Toi qui, comme un coup de couteau,
Dans mon coeur plaintif es entrée ;
Toi qui, forte comme un troupeau
De démons, vins, folle et parée,
De mon esprit humilié
Faire ton lit et ton domaine ;
- Infâme à qui je suis lié
Comme le forçat à la chaîne,
Ses doigts serrent lentement les fins draps blancs, les froissants dans la poigne serrée de sa main sans même s’en apercevoir. Un léger soupir lui échappe alors qu’elle tourne la tête sur le côté pour entrouvrir ses paupières encore gonflées par le sommeil qui semble finalement la fuir définitivement pour cette nuit. A la pâle lueur de la lune ses cheveux semblent s’être fait d’encre et sa peau blanche prend des reflets bleutés. Sa poitrine se soulève à un rythme un peu trop rapide. Parce qu’il lui reste encore quelques réminiscences. Quelques lambeaux d’images noires qui emplissent son esprit et le salisse sans pourtant que Serena ne soit réellement capable de se souvenir de ce qu’il s’agit.
Mais il reste ce sentiment diffus de peur qui s’écoule dans ses veines jusqu'à aller saisir son cœur. Assez pour lui faire comprendre que c’était bien loin d’être un rêve gentillet. Un rictus amer vient déformer les traits pleins de son visage. Il faut dire que ses souvenirs détiennent une plus grande part de cauchemars que de rêve …alors comment la blâmer pour ces rêves qu’elle ne maitrise pas ? Elle se lève rapidement sans faire de bruit, sans prêter attention au fait qu’il fasse encore nuit noire, qu’elle n’est qu’en chemise de nuit et que dehors le vent souffle suffisamment fort pour la glacer. Parce que ce moment qu’elle passe seule n’appartient qu’à elle. Et que c’est ce dont la jeune femme à le plus besoin en ce moment. Le calme. La paix. Et cette fugitive et éphémère sensation de liberté qu’elle passe tant de temps à rechercher.
Sans aucun bruit. Pieds nus. Discrète, elle se faufile dans les longs couloirs jusqu'à trouver la sortie et l’air frais de la nuit qui vient lui caresser le visage. Elle se fond dans les ténèbres. Sortir en douce que ce soit de chez elle ou d’ailleurs est une activité qu’elle pratique depuis longtemps. C’est désormais une fierté pour elle d’être pratiquement indétectable. Dire qu’il y a quelques temps une telle rébellion ne lui serait même pas venue à l’esprit…ironique n’est-ce pas de voir à quel point cette nouvelle vie l’a transformée ? Du bout des pieds elle retourne la terre meuble pour aspirer les parfums doux-amers qui semblent s’en échapper, doucement elle se penche en avant pour caresser le doux tapis sombre du bout des doigts. Pendant un instant elle contemple avec attention le contraste que forment ses doigts si blancs avec le sol si sombre. Puis d’un mouvement souple elle se relève avec l’entêtant sentiment de détonner, de ne pas avoir sa place dans le seul lieu qui l’a pourtant toujours acceptée sans jamais s’en plaindre. Sans doutes est-ce parce qu’il fait nuit. Et depuis les mésaventures qui lui sont arrivées Serena ne parvient plus à goûter au plaisir de sentir la fraicheur du soir sur son visage. Même la nuance du ciel, d’un bleu sombre incroyablement riche ne parvient qu’à la faire frissonner de dégoût…et que dire alors de la couleur rouge ?
Ses doigts se retrouvent soudainement à serrer convulsivement la délicate petite croix qu’elle porte autour du cou et un souffle tremblant lui échappe. C’est plus fort qu’elle. Serena ne veut pas se souvenir. Ne veut pas se rappeler et pourtant déjà son esprit s’engouffre dans la brèche de son âme pour lui faire revivre ce qu’elle souhaite oublier. Car Serena n’a pas toujours été Serena….loin de là… il y a ce qui lui semble désormais être une éternité elle était Wilhelmina Murray. Ou plus simplement, pour les intimes. Mina.
Mina est née à une autre époque …si loin de tout cela. Elle est née en 1865 sur les côtes anglaises, dans une petite ville bien loin de l’agitation constante de Londres. Beaucoup l’ont plainte … quelle jeune femme peut donc être heureuse de grandir loin de toute civilisation près d’une mer bien trop souvent agitée , dans un village aux falaises déchirées par les vagues et constamment emplis d’une brume suffocante et grossière ? Mais contrairement à leurs dires Mina à adoré cet endroit … calme … reposant et pourtant plein de mystère. Tout lui à toujours plu dans cet endroit et plus particulièrement ce que les autres considéraient comme des défauts. Mais contrairement à tant de jeune filles inconséquentes et frivoles, Mina n’a jamais voulu ni richesse ni célébrité. Même enfant elle restait l’exemple de calme et de douceur. Un caractère peut-être un peu trop effacé …peut-être un peu trop fade, Serena le réalise d’ailleurs aujourd’hui, mais dans cette autre époque c’était ainsi que l’on imaginait les femmes vertueuses.
Un léger sourire se dessine sur ses lèvres délicatement rosées. Comme elle à changée … elle s’en aperçoit maintenant. Mais il faut dire que son enfance n’a pas été la plus simple. Elle n’était qu’une enfant quand ses parents ont attrapés la tuberculose. Une maladie que l’on avait jugée étrange chez des gens vivants au grand air, quand le remède conseillé pour cette maladie était justement l’air vivifiant de la mer et de nombreuses cures de soleils. Les médecins n’avaient rien su dire …et ses parents de toute façon bien que possédant une condition assez confortable n’avaient pas eu les moyens de payer leurs remèdes aux prix exorbitants. Les yeux de Serena se ferment un instant sous la douleur. Une quinzaine d’année plus tard seulement un dénommé Koch avait trouvé la solution. Mais bien trop tard pour eux hélas ! L’enfant qu’était alors Mina avait été dévastée.
Et comment annoncé à une enfant innocente que plus jamais elle ne pourrait sentir les bras chaleureux de sa mère s’enrouler autour de son corps frêle ? Comment lui expliquer qu’il n’y aurait plus ni rire ni tendresse. Mina n’avait pas compris. Et personne n’avait essayé de lui montrer. Du jour au lendemain elle était simplement partie vivre chez son oncle à peine quelques kilomètres plus loin. Un homme simple. Veuf. Qui l’avait aimé autant qu’il l’avait pu mais qui ne savait simplement pas comment éduquer et s’occuper d’une une fillette de cinq ans. Qui aurait donc pu lui reprocher ? Pas elle en tout cas … mais sans doute était-ce en cette occasion que Mina s’était renfermée sur elle-même. Il manquait quelque chose à sa vie d’enfant. Une chaleur qu’elle pouvait toucher du bout des doigts mais qu’elle ne faisait jamais sienne. Sans doute était-ce d’ailleurs la raison pour laquelle elle s’était alors rapprochée de la religion. De la prière. Elle avait grandie avec une piété et une foi tranquille que beaucoup avait admirée. Mais grandir avec pour seul parent un homme avait tout de même eu des avantages.
Loin de penser que la place d’une femme dans une maisonnée n’était que décorative, il avait offert une éducation particulièrement poussée à Mina. Une éducation à l’époque bien peu commune pour une jeune fille, mais qui avait permis à la jeune Mina de retrouver un peu de son assurance. Une force douce mais tenace qui lui permettait de venir à bout des adversaires les plus récalcitrants. Et c’est d’ailleurs à l’une de ces occasions qu’elle avait rencontrée la jeune Lucy Westenra , une jeune enfant rousse déjà ravissante. Déjà un peut trop frivole d’ailleurs, raison pour laquelle elle était plongée dans les ennuis. Mais bien qu’extrêmement jeune son charisme était déjà incroyablement grand et Mina avait été envoûtée par sa joie de vivre et son sourire lumineux. Elles ne s’étaient plus quittées ensuite. Étrangement complémentaires malgré toutes leurs différences.
Et ce jusqu'à l’abominable nuit ou Lucy avait cessé d’être…le coup au cœur de Mina avait été terrible. Parce que Lucy étant Lucy si joyeuse et si forte sa mort semblait impossible…et pourtant … Soudain des larmes envahissent les prunelles claires de la jeune femme. Il s’est écoulé tant de temps …et pourtant… comment oublier ? Après tout Lucy avait été la seule à être là sa vie durant. Les autres s’étaient effacés. Évanouis. Même cet oncle qui l’avait élevé avec affection lui avait un jour signalé qu’il serait bientôt temps de quitter le refuge qu’elle s’était péniblement construit. Lucy elle l’avait accueillie à bras ouverts, ce qui ne serait pas venus à l’esprit de tout le monde. Et puis surtout, surtout, c’était grâce à Lucy qu’elle avait rencontré Jonathan. Et à cause de cela Mina ne pouvait être que son éternelle débitrice.
Les sourcils de Serena se froncent doucement. Quel âge avait-elle déjà ? Elle était encore jeune…plus vraiment adolescente mais disons à l’heure d’une entrée dans le monde … même si bien sûr elle n’avait jamais appartenu à la haute société et ne pouvait que rêver des bals fastueux que décrivait les gazettes qu’elle recevait parfois. Mais à l’instant où elle avait rencontré Jonathan … elle avait tout oublié. Son adolescence foncièrement solitaire qu’elle avait passée plongée dans les livres, ou parfois, quand le temps lui souriait avec Lucy à rire avec frivolité de choses qu’elles ne connaissaient pas et qui n’arriveraient jamais. Puis petit à petit cette insouciance lui était passée … rien ne dure …et son caractère doux et calme ne l’incitait pas vraiment à garder cette immaturité d’esprit qui était demeuré dans celui de Lucy. ET quelque part elle en avait voulu à la jolie. Bien sûr à l’époque elle ne l’aurait admis pour rien au monde. Tout d’abord parce que la jalousie n’était l’un des pêchés que désapprouvait l’église anglicane et ensuite parce que Mina voulait être l’image qu’elle donnait. La pureté. Le calme. La force tranquille. Un souhait futile auquel elle avait pourtant consacré sa vie.
Maintenant bien sûr nombreux psychologues auraient pu dire que cette volonté de perfection était liée à la mort de ses parents. A la peur qu’elle avait alors d’être abandonnée si elle ne restait pas telle qu’elle était. Mais à l’époque c’était normal…plus encore, c’était bien ! Alors elle avait cultivée ces traits de caractère en refoulant les autres. Sans état d’âmes, se privant de ce qu’elle était pour devenir ce qu’elle devait être. Elle à grandis ainsi. Et sans doute est-ce pour cette raison qu’elle à vu en Jonathan une sorte de prince charmant quand elle l’a rencontrée. Comment faire autrement d’ailleurs ? Même en cet instant, une vie plus tard, Serena se souvient parfaitement de la manière dont elle l’a rencontré. Lucy avait voulu assister à un bal donné par les voisins, mais malheureusement sa mère fragile n’était pas en état de l’accompagner. Et bien sûr il était hautement inconvenant pour une jeune fille pas même fiancée de se rendre seule à un bal populaire. Alors Lucy avait pleuré. Crié. Et finalement montré un visage d’ange pour obtenir ce qu’elle souhaitait. ET comme toujours cela avait marcé. Lucy l’avait suppliée de l’accompagner alors même que Mina ne souhaitait que calme et repos. Mais elle n’avait jamais pu résister aux grands yeux clairs de son amie. Elle avait dit oui. Et la mère de Lucy n’y avait rien trouvé à redire. Tout le monde savait que jamais Whilhelmina n’aurait poussé une quelconque personne à la faute. Et encore moins sa meilleure amie.
D’elles deux, seule Lucy attendait quelque chose de cette soirée. Et pourtant c’était Mina qui avait tout trouvé. A dire vrai elle n’avait pas prêté grande attention au groupes de jeunes gens discutant vivement dans un coin. Au contraire elle les avait même fuis. Mina n’avait que peu de liens avec l’autre sexe, tous les hommes qu’elle n’avait jamais connus se contentaient de courtiser Lucy avec acharnement. Lucy avec ses longs cheveux roux, sa peau laiteuse et le vert tendre de ses yeux. Lucy et sa petite taille et son corps si menu, si délicat qu’il semblait parfois évanescent. A ses côtés Mina n’était que jolie … et tellement peu adaptée aux canons de l’époque. Qui plus est, elle ne possédait ni l’humour, ni l’assurance de sa compagne et les conversations désinvoltes que son amie menait ne lui plaisait guère. Alors généralement elle se contentait de s’assoir avec fatigue, attendant que la soirée finisse. Mais peu de temps après un jeune homme l’avait rejointe, l’invitant à danser. Et à partir de cet instant, sa vie était devenue un conte de fée.
Ironique n’est-ce pas ? Puisqu’après elle avait sombré dans l’enfer…Jonathan l’avait courtisée. Longuement, mais tous deux savaient que leurs fiançailles n’était qu’une question de temps. Ils étaient en osmose. Pensait et souhaitait la même chose. Pour lui et ses études de notaires, Mina avait appris la sténographie dans le but de l’aider à traduire ses notes. Ils s’étaient fiancés peu de temps après, sereinement, sachant pertinemment que rien ne pourrait entraver leur chemin. Bien sûr ils avaient tort…mais qui aurait pu leur reprocher leur naïveté ? Ils étaient jeunes et amoureux. Plongés dans leur monde. Et puis le clerc de son cabinet de notaire lui avait dit qu’un certain Comte Dracula, situé en Transylvanie requérait ses services pour acheter une propriété à côté de l’asile de Whitby. Bien évidemment Jonathan n’avait pu qu’accepter, tout d’abord parce que c’était son avenir dans ce notariat qui était en jeu. Si jamais le client était satisfait et qu’il renvoyait de bon échos de Jonathan ce dernier pourrait peut-être espérer hériter un jour de la chaire. Alors évidemment il était partis, laissant Mina derrière lui. Avec regret bien sûr, et la promesse de lui écrire plusieurs lettres par semaines. Mais il l’avait tout de même fait. Et pendant de longues semaines elle avait été sans nouvelle de lui.
Lucy avait été son unique soutien. Elles s’étaient échangées de nombreuses lettres, à tel point que lorsque la belle rousse l’avait invitée à venir séjourner chez elle Mina n’avait pu qu’accepter le sourire aux lèvres, elle avait besoin de se changer les idées. Et qui de mieux qui Lucy, nouvellement fiancée après trois demandes en mariage différentes pour ce faire ? En arrivant elle n’avait pas été déçue. Les deux jeunes femmes avaient passées de longues journées à discuter de tout et de rien. Surtout de rien d’ailleurs. Et pour la première fois Mina avait connu les joies de la frivolité. Mais très vite tout avait changé. Lucy d’abord. De vive et enjouée, la flamboyante roussée était passée à terne et fatiguée. De plus en plus pâle, presque translucide en vérité. Et puis elle se réveillait en pleine nuit, sans raison. Pour rassurer Mina, ou peut-être sa mère malade, elle expliquait qu’elle avait déjà été sujette à des crises de somnambulisme et que c’était surement l’enthousiasme de son mariage qui la faisait retomber dans ses vieux travers. Sans nouvelles de Jonathan, terrifiée par sa longue absence pendant laquelle elle n’avait reçue qu’une courte lettre succincte, Mina l’avait crue. Soulagée sans doute de ne pas avoir à chercher de causes plus graves ?
Et puis il avait cette nuit…. Serena frissonne un peu, détourne la tête légèrement. Elle se rappelle de chaque détail rétrospectivement. Sans savoir comment, pourquoi, elle s’était réveillée au milieu de la nuit, peut-être à cause d’un bruit, peut-être simplement parce qu’elle avait pris l’habitude de venir vérifier si Lucy était bien dans son lit … qui sait ? Toujours est-il qu’en entrant dans la chambre de son amie elle l’avait trouvée vide. Aussitôt la peur avait saisi son cœur et elle avait courue au-dehors sans même prendre la peine de se couvrir, simplement vêtue d’une chemise de nuit quasiment transparente. Et elle avait trouvée Lucy, allongée sur le banc de pierre dont elles avaient l’habitude de se servir pour leurs bavardages, dans une posture d’abandon et la tête retombant en arrière. Ses yeux n’avaient pas vraiment analysé ce qu’elle avait vue , une sombre brume noire peut-être , surmontée de deux immenses yeux rouges et féroces. Bien sûr elle s’était rapidement convaincu que cela n’était rien d’autre qu’une erreur, peut-être un effet d’ombre au milieu de la nuit. Mina avait donc saisi Lucy par la main et l’avait trainée dans la maison le plus vite possible, en espérant que Madame Westenra ne s’était pas réveillée.
Le lendemain Lucy était pâle mais sauve. Elle était fatiguée mais souriante, aussi lorsque Mina avait enfin reçu un télégramme lui indiquait que son mari était à Londres , sain et sauf bien que malade, elle ne s’était pas sentie coupable d’abandonner Lucy , sachant …ou plutôt espérant que tout irait bien pour elle. Elle avait retrouvé Jonathan aux abords de Londres dans un couvent ou des sœurs le soignait d’un, important traumatismes avaient-elles dit. Mina avait alors voulu ouvrir le journal qu’elle savait que son fiancé tenait toujours… à l’image du sien. Mais ce dernier lui avait jurer de n’y toucher qu’en cas de danger de mort. Mina avait promis et n’en avait plus parlé. Pendant de longues semaines elle avait veillé sur la convalescence de son bien-aimé avec tendresse. Quelle joie cela avait été de le retrouver en vie. Fragile certes mais bien vivant ! Mais sa santé c’était de nouveau dégradée et Mina avait rompue sa promesse de ne jamais lire son journal. Et ce qu’ele avait lu…ce qu’elle avait appris l’avait bouleversée. Pire horrifiée, et rapidement elle avait ressenti l’envie de rentre chez elle. En sécurité.Bien sûr Mina avait envoyé de nombreuses lettres à Lucy, mais celle-ci , surement trop prise par son futur mariage n’avait répondu qu’aux premières. Finalement, Jonathan s’était senti assez fort pour rentrer et Mina s’était éclairée à l’idée de revoir sa précieuse Lucy.
Mais quand elle était rentrée …lucy était morte…Un sanglot étranglé s’échappe de la bouche de Serena et soudain son environnement lui fait horreur, rapidement elle se détourne et court rentrer dans sa maison. Son abri. Elle était repartie de Londres , comblée et persuadée que jamais le monde ne pourrait être meilleur. Et pendant ce temps Lucy rendait son dernier soupir. Pire ! Pendant qu’elle flânait le mal le plus terrible s’installait au cœur de Whitby. C’était dans ces sinistres circonstances qu’elle avait rencontré le fiancé de Lucy mais également les amoureux éconduits. Plus important même, c’était à ce moment qu’elle avait rencontré Van Helsing. Il lui avait révélé ce qui était arrivé à la pauvre Lucy. Lui avait parlé du naufrage du Demeter . Sans doute était-ce à ce moment-là que le petit groupe avait décidé de détruire Dracula à jamais. De débarrasser le monde du monstre qui avait détruit l’innocente et rayonnante Lucy pour la transformer en une chose inhumaine et assoiffée de sang. Il y avait alors deux parties en Mina. Celle courageuse, qui regrettait le fait d’être arrivée trop tard et de ne pas avoir pu aider son amie. Et celle terrifiée, éplorée qui était heureuse de ne pas avoir assisté à sa triste fin, de ne pas avoir vu la jolie rousse tournée en un monstre.
Et de longues nuits avaient suivies. Jonathan et elle restaient éveillés tout au long de ces heures sombres, dormant à tour de rôle avec des croix. Finalement ils s’étaient installés avec le reste du petit groupe chez le Docteur Jack Seward , l’un des anciens amoureux de Lucy qui était plus que tout déterminé à se venger. Il avait présenté à Mina un malade à l’étrange comportement, un certain Renfield que la jeune femme avait pris en pitié. Qui pouvait dont être tenu responsable des actes que lui faisait commettre un esprit malade ? Bien sûr il devait être gardé loin de la civilisation pour ne pas faire souffrir les autres mais néanmoins Mina compatissait avec cet homme autrefois brillant et désormais déchu. Mais après … après …
Serena frissonne au souvenir de ce qu’il s’est passé et convulsivement sa main se serre autour de la petite croix qui orne son cou. Elle a besoin de se rassurer. Car même maintenant…même maintenant tout reste flou. Bien sûr on lui a dit que Renfield, en réalité serviteur de Dracula, l’avait invité dans la maison de Jack Seward , laissant les habitants de la maison sans défense…et plus particulièrement elle, mais de tout cela elle n’a que de vague souvenir. Une étrange sensation de langueur, une voix douce caressante dans sa tête, une poigne ferme et puis une étrange sensation de faiblesse avant qu’un étrange liquide à la saveur cuivrée ne vienne s’infiltrer entre ses lèvres. Plus tard alors elle avait compris qu’en cette nuit épuisante Dracula avait tentée de la transformer. Et la peur l’avait taraudé. Pire ! Mina avait rapidement pu constater qu’un changement s’était produit dans son être. Lorsque s’était appliqué un hostie sur la peau ce dernier l’avait brûlé, montrant clairement au monde quel être impur elle était devenu. Un être qui ne pourrait être libéré que par la mort de Dracula.
Dès lors la détermination des hommes du groupe n’en avait été que plus grande. Jonathan parce qu’il l’aimait tendrement et voulait la sauver. Quant aux autres ils la considéraient comme une sœur sans doute. Ou une sainte digne d’adoration. Lointaine quelque part. Mais mina avait porté son fardeau sans rien dire. Pourtant en elle se mélangeait la peur, le désespoir et la haine. Alors elle leur avait fait promettre à tous de la tuer si jamais ce changement se révélait finalement irréversible. Ou trop dur à supporter. Ils avaient alors découverts que Mina pouvait atteindre l’esprit de Dracula. Sans doute grâce au lien de sang qui les unissaient. Toujours était-il que Mina, Jonathan et les autres avaient suivis le Comte jusque chez lui. En Transylvanie. Et ils l’avaient détruit. Mina n’avait pas assisté à la mort de Dracula…parce que du fait de son lien, nul ne pouvait réellement lui faire confiance. Mais Jonathan la lui avait souvent racontée. Pour la rassurer sans doute … mais qu’importait ?
La seule chose qui comptait c’était qu’ils aient détruits le Comte… à jamais …Avec un soupir Serena rentre chez elle. Sans même se douter que tout cela est faux …et que le mal rôde toujours .
Hélas ! le poison et le glaive
M'ont pris en dédain et m'ont dit :
" Tu n'es pas digne qu'on t'enlève
A ton esclavage maudit,
Imbécile ! - de son empire
Si nos efforts te délivraient,
Tes baisers ressusciteraient
Le cadavre de ton vampire ! "