L’histoire que je m’apprête à vous raconter n’est pas digne des plus grands contes de fée. C’est le cruel récit d’une petite fille au grand cœur qui n’est aujourd’hui plus ; une petite fille comme toutes les autres qui rêvait et croyait volontiers au prince charmant sur son cheval blanc. Il n’y a pas de fin heureuse pour elle, parce qu’elle ne le mérite pas, disent certains, pas après toutes les atrocités qu’elle a commises. C’est un monstre cupide qui ne laisse derrière lui que désolation et amertume, un monstre qui n’aspire qu’à se venger d’un être bon et innocent. Laissez-moi vous parler de ce monstre. Laissez-moi vous raconter son histoire, car toute histoire est bonne à entendre. Laissez-moi vous montrer l’envers du décor. Laissez-moi vous prouver que le prince ou la princesse n’est pas toujours le seul personnage digne d’intérêt dans un conte de fées.

Il était une fois, une jeune adolescente qui vivait dans un grand manoir avec ses parents et quelques serviteurs. Elle répondait au nom de Regina et essayait sans cesse de plaire à sa mère, qui était une femme dure et stricte. Son père, quant à lui, était un homme aimant qui, malgré toute sa bonne volonté, était incapable de se dresser devant la déception et le courroux de sa femme envers leur fille unique. La petite famille vivait dans un monde que l’on appelait la Forêt Enchantée, un lieu magique où l’amour véritable était source de bonheur. Tous recherchaient cette puissante magie, tous y croyaient.

La jeune Regina passait ses journées à apprendre l’art subtil de la féminité en compagnie de Cora, sa mère et à s’instruire dans les livres à sa disposition, car le manoir possédait une grande bibliothèque. Sa vie n’était guère palpitante et elle n’avait pas d’amis avec qui s’amuser. Puis, un jour, son père eut l’idée de lui apprendre à monter à cheval. Dans ce monde, les chevaux étaient la façon la plus populaire de se déplacer et il coulait de source que l’adolescente monterait un jour sa propre monture. Elle se montra particulièrement douée dans cette activité, à la grande joie de son père. Sur le dos de son cheval, baptisé Rocinante, elle se sentait enfin libre. Libre ! Sans restrictions, sans réprimandes. Et elle savait que cela, rien ne pourrait le lui enlever. La jeune brunette était resplendissante de joie lorsqu’elle se dirigeait, le cœur léger, vers les écuries familiales chaque matin. Tel est ce que lui dit un jour Daniel, le garçon d’écuries qui avait été engagé par Cora quelques mois plus tôt. C’était la première fois que Regina recevait un tel compliment d’une personne autre que son père, elle qui était habituée aux critiques acerbes de sa mère. Entre les deux jeunes gens, une idylle naquit, tout naturellement. Ils se retrouvaient chaque matin et vivait une romance impossible et secrète. Regina faisait d’énormes progrès et n’hésita pas un jour à monter à cheval sans selle. Ce n’était pas pour plaire à Cora, qui désapprouvait ouvertement cette éducation, digne d’un garçon. Elle punissait ainsi souvent Regina avec sa magie, la torturant jusqu’à ce qu’elle promette de bien se conduire, c’est-à-dire comme toute jeune femme de son âge le devrait. Regina méprisait ainsi la magie, elle la détestait et se répétait sans cesse qu’elle ne deviendrait jamais, au grand jamais, comme sa mère.

Le temps passa et un jour, un jour maudit, tout bascula ; Regina fit la connaissance d’une enfant nommée Blanche-Neige. La petite avait complètement perdu le contrôle de son cheval, qui galopait à vive allure dans la prairie, là où Regina et Daniel appréciaient un rare moment de répit. Regina intervint alors et sauva l’enfant d’une mort certaine. De cette rencontre mouvementée découla une belle amitié et Regina se sentait fière d’avoir pu se rendre utile. Ainsi, peut-être, sa mère cesserait de la voir comme un déshonneur en n’étant pas la fille parfaite. En un sens, c’est ce qui se passa ; Cora était effectivement contente de ce que sa fille avait accompli, mais pour une toute autre raison. Voyez-vous, cette petite Blanche-Neige était la fille unique du Roi Leopold, qui avait perdu sa femme dans de tragiques circonstances quelques années plus tôt, et il était de notoriété publique que Sa Majesté recherchait activement une nouvelle femme avec qui partager sa vie. Cora voyait cela comme une opportunité à saisir et lorsque le roi se présenta au manoir afin de demander la main de Regina, la femme qui ne jurait que par le pouvoir en fut plus que ravie. Regina, horrifiée, courut ce soir-là aux écuries annoncer la mauvaise nouvelle à son bel amoureux. Désespérée et ne sachant que faire d’autre, elle lui proposa de se marier avec lui et de s’enfuir, tous les deux, le plus loin possible. C’était la seule solution pour se sortir de cet enfer terrestre. Malheureusement, Blanche-Neige les surprit en train de s’embrasser et Regina dut la rattraper à la course et lui faire comprendre que, malgré tout le respect qu’elle éprouvait envers le Roi Leopold, elle ne l’aimait pas. Elle aimait Daniel et lui seul pouvait la rendre véritablement heureuse. Blanche comprit, émerveillée, et Regina lui fit promettre avec anxiété de garder pour elle ce secret. Leur secret.

La nuit où Regina et Daniel pensaient fuir pour de bon, Cora apparut à leur grande surprise et, après avoir joué la comédie comme quoi elle acceptait la décision de sa fille, elle arracha sans pitié le cœur du jeune homme et le serra de toutes ses forces jusqu’à ce qu’il ne soit plus, provoquant ainsi la mort de Daniel, sous les yeux épouvantés de Regina. La brunette marierait le roi, ce n’était plus qu’une question de temps et ce garçon d’écuries ne serait bientôt plus qu’un souvenir ; ainsi raisonna Cora. Les romances de jouvenceaux ne durent jamais bien longtemps, de toute façon… n’est-ce pas ?

Les jours suivants furent difficiles et éprouvants. Entre la préparation pour le mariage et le vide qu’avait causé la perte de Daniel, Regina ne dormait plus et ressentait une vive colère à l’égard de Cora. Mais elle était sa mère et sa magie la rendait puissante, deux raisons pour lesquelles Regina ne pouvait décemment s’attaquer à elle. Elle détourna ainsi sa colère et sa rancune vers un être qu’il serait plus facile à blesser, plus facile à blâmer car, en plus,  aucun lien de sang ne les liait. Sa haine fut à partir de ce moment dirigée vers Blanche-Neige, si « pure » et si « innocente », sauf aux yeux de la brunette, qui considérait qu’en trahissant sa confiance et en révélant tout à Cora, la petite n’était pas toute blanche dans cette histoire, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots. Cela dit, Cora représentait encore une menace et il devient une priorité de s’en débarrasser. Un certain Rumplestiltskin l’aida en lui suggérant de pousser Cora à travers un grand miroir, qui se trouvait être un portail entre deux mondes. Il lui proposa de se servir pour la première fois de la magie et, avec une certaine réluctance, la jeune femme accepta. Ainsi, Cora se retrouva bloquée à Wonderland et Regina sentit un poids disparaître de ses épaules. Elle réalisa aussi qu’elle avait aimé utiliser la magie et même si cette constatation l’effraya, elle se laissa entrainer par Rumple afin qu’il lui apprenne à se servir de sa magie convenablement.

Regina se maria comme prévu avec le Roi Leopold quelques jours plus tard et devint Reine de la Forêt Enchantée. La nuit de noces fut douloureuse et s’occuper de Blanche-Neige en prétendant être sa nouvelle mère ne fut pas de tout repos. Regina poursuivit entre-temps son entraînement avec Rumple, dans les bois, mais ne sut assassiner la licorne, cobaye de la leçon du jour, en lui volant son cœur et en le serrant dans sa main. Cela lui rappelait beaucoup trop la mort de Daniel. Daniel… Si seulement il était possible de ramener les morts, n’est-ce pas ? Tout serait tellement plus simple… C’était la seule raison qui la poussa à accepter à devenir l’apprentie de la « bête », d’ailleurs. Lorsqu’un certain Jefferson lui parla d’un magicien/docteur capable de ramener Daniel à la vie, Regina accepta de le rencontrer. Elle lui donna l’un des cœurs que sa mère avait en sa possession dans son caveau afin de réaliser l’expérience. Malheureusement, ce fut un échec total et Regina comprit qu’il n’y avait aucun moyen de retrouver son véritable amour. Il n’était plus et tout cela était la faute de cette Blanche-Neige. Regina revint donc vers Rumplestiltskin, puisque c’est tout ce qui lui restait, et tua sa nouvelle apprentie, prouvant qu’elle était prête à continuer son apprentissage de la magie noire. C’est là qu’elle embrassa pour la première fois son identité royale. Elle avait obtenu un pouvoir certain et pour une fois, elle contrôlait sa vie comme elle l’entendait.

Les années passèrent, assez paisiblement. Regina s’occupait de Blanche et passait beaucoup de temps en sa compagnie tandis que Leopold gouvernait le royaume. La brunette n’avait parlé à personne de sa haine de Blanche et faisait semblant de l’aimer, attendant l’heure propice pour se venger. Un jour, le roi revint au château avec un Génie, un homme qui pouvait exaucer trois vœux de votre choix. Le roi s’était pris s’amitié avec lui et lui proposa de passer quelques semaines avec lui. Regina, voyant la présence du Génie au château comme une chance de retrouver sa liberté conjugale, manipula l’homme avec ses sentiments afin qu’il assassine le roi dans son sommeil. Lorsque ce fut fait, le Génie comprit que Regina s’était joué de lui et exauça le vœu de ne plus jamais la quitter, s’enfermant ainsi dans un miroir. Une fois le souverain décédé, Regina annonça au peuple que Blanche-Neige, à présent une jeune femme, était la responsable derrière tout cela et mit sa tête à prix. Blanche s’enfuit donc dans les bois pour sauver sa vie.

La reine, maintenant à la tête du royaume, engagea le Chasseur, un homme solitaire et soi-disant sans pitié, afin de traquer la cause de ses tourments et de lui rapporter son cœur. Mais le Chasseur, par bonté sans doute, lui donna un cœur de cerf et une lettre écrite de la part de Blanche, disant qu’elle comprenait et qu’elle accueillait sa mort comme un sacrifice. Écœurée par tant d’héroïsme et folle de rage de s’être fait bêtement duper, Regina arracha le cœur du Chasseur et menaça de le tuer s’il n’obéissait pas à ses ordres. Elle le contrôlait désormais et il devint son esclave personnel, en quelque sorte. Cependant, Blanche-Neige courait toujours et Regina ne savait plus où est-ce qu’elle se trouvait. Alors elle décida de se faire passer pour une banale paysanne, avec l’aide de son mentor Rumplestiltskin, afin de récolter des informations sur la fugitive. Le plan échoua lorsqu’elle vit ses sujets se moquer publiquement d’elle dans la rue, ne sachant évidemment pas qu’elle se trouvait là. Elle s’avança et leur dévoila qu’elle n’était pas une simple paysanne, mais leur reine et quand elle tenta de reprendre son apparence d’origine, cela ne fonctionna pas car sous cette forme, elle ne possédait pas sa magie. Alors qu’on s’apprêtait à l’exécuter pour profanation d’idioties, Blanche-Neige en personne accourut et sauva Regina. Elle l’emmena dans les bois, là où elle s’était cachée tout ce temps, et pansa ses blessures. Regina la fit parler de son enfance et d’elle-même et réalisa que Blanche était prête à lui pardonner complètement, jusqu’à ce qu’elle comprenne que la paysanne qu’elle avait soignée n’était nulle autre que Regina. Blanche la menaça de son arc, mais lorsque Regina s’aperçut que l’autre femme n’allait finalement pas l’abattre, prit la fuite et retrouva Rumplestiltkin, qui lui fit reprendre sa véritable apparence. Les choses ne s’étaient pas déroulées de la façon qu’elle pensait, c’était le moins qu’on puisse dire.

Quelques semaines plus tard, Regina retrouva Jefferson, qui vivait dans une vieille cabane avec sa fillette. En le manipulant sur ses sentiments envers sa Grace, Jefferson accepta de la conduire à Wonderland. Regina retrouva ainsi son père et laissa en plan le Chapelier dans ce monde de fous puisque seules deux personnes pouvaient rentrer. Regina se sentait plus ou moins désolée pour la fillette, dont elle avait d’ailleurs promis de prendre soin, mais ce n’était qu’une juste vengeance contre l’homme qui l’avait dupé voilà des années en lui faisant croire qu’il était possible de ramener Daniel à la vie. Puis, Regina envoya un certain Crochet assassiner la Reine de Cœur, sa mère, à Wonderland. Elle aimait beaucoup sa mère, malgré tout ce qu’elle lui avait fait, et se rendit à sa tombe lui porter un bouquet de fleurs, sans se douter qu’elle était en fait toujours en vie.

Entre-temps, Regina devenait de plus en plus connue, dans la Forêt Enchantée, comme étant la Méchante Reine, merci à Blanche-Neige pour le surnom, enfantin mais sans doute approprié. C’est vrai qu’elle avait commis bon nombre d’actes qui l’avaient rendue cruelle, elle ne le niait pas. Toutefois, elle n’avait pas la moindre intention de s’excuser ou de changer, ce qui la mena à empoisonner Blanche-Neige avec une pomme rouge comme sang. Elle lui avoua à ce moment-là que Daniel ne s’était pas enfui comme elle l’avait dit, mais qu’il avait été assassiné par Cora. Blanche-Neige, afin de sauver son précieux Charmant, prisonnier de la reine, croqua dans le fruit et tomba endormie aux pieds de la reine. Malheureusement, Charmant alla trouver la jeune femme endormie et déposa sur ses lèvres un baiser d’adieu, qui brisa l’enchantement. Le couple décida de reprendre le royaume qui leur revenait de droit puisque Regina s’était révélée être une souveraine tyrannique. Ainsi commença la guerre.

Regina perdit la bataille. Elle se fit capturer par le couple royal et fut condamnée à mort pour tous les crimes qu’elle avait commis. Lorsqu’elle fut attachée au pilori, elle préféra ne montrer aucune faiblesse et parla avec rage de son aversion pour la petite fille qu’elle avait sauvée des années plus tôt. À sa grande surprise, Blanche-Neige la sauva et lui proposa la liberté en échange d’une réhabilitation complète. C’était mal connaître Regina, qui tenta de lui trancher la gorge – en vain, car ce traître de Rumplestiltskin avait fourni une protection au couple Charmant et Blanche ; Regina ne pouvait plus les attaquer dans ce royaume. Elle se fit bannir et, escortée par les soldats du couple, retourna à son château, où elle vivait avec son père. Le jour du mariage de Charmant et Blanche, Rumplestiltskin lui fit une petite visite surprise. Il sous-entendit que la reine pourrait faire souffrir ses ennemis en les emmenant dans un autre monde… ce qui redonna espoir à Regina, qui interrompit brusquement la cérémonie. Elle les avertit qu’elle avait l’intention de leur enlever tout ce qu’ils aimaient et de détruire à jamais leur bonheur. Pour cela, elle utiliserait la malédiction créée par Rumplestiltskin, qui nécessitait le sacrifice de la chose à laquelle elle tenait le plus. Daniel n’étant plus, elle choisit Rocinante, son cheval qu’elle avait appris à monter en compagnie de son amoureux, mais ce ne fut pas suffisant. Elle comprit alors qu’elle devait tuer son père, la seule personne qu’elle aimait véritablement en ce monde, afin que la malédiction puisse être lancée.

Dès que la fumée mauve s’éleva dans les airs, Regina se dirigea à vive allure vers le château de ses ennemis. Par un curieux hasard, le jour de la malédiction coïncidait avec le jour de naissance de la fille du couple royal, le « Sauveur » selon certains dires. Lorsque Regina parvint à trouver Blanche-Neige, couchée sur son Charmant apparemment dans le coma ou décédé – elle n’en avait cure – elle apprit que l’enfant s’était évaporé et qu’il était trop tard pour l’éliminer. À ce moment-là, la fumée mauve fracassa le château et emporta tout ce beau monde dans un « lieu horrible ». C’était le début de la fin heureuse de Regina. Pensait-elle.

Lorsque Regina se réveilla, elle se trouvait dans un grand lit inconnu. Elle réalisa bien vite qu’elle n’était plus dans la Forêt Enchantée, mais dans un monde complètement différent où la magie et les véritables amours n’existaient pas. C’est dans ce monde qu’elle avait bon espoir d’être enfin heureuse, cherchez la logique. Elle remarqua, en plus de son nouvel environnement, que son look avait également changé : ses cheveux étaient courts et elle ne portait plus de grosses robes et de corsets serrés ; c’était une bonne chose. Les premiers jours de la Méchante Reine à Storybrooke, un nom fort bien choisi par ailleurs, furent excitants et intéressants. C’était comme si la théorie des vies antérieures était réelle et qu’elle avait gardé le souvenir de sa précédente vie ; elle reconnaissait des visages lorsqu’elle marchait dans la rue et, ce qui était le plus satisfaisant, c’était que tous ces gens qui en réalité la détestaient plus que tout, ne se souvenaient même pas de la Méchante Reine qu’elle avait été ! Personne, sauf elle et possiblement Rumplestiltskin, ne se rappelait son ancienne vie et tous étaient condamnés à rester bloqués dans le temps. À présent, Regina Mills ne dirigeait plus un royaume féérique, mais une petite ville ; elle n’était plus reine, elle était maire. La magie avait été remplacée par la technologie ; les ménestrels, par des groupes de musique douteux. C’était un monde qui la laissa a priori pantoise.

Sauf que voilà, l’ennui ne tarda pas à apparaître chez Regina, de même que la solitude. Chaque jour, c’était inlassablement la même chose ; Blanche-Neige, désormais Mary-Margaret, avait beau ne pas reconnaître son Prince Charmant, plongé dans le coma, mais à quoi cela servait-il si elle était incapable de se souvenir de ce qu’elle avait fait à Regina ? La brunette alla donc demander des explications à Rumple, alias Gold, afin de comprendre comment les choses avaient-elles pu mal tourné. Elle n’était pas aussi heureuse qu’elle l’anticipait et cela la perturbait grandement. Malheureusement, Gold semblait avoir complètement oublié sa vie passée et ne fut pas en mesure de l’aider. Il était possible que l’être malicieux lui ait joué la comédie ; quoi qu’il en soit, cela revenait au même : il refusait d’éclairer sa lanterne pour une mystérieuse et obscure raison.

Entre-temps, deux étrangers débarquèrent à Storybrooke, deux étrangers qu’elle ne reconnut pas. Regina s’aperçut de leur présence en allant un jour manger un morceau chez Granny’s, un petit restaurant cosy et sympa. Elle reconnut d’abord son cher Chasseur, qu’elle avait employé afin de tuer Blanche-Neige, comme Graham, le shérif de la ville. Ce dernier lui proposa de passer cette nuit chez elle ; le sous-entendu était on ne peut plus clair. À ce moment-là, toutefois, Regina découvrit la présence d’un petit garçon, qui lui affirma adorer les pancakes aux pommes. Surprise, elle ne le reconnut pas et fit ensuite la connaissance du père, Kurt Flynn. Lui et son fils, Owen, faisaient du camping dans la forêt et comme leur voiture était tombée en panne, ils étaient venus à Storybrooke la faire réparer. Curieusement, entre Owen et Regina, une espèce de relation maternelle s’établit peu à peu. Peut-être était-ce dû au fait que le garçon avait récemment perdu sa mère ? Quoi qu’il en soit, Regina se surprit à s’attacher à lui, encore plus lorsqu’il lui avoua qu’elle serait une bonne mère si elle avait des enfants. Elle conserva même le petit bracelet, fabriqué avec une touchante maladresse, qu’Owen lui avait donné pour se faire pardonner d’avoir volé le siège de prédilection de la brunette. Ce qui la mena à leur demander de rester à Storybrooke pour toujours. Mais Kurt déclina l’offre et lorsque lui et son fils partirent de la petite ville, Regina et Graham se lancèrent à leur poursuite afin d’arrêter l’homme, coupable d’ivresse au volant – ce qui était faux. Kurt, une fois menotté, demanda à Owen de partir puisqu’il le pouvait encore. Owen, avant d’obéir, demanda à Regina pourquoi elle faisait cela et elle lui répondit qu’elle voulait qu’il reste à ses côtés. Il déclara qu’il ne voulait pas, en tout cas pas comme cela et franchit la limite de la ville. Les autorités le prirent pour un gamin perdu et ne crurent pas une seconde à ce qu’il racontait, puisqu’il était impossible de voir Storybrooke et ses habitants en-dehors des frontières. Kurt, quant à lui, se fit assassiner et son corps fut enterré dans la forêt. Et Regina, elle, se retrouva – de nouveau – seule et perdue parce que trouver le bonheur dans ce monde n’était pas aussi facile que ça en avait l’air.

Cependant, Owen ne disparut jamais de la mémoire de Regina, de même que les paroles qu’il lui avait dites. C’est ainsi qu’elle décida d’adopter un enfant. Mr. Gold lui vint en aide et lui rapporta un garçon d’à peine quelques semaines, que la brunette nomma Henry Mills, en l’honneur de son père. La vie dans sa grande maison fut tout de suite moins triste et solitaire. S’occuper d’un enfant et de la ville était un travail à plein temps, mais c’était toujours mieux que s’ennuyer ferme. Henry se révéla être un garçon particulièrement intelligent, rêveur et solitaire qui aimait se plonger dans les livres. Regina s’assurait que son éducation soit parfaite ; elle était peut-être trop sévère avec lui, mais les résultats étaient là ; il avait de bonnes manières et ne désobéissait presque jamais. En somme, il était un garçon relativement banal, comme les autres… jusqu’au jour où il reçut de Mary-Margaret Blanchard un livre de contes illustrés. Regina n’y vit au début aucun inconvénient ; de la lecture était de la lecture, après tout. Sauf que, ne tarda-t-elle pas à s’en rendre compte, ces petites histoires narraient tout ce qui s’était passé dans la Forêt Enchantée. Ou presque, car elle ne réussit pas à trouver sa romance avec Daniel et soupçonna que l’auteur était soit un mauvais recherchiste, soit un de ses nombreux ennemis qui ne souhaitait pas que les lecteurs la prenne en pitié. Enfin, peu importait. Le problème, c’était que Henry se mit à associer les personnages de son livre aux habitants de Storybrooke et Regina comprit que cela mettait en grand péril la malédiction, qui durait depuis une vingtaine d’années déjà. Elle tourna en dérision toutes ses suppositions et l’envoya chez Archie, le psychologue local. Malheureusement, rien ne changea et Henry commençait de plus en plus à l’éviter et à l’accuser d’être la Méchante Reine, un surnom qu’elle n’avait pas entendu depuis des siècles, lui semblait-il. Certes, ses accusations étaient justifiées, mais elle ne voulait pas que son propre fils sache la vérité. Égoïste ? Peut-être. Sans doute. Elle s’était tout simplement habituée à être traitée comme une personne normale et non plus comme une folle psychopathe qui tuait tout sur son passage. Le retour à la réalité était dur.

Le pire fut atteint lorsqu’elle lui apprit, bien involontairement, qu’elle n’était pas sa mère biologique. C’était Henry qui avait insisté et qui lui avait posé des tas de questions un soir sur ses origines, jusqu’à ce qu’elle craque et qu’elle lui avoue tout. Henry prit assez mal la chose et à partir de ce moment, ne la considéra plus comme sa mère, ne manquant pas une occasion pour qui lui rappeler qui elle était et pour lui manquer de respect au passage. Elle l’avait élevé convenablement ? Elle l’avait aimé comme s’il était de sa chair ? Aucune importance, puisqu’elle ne l’avait pas mis au monde. La logique de l’enfant la dépassait quelque peu, mais elle n’y pouvait pas grand-chose. Il était trop tard pour revenir en arrière – mais ça, elle y était habituée, sans vouloir être trop cynique. Henry continuait d’analyser le livre de contes, au grand désespoir de Regina, qui manipula le psychologue afin qu’il fasse comprendre à Henry que ses suppositions étaient infondées. Ce fut en vain. Un matin, le garçon n’était pas dans son lit et Graham ne parvint pas à le trouver. Regina comprit alors qu’il était probablement parti explorer le monde extérieur, sans doute à la recherche de sa « vraie » mère. Cela coulait de source, c’était même un mouvement prévisible de sa part. Regina ne pouvait quitter Storybrooke, y étant trappée comme tous les autres, alors elle prit son mal en patience, se faisant un sang d’encre malgré tout. Voyez-vous, malgré les apparences, elle aimait véritablement son fils.

Le soir même, quelle ne fut pas sa surprise de retrouver son Henry flanqué d’une femme blonde qu’elle ne connaissait pas. Les présentations furent faites sans grand tact et Regina apprit qu’il s’agissait d’Emma Swan, la mère biologique, qui lui assura que le père biologique n’était pas au courant de l’existence de Henry. Néanmoins, aussi reconnaissante qu’elle était envers la blonde de lui avoir ramené son fils, Regina ne comptait pas la laisser s’incruster dans sa vie, encore moins dans celle du garçon. Et c’est comme ça que commença toute une série de malheureux événements au cours desquels Regina essaya par tous les moyens possibles de garder Henry loin d’Emma – en vain. Cela alla plus loin encore et une profonde animosité mêlée à de la méfiance naquit entre les deux femmes. Emma ne pouvait s’empêcher d’empiéter sur le territoire de Regina : en s’introduisant dans la vie de Henry, en lui volant Graham – qu’elle assassina d’ailleurs dans un accès de rage et de jalousie, en l’accusant de détourner les fonds des concitoyens pour ses propres besoins et même en défendant becs et ongles Mary-Margaret, accusée d’être la responsable derrière le « meurtre » de Kathryn, la femme de David Nolan. Car oui, les choses avaient commencé à changer dès qu’Emma Swan était arrivée à Storybrooke, Nolan s’étant réveillé de son coma et Gold ayant retrouvé ses souvenirs, et Regina commençait à se douter de l’identité de la blonde, ce qui n’était pas bon signe.

Voyant qu’Emma Swan continuerait de représenter une menace pour sa « fin heureuse », Regina décida qu’il fallait faire quelque chose pour éliminer une bonne fois pour toutes la blonde. Aux grands maux, les grands remèdes, comme on dit ! Et en l’occurrence, il ne s’agissait pas d’un véritable remède, mais d’un poison destiné à plonger la victime dans un état comateux, exactement comme Blanche-Neige l’avait été lorsqu’elle avait croqué la pomme empoisonnée, pomme que Regina retrouva lorsque Jefferson accepta plus ou moins à contrecœur de l’aider en utilisant son chapeau. La brunette fit une tourte aux pommes et la donna à Emma, sans se douter une seconde que ça allait être Henry qui allait croquer dans le dessert. Pour sauver le garçon, Emma et Regina durent s’allier pour un temps afin de récupérer une fiole que Gold désirait, mais ce dernier trompa la blonde et s’enfuit avec le bien précieux. L’hôpital appela alors les deux femmes, leur apprenant qu’il était trop tard pour sauver Henry. Elles se ruèrent à son chevet en moins de deux et, tandis que Regina regardait son garçon étendu dans le lit, Emma s’approcha de lui et déposa sur son front un baiser… ce qui rompit la malédiction maintenue depuis vingt-huit ans. Les habitants se souvenaient de leur identité féérique et Regina, désespérée, s’enfuit, comprenant qu’il valait mieux battre en retraite. Elle essaya de faire comprendre à Henry qu’elle l’aimait, mais se doutait que le garçon ne la croyait pas, ou alors n’en avait que faire. Elle alla déprimer et pleurer dans la chambre de Henry, jusqu’à ce qu’elle aperçoive une fumée mauve très familière pointer à l’horizon, à travers la fenêtre. Un sourire apparut alors sur ses lèvres. Tout n’était pas perdu. La magie revenait à Storybrooke et cela signifiait qu’elle ne serait plus sans défense, qu’elle pourrait retrouver Henry comme il se devait. Elle aurait droit à sa fin heureuse, finalement. Pensait-elle.