« Alice, réveille-toi. » C'était avec difficulté que j'avais ouvert les yeux. Je ne m'étais pas rendu compte que je m'étais endormie. Il faut dire qu'Elizabeth me lisait un livre plus qu'ennuyeux. Il n'y avait ni d'image, ni de dialogue. A quoi peut servir un livre s'il n'y pas ces deux choses essentielles. « Allez, debout. » J'avais à présent les yeux grands ouvert et pourtant j'avais encore l'impression de dormir. J'avais l'impression que tout ça, n'était pas réel. Je m'étais levée et je regardais tout autour de moi. Perdue. Oui, c'est ça, j'avais l'impression d'être perdue. Peut-être que j'avais dormi un peu trop longtemps. « Où est le lapin ? » Je m'étais tournée vers ma soeur qui me regardait bizarrement. « Ta peluche ? Elle est à tes pieds Alice. » Je m'étais baissé pour l'attraper. Pendant quelques secondes, je la fixais. « Tu sais Alice, un jour, il faudrait que tu arrêtes d'amener partout ... Alice, tu m'écoutes ? » Je ne l'écoutais pas, je fixais encore la peluche. Oui, elle ressemblait au lapin, mais ce n'était pas mon lapin, pas celui que je cherchais en tout cas. « Ce n'est pas le lapin que je cherche. Il court et n'arrête pas de dire qu'il est en retard. J'étais en train de prendre le thé avec lui. Il y avait un loir et un lièvre aussi. On fêtait nos non-anniversaire en buvant du thé. Et aussi ... » Ma sœur s'était mise à rire, stoppant la suite de mon récit. Je me demandais pourquoi cela la faisait rire ainsi. Je ne voyais pas ce qu'il pouvait y avoir de drôle. « Je me demande comment tu peux avoir toutes ces idées. Tu dois être la petite fille de huit ans avec la plus grande imagination de tout Londres ! Non, de toute l'Angleterre ! Peut-être que je devrais arrêter de te faire la lecture. » Elle continuait de rire. Je ne voyais toujours pas ce qu'il y avait de drôle. Enfin si elle pouvait arrêter de me lire ses livres, ça serait gentils. « On rentre à la maison, il se fait tard. Papa et maman doivent sûrement nous attendre. » Je regardais le ciel. Tard ? Il n'y avait pourtant pas d'étoile dans le ciel. Lorsque je regardais devant moi Lizzie était déjà partie. Je m'étais mise à courir pour l'attraper. Elle m'avait dit que c'était mon imagination, pourtant, j'avais l'impression que tout ça était bien réel. Mes genoux me faisait mal, je pensais que c'était à cause de la chute dans ce terrier. Une longue chute. J'avais eu l'impression que c'était un puits sans fond. Il y avait de tout d'ailleurs dans ce puits. Un piano, une lampe, une bibliothèque. J'ai même pu m'asseoir sur une chaise et prendre la thé. Et lorsque je suis arrivée à la fin, je me suis fait mal aux genoux. Et j'avais encore cette douleur. Je me souvenais aussi des odeurs des fleurs, le gout de la nourriture. Si c'était vraiment un rêve, il était bien réel. Tout était merveilleux - si j'oubliais le fait que la Reine voulait me couper la tête - dans ce pays, même si c'est vrai qu'il y avait beaucoup de non-sens.

Ils me regardaient. Je détestais ça. Pourquoi est-ce qu'ils me regardaient comme ça. Je ne suis pas un monstre de foire. « Est-ce qu'elle a dit quelque chose aujourd'hui ? » L'infirmière, je suppose que c'est une infirmière - à côté de lui secouait la tête, comme pour lui dire non et le médecin avait soupiré. Il s'était un peu éloigné. J'entendais mal leur conversation, mais j'avais entendu qu'un autre médecin - sûrement leur supérieur - voulait passer à la vitesse supérieur. Mais ce n'est qu'une enfant !, ça je l'avais très bien entendu. Je ne savais pas ce qu'il préparait, mais j'avais peur. Vraiment très peur. Je serrais fort mon lapin en peluche, lorsque je vis le médecin de nouveau s'approcher vers moi. « Alice, il serait tant que tu parles. Que tu nous dise quelque chose à propos de cette nuit-là. De l'incendie. » Partez ! Allez-vous en ! Laissez-moi tranquille !, c'est ce que j'aurais voulu dire, même crier, mais aucun son ne sortait de ma bouche. En fait, aucune parole ne voulait sortir de ma bouche depuis quelques jours, voir quelques semaines ou bien alors quelque mois. Je ne me souviens plus. J'ai perdu la notion du temps. Je fixais juste le médecin. Il devait attendre une réponse de ma part, mais rien. « Prévenez le médecin en chef de préparer la séance de chocs électriques pour Mademoiselle Liddle pour le début après-midi. » On devait être le matin, puisque le médecin avait dit le début d'après-midi. Je regardais l'infirmière, elle avait acquiescé avant de me regarder. Elle avait l'air désolée, mais de quoi ? Ce n'étaient que des chocs électriques. Qu'est-ce que je pouvais perdre de plus avec ça. J'avais déjà tout perdu. Pendant quelques instants, j'avais fermé les yeux et quand je les avais ouvert, ils étaient partis. J'étais de nouveau seule dans cette chambre d'hôpital. J'étais fatiguée, épuisée. Je voulais dormir, mais je ne pouvais pas. A chaque fois que je m'endormais, j'avais ces images qui revenaient me hanter. L'incendie, les cris. Absolument tout. Dès fois, j'aimerais tout oublié ou alors j'aurais préféré être morte dans ce feu que d'avoir tous ces souvenirs.

Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Oui, c'est ça, cinq. Cela fait cinq ans que je suis dans cet asile. Pour les médecins, je suis encore trop fragile. Pourtant, je me suis remise à parler. D'accord, je fais toujours des cauchemars, mais je parle, c'est déjà ça, non ? Je ne suis pas fragile. Enfin, je crois. Je me promenais dans un des couloirs de l'hôpital. C'est calme. Beaucoup trop calme. Il y a quelque chose qui ne va pas. D'habitude, il restait encore quelques malades dans les chambres et on pouvait les entendre, mais là il n'y avait pas un bruit. « Alice ! » Je m'étais retournée, il n'y avait personne. Il y avait pourtant quelqu'un qui m'avait appelé. Je n'étais pas folle. Il y avait une ombre sur le mur qui se trouvait en face de moi. Une ombre de lapin. Non, pas de lapin. De lièvre. Pourquoi, y-avait-il un lièvre ici. Je me rapprochais doucement de cette ombre. Mais quelque chose me stoppa. Petit à petit, ce n'était plus l'ombre d'un lièvre, mais c'était une ombre humaine. Peut-être que je suis réellement folle en fin de compte.  « Alice ! Quel plaisir de te revoir ! Tu as ... changé ! » J'avais sursauté. Cet inconnu était sorti de nulle part.  « Quel charmant petit endroit ! » Charmant ? Je ne pense pas qu'on avait la même définition du mot charmant. « Mais qui êtes-vous ? » Oui, qui était-il ? Son visage ne me disait rien. Absolument rien.  « Mais voyons Alice, ne te rappelles-tu pas du thé qu'on prenait ensemble ! Ils seront déçus si tu ne te souviens plus d'eux. » Ils ? Eux ? Du thé ? Je ne voyais pas du tout de quoi, il était en train de me parler. Il m'avait pris par la main et m'avais emmené dans un autre petit couloir un peu plus loin. En face d'un miroir. Ce miroir était là depuis combien de temps ? Je ne me souvenais pas de l'avoir vu avant. Je regardais mon reflet quelques instants. Je ne portais plus les vieux vêtements que le personnel de l'asile m'avait donné, mais une robe bleue. J'avais une robe quasiment identique, lorsque j'étais enfant. Je m'en souvenais. Et ce n'était pas l'homme qu'il y avait dans le reflet, mais un lièvre. Pourtant c'était bien un homme qui se trouvait à côté de moi ! Je m'étais mise face à lui - et par conséquent face au miroir. J'étais vraiment en train de devenir folle. « Mais qui êtes-vous ! Que me voulez-vous ? Et comment connaissez-vous mon prénom ! » Si ça se trouve, j'étais en train de parler toute seule. J'avais entendu les médecins dirent que je souffrais d'hallucination. C'était ça, une hallucination. Mais si c'était vraiment un mauvais tour de mon esprit pourquoi lorsqu'il avait posé ses mains sur mes épaules tout cela me semblait réel.  « Tu nous as vraiment oublié, alors ? » Il avait l'air d'être déçu. C'était si important pour lui - pour eux, puisqu'il avait dit 'nous' - que je me souviennes.  « Ce n'est pas si grave, tu vas bientôt te souvenir de toute façon. » « Comment ça je vais .. » Je n'avais pas eu le temps de finir ma phrase. Il m'avait poussé contre le miroir, mais je ne me suis pas cognée contre. Non, je l'ai traversé. Enfin c'est la sensation que j'ai eue avant d'avoir un énorme trou noir.
« Elle se réveille la petite Alice. » Je dormais alors. J'avais raison, j'étais en train d'halluciner. Ce qui était bizarre, c'était que je ne reconnaissais pas la voix. Peut-être une nouvelle personne dans le personnel de l'hôpital. Lorsque j'ouvris les yeux, j'avais l'impression que les rayons du soleil m'attaquaient. Je me serais évanouie dans le parc. J'entendais de l'eau couler aussi, sauf qu'il n'y avait aucun cours d'eau ou fontaine à l'extérieur de l'hôpital. Je m'étais relevé et regardais tout autour de moi. l'endroit me disait quelque chose. Je l'avais déjà vu quelque part. J'y étais déjà venue. « Elle est réveillée ? Parfait. » J'entendais une voix, mais je ne voyais pas qui était en train de parler. J'étais seule. Enfin c'est ce que je pensais, jusqu'à ce que je vois un sourire apparaitre devant moi. Rien qu'un sourire. J'ai déjà vu un chat sans sourire, mais jamais un sourire sans chat. Un chat. Mais oui, le chat ! Je commençais à me souvenir. J'avais déjà fait ce rêve une fois ! Enfin, j'étais plus jeune. « Tu es le chat qui m'a perdu ! C'est à cause de toi que ... je suis allée voir la Reine et qu'elle veut me couper la tête. » Je me souvenais du rêve. Ou alors peut-être était-ce de réels souvenirs. « Tu m'as mené dans une mauvaise direction ! » « C'était la bonne direction. Une des bonnes en tout cas. » Il commençait à disparaître petit à petit, ne laissant que son sourire. « Bienvenue au pays des merveilles. »

 « Le château de la Reine Blanche est tout droit ! »  « Tu es sûr de toi ? »  « Oui, Ches' me l'a dit. » « On est perdu ! » Je soupirais. Je n'arrivais toujours à croire que le lièvre de Mars suivait toujours les indications que ce satané chat donne ! Cela faisait quelques jours qu'on marchait en direction du château de cette fameuse Reine Blanche. Enfin en direction, je ne suis pas sûr que ça soit la bonne formulation, mais en tout cas ça faisait quelques jours qu'on marchait. « Mais on est dans la bonne direction ! Je vois son domaine. » J'essayais de regarder au loin, mais je ne voyais absolument rien du tout. « Il n'y a que des arbres devant ! » « Alice n'a qu'à manger le gâteau et elle nous confirmera qu'on est bientôt arrivé. » Je m'arrêtais de marcher pendant quelques instants. « Pour que les gardes de la Reine puissent facilement me trouver et ainsi avoir la tête couper. Hors de question. » Je m'étais assise sur le tronc d'un arbre. J'en avais marre de marcher ou de courir. En plus j'avais l'impression qu'on était en train de tourner en rond. « Il ne faut pas qu'on s'arrête, on va être en retard ! En retard. On est retard. » Je me levais de mon tronc d'arbre avant de reprendre tranquillement notre marche. Enfin tranquillement, c'est peu dire puisque peu de temps après on s'est mis à courir pour semer les gardes de la Reine rouge. Et ce n'est qu'au bout d'une dizaine de minutes qu'on avait réussi, mais en contrepartie on s'était encore plus perdu.  « Et si on faisait demi-tour, peut-être qu'on arriverait plus rapidement au château. » Le lièvre m'avait regardé la bouche grande ouverte, comme s'il allait dire quelque chose. Le loir me regardait avec de grands yeux et le lapin blanc ne cessait de dire qu'on était en retard et qu'il fallait qu'on se dépêche. De toute façon, on était plus que perdu, alors faire demi-tour n'allait pas aggraver la situation.
On était presque arrivé. Après des heures et des heures de marches, on arrivait enfin au domaine de la Reine Blanche. « Pourquoi on doit aller voir la Reine Blanche ? » C'était sans doute une question idiote, mais on ne m'avait toujours pas dit pourquoi on devait aller la voir. « Parce qu'elle veut te voir. » Peut-être qu'elle aussi veut me couper la tête. Ou alors un bras. Peut-être une jambe aussi. « Voilà, le château ! » On était enfin arrivé. Mes jambes allaient pouvoir enfin se reposer, même si elles finissent détacher de mon corps. On était entré dans le château. L'endroit semblait désert et remplie de monde à la fois. J'avais l'impression que chacun des meubles étaient vivants et qu'ils me fixaient. On nous avait fait attendre juste devant la porte de la salle du trône. Et ce n'est qu'au bout de quelques minutes qu'on m'appela. Seulement moi. J'avançais doucement dans la salle du trône. Tout était blanc. Il n'y avait quasiment aucun objet de décoration et la première chose qu'on pouvait remarquer était le trône. Il y avait une personne. La Reine Blanche. Elle avait de longs cheveux blond. Des longs cheveux qui me rappelaient quelque chose. Et c'est lorsqu'elle s'était retournée que je comprenais pourquoi. « Lizzie ! » Elle s'approcha doucement de moi avant de me prendre dans ses bras. « Alice, tu m'as tellement manqué. » La reine Blanche était ma soeur ? Non, c'était impossible ! Lorsque je lui avais parlé des pays des merveilles elle ne m'avait pas cru ! Et puis elle est censée être morte ! Dans l'incendie !  « Tu .. Mais .. Non .. C'est impossible. Je savais bien que je rêvais ! Tu ne peux pas être là. » Elle m'avait simplement sourit. C'était un rêve.« C'est bien moi. C'est long à expliquer. Tu dois partir d'ici au plus. Je sais qu'on t'a emmené ici, mais tu dois vite repartir. » Effectivement si mon but de ma visite était de partir, ça ne servait un peu à rien. Elle m'emmena devant un miroir. Je n'aimais pas ça du tout. « Tu ne retourneras pas à Londres non plus. Tu iras dans un autre endroit où tu seras en sécurité. Où on sera en sécurité. Je te rejoins là-bas, le plus vite possible.» Elle m'avait prise dans ses bras. Si c'était un rêve, tout semblait bien réelle. Je voulais lui demander pourquoi, mais je n'avais pas eu le temps. Elle m'avait déjà poussé à travers le miroir.

Le bar était calme. Un peu trop calme d'ailleurs. C'est aujourd'hui que ça doit arriver. La malédiction que la méchante Reine a lancé. En tout cas, c'est ce que les quelques personnes du bar disaient. Une malédiction. C'était impossible. Je ne voulais pas y croire. Lizzie doit bientôt arriver. Elle avait envoyé Ches', le lièvre et le lapin blanc pour me le dire. Et un mauvais sortilège allait s'abattre sur nous. A croire que le destin voulait vraiment qu'on ne se retrouve pas. J'étais assise à une table dans le bar, à regarder l'extérieur. Il n'y avait personne dans la rue. Cela faisait quelque temps, mois ou années je ne me souviens plus, que je travaillais ici. On ne m'avait pas posé de questions sur mon passé, lorsque j'ai demandé à travailler ici. Et tant mieux. J'étais complètement perdue dans mes pensées, enfin pas très longtemps. Plusieurs personnes étaient dans la rue, en train de courir et de crier. J'étais sortie pour voir ce qui se passait. Et j'ai compris. La malédiction. Ce n'était pas seulement pour Blanche et son prince, elle était réellement pour nous tous.

« C'est l'heure du thé, Lizzie ! » J'étais revenue en courant dans le jardin. Notre maison était un peu à l'extérieur de la ville et proche de la forêt. Et m'appeler pour le thé était le seul moyen de me faire revenir à la maison.  « Oh mon dieu, qu'est-ce qui t'es arrivée ! » Je lui avais fait un grand sourire. J'étais couverte de terre de la tête aux pieds. J'avais même quelques égratignures sur les genoux. Vu l'expression de ma mère, j'étais à deux doigts de penser qu'elle était prête à tomber dans les pommes en me voyant. « Rien, je suivais un lapin jusqu'à son terrier. » J'avais toujours un grand sourire. Je ne voyais pas ce qu'il y avait de si grave à ce que je sois recouverte de terre. Ça pouvait se laver après tout, ce n'était pas comme si c'était irrécupérable. « Enlève tes chaussures avant de rentrer dans la maison ! » C'était trop tard, je courais en direction de la maison et je n'avais pas enlevé mes chaussures. Ma mère avait certainement dit quelques choses, mais je ne l'ai pas entendu. Et puis après tout, ce n'est pas si grave si je gardais mes chaussures. J'étais passée par la salle de bain pour pouvoir me laver un peu. Je m'en fichais d'être recouverte de terre, mais pas pour le thé. Le thé, c'est quelque chose de sacré. Après m'être débarrasser de la saleté qu'il pouvait y avoir sur mon visage et mes mains, j'étais redescendue dans le salon. Une table ronde avec des peluches m'attendais. Je m'étais installée tranquillement en attendant que ma mère arrive avec le thé. Et comme à mon habitude, je dessinais. C'était l'une de mes passions.Ce que je faisais n'était sans doute pas une oeuvre d'art, mais j'adorais faire ça. Mes parents en avaient un peu marre d'ailleurs, puisqu'il y avait des tas de feuilles et de crayons qui traînaient un peu partout dans la maison. « Et voilà le thé pour la demoiselle. » Elle avait déposé la théière sur la table, j'avais poussé mes dessins sur le côté. Après m'avoir servi une tasse, ma mère avait déposé quelques cachets à côté. Je les fixais durant quelques secondes avait un air dégoûté. « Pourquoi je suis obligée de les prendre ? Je ne suis pas malade. Et en plus ils ne sont pas bons ... » Je roulais les yeux au ciel. D'aussi loin que je pouvais me souvenir, il fallait absolument que je prennes ces médicaments. « C'est pour ton bien, ma chérie. » Elle m'avait embrassé sur le front. Pour mon bien ? Mais je n'étais pas malade pourtant, alors comment ça pouvait être pour mon bien. Après quelques secondes d'effort et de concentration intense, j'avais avalé les comprimés. Ma mère avait regardé mes dessins entre temps et lorsque je l'avais observé durant quelques temps, on aurait dit qu'elle était préoccupée par quelque chose. Je me demandais pourquoi d'ailleurs, ce n'était qu'un dessin après tout.

« Au feu ! A l'aide ! Au feu ! » J'étais sortie de la maison qui était en train d'être dévorée par les flammes. Je me suis enfuie par la fenêtre puisque je ne pouvais pas descendre à cause du feu. L'incendie devait avoir commencé il y a un bout de temps puisqu'il y avait quelques personnes qui regardaient ce 'spectacle' et je pouvais entendre les pompiers arriver. « Mes parents sont à l'intérieur ! Il faut les aider ! » Je m'étais dirigée vers une femme en lui suppliant de venir en aide à mes parents. Elle ne pouvait rien faire, je le savais, mais peut-être qu'avec un miracle, elle irait les aider. Mais rien, elle n'a rien fait. Elle m'a juste conduit où il y avait l'ambulance. Durant tout le temps où les médecins s'occupaient de moi, je regardais ma maison qui partait en fumée. C'était un cauchemar, il n'y avait pas d'autres explications possibles. Un horrible cauchemar. Quand j'allais me réveiller, j'allais être dans mon lit, dans ma chambre, mes parents seraient dans la cuisine en train de faire le petit déjeuner. Il n'y aurait pas eu d'incendie. Non, c'était un cauchemar, rien de plus. Les médecins étaient en train de m’ausculter, essayer de soigner les quelques blessures que j'avais. J'ai vaguement entendu parler de brûlures légères sur les bras et de quelques points de sutures. Je ne ressentais même plus la douleur - dès fois, ça me piquait un peu, mais ce n'était pas vraiment de la douleur - j'étais plus concentrée sur l'incendie. Les pompiers étaient en train d'éteindre le feu - ou essayer d'éteindre du moins. J'ai eu un moment d'espoir lorsque des pompiers sont sortis avec des personnes de la maison. Peut-être que je n'avais pas tout perdu, mes parents étaient sans doute vivants ! Je crois que cette lueur d'espoirs pouvaient se voir sur mon visage durant au moins une seconde Puis aussi on pouvait l'instant d'après la déception et la tristesse sur mon visage. Les pompiers recouvraient les deux corps. Je me souviens d'avoir crié, puis plus rien. Tout est devenue noir. J'avais l'impression de m'endormir petit à petit. Lorsque je me suis réveillée, j'étais dans une chambre d'hôpital. J'étais attachée. Pourquoi j'étais attachée. Il y avait des personnes dans la chambre avec moi. Des infirmières, je suppose. Elles étaient en train de discuter, mais j'étais encore endormie, alors je ne comprenais que la moitié de leur conversation. Ils parlaient de l'incendie, de crise de folie, de mes médicaments et de pyromanie et que c'était de ma faute. Non, c'était pas moi je dormais ! Et je ne suis pas folle ! C'était un véritable cauchemar ! Faites que je me réveille au plus vite !

Une journée ordinaire. J'avais l'impression de vivre encore et encore la même journée. En même temps, à rester enfermer dans un hôpital psychiatrique, c'est normal que je trouve que les journées se ressemblent. Cela faisait déjà une dizaine d'année que j'étais ici. Qu'on me forçait à rester ici. J'aurais pu aller dans un orphelinat, mais les médecins ne voulaient pas. J'étais bien trop fragile pour eux. Enfin je pense qu'ils avaient surtout peur que je puisse m'attaquer aux autres enfants. C'était ridicule. Je ne leurs aurais rien fait. J'étais saine d'esprit. Oui était, parce qu'en grandissant dans un hôpital psychiatrique je ne suis pas sûre que je sois autant saine d'esprit. Je disais donc que c'était une journée ordinaire. Je me réveillais, prenais mes médicaments - qui sont soit disant pour contrôler mes crises de folie, schizophrénie d'après les médecins - et allait dans la salle avec les autres patients. Et comme d'habitude soit je dessinais - dessin que les infirmiers me prenaient le plus souvent pour je ne sais quelle raison d'ailleurs - ou je jouais aux échecs. D'ailleurs je perdais souvent à ce jeu, je me faisais tout le temps avoir à cause de la reine de l'adversaire. Je ne comprends pas pourquoi je continue d'y jouer d'ailleurs. Le midi, je mangeais dans la cafétéria de l'hôpital - où la nourriture n'était pas trop mauvaise, enfin je dis ça sans doute parce que je m'y suis habituée - et l'après-midi je sortais de me promener. Normalement, je n'avais pas le droit de sortir, sauf peut-être dans le parc, mais j'avais besoin de voir autre chose que les murs de ce bâtiment, donc pendant quelques heures je me promenais, le plus souvent dans la forêt, et une ou deux heures après je revenais. Et départ je pensais que les médecins ne s'apercevaient de rien. J'avais tort, mais il ne me disait rien, alors je continuais quand même mes petites escapades. Et tout les jours, c'était comme ça. Peut-être qu'en fait, je suis réellement folle, parce que j'ai vraiment l'impression que tout les jours je fais la même chose. Les mêmes gestes, les mêmes paroles. Oui, c'est ça, je suis folle en fait.

Il y a quelque chose de différent aujourd'hui. Je n'ai plus cette impression que je faisais exactement la même chose. Comme si on m'avait autorisé à faire quelque chose d'autre aujourd'hui. Cette fois-ci au lieu d'aller dans la forêt, j'avais décidé d'un peu voir la ville, peut-être que ça avait changé. Après tout, la dernière fois que j'y suis allée, je devais avoir huit ans. Rien avait changé, tout était comme dans mes souvenirs. Les boutiques étaient à la même place avec les mêmes personnes. En y réfléchissant bien, ce n'était pas étonnant. Storybrooke était une petite ville, alors cela devait être normal qu'il y ait aussi peu de changement. Je m'étais dirigée vers un musée. Enfin, je crois que c'était un musée. D'ailleurs, comment ça se fait qu'il y ait un musée ici. C'était un petit bâtiment. Enfin, petit, il était quand même assez grand pour qu'on puisse se perdre. D'ailleurs, c'est ce que j'ai fait. Je me suis perdue. En même, cet endroit était un véritable labyrinthe. J'avais l'impression de tourner en rond. Si, je continuais de me perdre, j'allais certainement passer ma nuit ici et non à l'hôpital. Enfin, c'est ce que je pensais, jusqu'à ce que je croise quelqu'un. Peut-être quelqu'un qui travaillait ici. « Excusez-moi ! Vous pouvez m'aider ? Je crois que je me suis légèrement perdue. » Juste légèrement, j'avais l'impression d'être passée au moins dix fois au même endroit. Il m'avait fait un grand sourire et avait accepté de m'aider. Je pensais être sauvée. Oui, pensait, parce qu'au final on était aussi perdu. « On est venu par où ? De la gauche ou peut-être de la droite. » On était même plus que perdu. Et il était censé être guide. Ne devrait-il pas connaître le musée pour ne pas se perdre ? Désespérée. Oui, j'étais complètement désespérée. Si, les médecins s'aperçoivent que je suis partie un peu trop longtemps, je ne donnais pas cher de ma peau. Au bout de quelques minutes, on passait devant une fenêtre. J'ai eu une soudaine illumination. Peut-être qu'il y avait une échelle de secours et que je pourrais sortir du bâtiment comme ça. Je m'étais avancée pour ouvrir la fenêtre que le guide s'était arrêté et me fixais. « Mais qu'est-ce que tu fais ? C'est dangereux. » Je passais ma tête par la fenêtre. L'escalier n'était pas loin, je ne risquais donc rien. Je me retournais vers le guide en lui faisait un grand sourire. « Je sors d'ici par l'échelle de secours. Au moins, je ne risque pas de me perdre plus. En tout cas merci pour ... la visite... » Je voulais le remercier par son prénom, mais je ne le connaissais pas, puis j'ai remarqué qu'il portait un badge. Durant un ou deux secondes, je le regardais pour pouvoir ce qu'il y avait indiqué. « Oliver. J'espère qu'on se recroisera un jour. » En fait, non je n'espérais pas le recroiser, surtout si c'était pour nous perdre.


« C'est bon, je peux enlever le bracelet .. » « Pas de bracelet, pas de chambre d'hôpital. Pas de chambre d'hôpital, pas de logement. » Je soupirais. Même si la malédiction est levée, elle me pourrie encore la vie. Bon, c'est vrai que si je ne peux plus aller à l'hôpital je me retrouve un peu sans-abri, ce qui était légèrement problématique. J'aurais pu aussi trouver un travail pour pouvoir m'acheter un logement. Enfin trouver un logement dans une ville qui a été créée pour une malédiction, donc un nombre bien défini de personne, ça risque d'être légèrement difficile. Surtout que je n'avais vu aucun panneau à vendre ou à louer pour une maison ou un appartement. J'étais donc obligée de rester à l'hôpital pour y vivre. En sortant de l'hôpital, je n'arrêtais de me gratter le poignet. Ce satané bracelet me gênait, au pire, une fois de retour à l'hôpital, je le casserais par accident et il m'en donneront un autre. Je regardais le nom qui était inscrit dessus. Dinah, Lizzie. C'était qu'en plus la malédiction avait le sens de l'humour. On m'avait donné le nom de mon ancien chat et le surnom de ma soeur. Je vagabondais dans les rues de la ville. Quelques touristes se promenaient aussi. Oui, ils étaient en train de se promener puisque c'était Oliver qui faisait une visite de la ville. Autant dire qu'ils étaient déjà perdus. Ils m'avaient fait un grand sourire, auquel j'ai répondu par ... Rien du tout. En fait je continuais mon chemin jusqu'à chez Granny. Une fois arrivée là-bas, je m'étais assis à une table où il y avait Arès, alias le lièvre de Mars - là aussi la malédiction avait fait sa comique, donné le nom du dieu de la Guerre dans le monde grecque qui est représentée par Mars chez les Romains - alias le médecin qui camouflait mes petites escapades de l'hôpital. « « Déjà l'heure du thé ? » « C'est toujours l'heure du thé. » Je lui avais sourit. C'est tout le temps l'heure du thé, on ne perd pas les vieilles habitudes.