des citoyens de Storybrooke, Moro se tenait sur ses gardes, méfiante. Prudence est mère de sûreté, c'était l'une de ses devises.

"Je ne suis pas comestible.."

A ces mots, la gueule de la Louve géante s'entrouvrit légèrement et elle fut agitée d'un petit rire qui résonna entre les tombes. Alors là, c'était la meilleure !

« Comme si je pouvais avoir envie de te dévorer, tu n'as que la peau sur les os ! Pourquoi me contraindrai-je à manger un être aussi chétif que toi lorsque je pourrais facilement tailler en pièces une proie bien plus appétissante ? » Puis Moro redevint un peu plus sérieuse, ses fines prunelles chocolat s'étrécissant encore davantage alors qu'elle s'enquerrait : « Que fais-tu à une heure aussi tardive dans un lieu pareil ? »

Certes, elle pourrait lui retourner la question et n'avait pas plus de raison qu'elle de se trouver ici, mais... C'était elle qui avait posé la question la première, voilà tout !

Quelle étrange créature que cette jeune femme... Si proche de l'Humain et pourtant si différente. L'apparence, l'odeur et la façon d'être étaient similaires, et pourtant... Quelque chose clochait, ça elle en était certaine.
C'est qu'elle en avait côtoyé, des Hommes ! Sur les dernières années, ils n'avaient cessé de la harceler, elle et les autres animaux de la montagne. Elle en avait même élevé l'une d'entre eux comme sa propre enfant, c'était dire si elle pouvait se vanter de connaître cette espèce qui pouvait se montrer à la fois si noble et si lâche, si maligne et si idiote, si respectueuse et si impie. De toutes les créatures que Moro avait été amenée à croiser tout au long de son interminable existence, les Humains étaient incontestablement les plus imprévisibles.

Sa nouvelle vie sous l'apparence d'une femme n'avait fait que confirmer cette impression d'instabilité caractérielle. Il était difficile de savoir exactement ce qu'il se passait dans l'esprit d'un Homme, surtout si celui-ci était suffisamment avisé pour savoir mentir à la perfection.
Cependant, l'avantage d'être une bête est qu'on a les sens bien plus développés que chez ces bipèdes. Ainsi elle pouvait percevoir sans trop de difficulté, lorsqu'on lui mentait ou qu'on lui cachait quelque chose. Un atout qu'elle veillait à garder pour elle, bien précieusement.

Pour en revenir à cette jeune femme... En fouillant dans ses souvenirs, la Louve se rappela de son nom. Ou tout du moins de son prénom. Lily-Rose. Son odeur n'était pas seulement associée à la boutique de friandises de la ville, oh non. Othala l'avait déjà flairée dans la boutique de Mr. Gold, lors de ses quelques visites de courtoisie à son aimable propriétaire avec lequel elle avait passé un contrat, son honneur de chef de clan lui intimant de montrer à cet homme (ou peu importe ce qu'il pouvait bien être), que non elle n'avait pas oublié qu'elle avait une dette envers lui, et qu'elle ne comptait pas se défiler lorsqu'elle devrait la rembourser. Quand on est Loup, on respecte ses serments ou on meurt en tentant de les honorer. C'est ainsi.
En quoi cette enfant pouvait-elle être liée à un être tel que Rimplestiltskin ? De plus en plus intriguant...

Moro retroussa légèrement ses babines en la voyant avancer vers elle sans crainte, grondant sur une fréquence si basse qu'on l'entendait à peine mais que l'on pouvait presque sentir ses entrailles trembler. Ce n'était qu'un simple avertissement qui signifiait « Tu peux m'approcher, mais n'espère pas me toucher. Sauf si tu tiens à perdre un bras. »

"Je n'ai pas à te répondre tout comme toi tu n'as pas à le faire également car je doute qu'une louve soit admise dans les cimetières à une heure aussi tardive. Étonnant que Regina n'est pas dans les parages et qu'elle ne t'as pas encore arrêté.."

Les paupières de la Louve se fermèrent, et elle pouffa un peu. Regina. Le maire de Storybrooke n'effrayait pas le moins du monde Moro. Elle lui rappelait un peu cette maudite Eboshi, par certains aspects de sa personnalité, et elle savait donc exactement par quel bout la prendre pour faire d'elle ce qu'elle voudrait. Ou presque.

« Tes mots et ton visage se contredisent, tes belles paroles ne me trompent pas. Tu es plus fourbe que tu ne le laisses paraître. Sache que Regina ne m'inquiète absolument pas. Je me trouve sous son nez depuis le début et jamais -à ma connaissance- elle ne m'a remarquée. Il est étonnant de constater à quel point une femme aussi intelligente peut devenir aveugle à ce point. »

En tout cas, une chose était sûre... La conversation risquait d'être intéressante.

Etrangement, cette petite créature si semblable aux Hommes lui rappelait plutôt... Un animal. Sa façon de réfléchir s'approchait plus de celle d'une bête que de celle du genre humain. De plus en plus étonnant, vraiment... En plusieurs années de malédiction, c'était bien la première fois qu'elle tombait sur quelqu'un de ce genre-là. Enfin, il fallait avouer que depuis la levée de cette dernière, ce n'était plus tout à fait vrai, les personnes comme Ruby et autres animaux d'origine retrouvant peu à peu leurs souvenirs et leur véritable personnalité, mais... Ca c'était autre chose.

A bien y réfléchir, Moro ne voulait pas vraiment la parte de Regina. Si jamais elle devait l'affronter, croyez-moi quand je vous dis qu'elle n'hésitera pas une seule seconde à broyer la tête de cette Sorcière entre ses crocs, mais sinon... Elle n'avait aucune raison de s'en prendre à elle en l'état actuel des choses. Un loup ne tue pas par plaisir. Pour se nourrir, se protéger ou défendre les leurs ou leur territoire, établir une hiérarchie aussi, éventuellement. Mais certainement pas pour le plaisir.
Quoiqu'elle ne pouvait pas nier non plus prendre littéralement son pied quand elle sentait ses mâchoires s'enfoncer dans la chair de son adversaire, le goût et la vue du sang teintant son pelage immaculé d'écarlate la rendant presque euphorique. Mais ça... C'était aussi l'excitation de la chasse, alors pas sûr que ça compte.

Si elle devait faire une liste des habitants de Storybrooke à éliminer, le maire ne sera pas le premier à y passer. Cette damnée Emma allait la rendre folle, un de ces jours. Tellement sûre d'elle, tellement arrogante, tellement... Grrrr ! Bonne à égorger et jeter au fond d'un ravin pour y pourrir ! Et puis il y avait David et sa précieuse Mary-Margaret, plus connus comme Charming et Snow White... Deux niais en puissance qui passaient leur vie à se courir après. Pathétique.

... Mieux valait arrêter d'y penser, ça n'allait que la mettre de mauvais poil davantage. Et là, ce n'était pas absolument nécessaire, disons-le honnêtement.

"Ne crois pas que je te veuilles du mal. Je te l'ai dis, je suis juste venue ici à l'idée de me recueillir. Ma mort n'arrangera pas ta discrétion sur ses lieux car si je venais à disparaître un démon bien plus puissant et plus imposant que toi viendra te hanter jour et nuit durant l'éternité entière.."

Laissant échapper un léger soupir, la Louve géante posa son arrière-train au sol, ne lâchant pas un seul instant Lily du regard. Elle parlait sagement, pour une créature aussi jeune. Enfin, aussi sagement qu'elle le pouvait, bien évidemment.

- Ton odeur se trouve dans la boutique de Rumplestiltskin. Je sais donc que tu es liée à lui d'une manière ou d'autre, et tu viens de me le confirmer. J'ai une dette envers lui, et je ne me risquerais pas à m'attaquer à quoique ce soit qui puisse lui tenir à coeur d'une façon ou d'une autre.

Moro marqua un temps d'arrêt, laissant le silence appuyer ses derniers propos, avant de laisser ses babines s'étirer en un léger sourire lupin.

- Je sens bien que tu espères quelque chose de moi, aussi je propose que nous cessions de tourner autour du pot. Parle ouvertement, je suis lasse des détours incessants qu'utilisent les Humains pour s'exprimer. De toute façon, tu n'as rien à craindre de moi.

Et elle pensait absolument chaque mot. Lily ne risquait rien en la présence de la déesse blanche.