Tout le monde connaît l'histoire du petit chaperon rouge, mais il est vrai qu'elle n'était pas seule et surtout que son charme indéniable ne laissait que peu d'hommes indifférent. Je vivais non loin de chez elle et j'avoue que la voir vivre une histoire avec cet autre homme dont je ne me souviens même plus de son nom... Oui cette femme m'avait brisé, elle m'avait anéanti, mais je ne pouvais me résoudre de mourir de désespoir alors un jour ou plutôt une nuit, par je ne sais quel miracle je renaissais.

Après une soirée de beuverie entre potes, je rentrais alcoolisé jusqu'à l'os. Chemise à moitié ouverte et haleine irrespirable par aucune femmes digne de ce monde, j'essayais de poser mes pieds l'un devant l'autre pour rentrer chez moi. Je vivais dans un vieille cahute que mon père avait lui même construit de ses mains. Il était charpentier et surtout d'une éducation droite, alors mes frasques étaient son plus grand malheur. Mais tout ceci s'arrêterait ce soir, à l'angle d'une ruelle je posais ma main sur le mur de la demeure sombre et ruisselante par la pluie qui tombait drue ce nuit là.

Tout ce passa trop vite pour que je réagisse, à la fois car de toute manière mon état d'ivresse ne me l'aurait jamais permis malgré ma musculature plus que généreuse, mais surtout parce que la chose qui m'attaqua était bien plus forte et agile que moi. Un bruit, un bouteille vacillant d'un vieux tonneau laissé dans un coin et avant qu'elle se brise sur le sol, je sentis une terrible douleurs dans ma chaire et du venin envahissant mon sang. Je ne compris pas tout de suite, mais une calèche passant par là fit fuir la chose qui venait de me faire renaître, et lorsque je me réveillais le matin je me trouvais dans mon lit, du sang plein ma couche ne sachant plus trop ce qui c'était passé durant la nuit.

Mais à la pleine lune suivante je compris, et lorsque je revis Ruby, je compris également ce qu'elle était, elle ne sut jamais qui j'étais, du moins, ne sachant pas vraiment qui elle était au moment de notre ultime rencontre, je ne fus pas étonné de son indifférence flagrante envers moi. Et même si la nuit où voulant tout lui avouer, je me dirigeais vers chez elle, et que je vis l'horreur de son geste qu'elle avait fait à son amour, je préférais me taire et me faire une raison. Je la vis avec ses gens, cette femme à la peau si blanche puis cette homme à l'allure de prince. Lorsque je vis la fumée envahir les terres, je ne compris en rien ce qui se passait et c'est alors que je me retrouvais dans cette bourgade bien différente de la mienne.

Je me réveillais sans aucun doute près du couvent, chose bien étrange pour la nature de la chose que j'étais dans mon monde, car bien étonnant que ce fut, je vécu avant de retrouver ma mémoire, au couvant, avec les autres soeurs, du moins dans une des pièces avec le prêtre, la mère supérieur pensant que j'étais son frère. Je m'appelais ici Tristan, prénom bien peu effrayant pour cet animal qui dormait en moi. Je passais mes quelques 26 premières années à travailler dans la maison de dieu, ne comprenant pas pourquoi je sentais mes entrailles hurler de rage à chaque fois que je regardais ces icônes de dieux, un dieu qui n'avait aucun place dans mon coeur, même si je ne pouvais point rejeter cette femme qui se disait ma soeur et qui, lorsque la malédiction se leva, ne fuit point alors que je lui avouais ma véritable nature.

Je partais en revanche trouver une habitation dans la forêt ne souhaitant aucunement que ces femmes qui m'avaient côtoyer durant ces nombreuses années risquent un quelconque danger. Je vivais de solitude et parfois elle venait me voir, ou quand les journées étaient éloignées de ces nuits terribles, je venais en ville pour la voir. Je m'installais le plus loin du comptoir, la regardant sourire à ces hommes, et se déhanchée entre les tables pour servir les clients. Elle m'avait peut être reconnu, mais elle restait en retrait et m'évitait même.

Cette femme qui à défaut d'avoir le même sang était quand même une soeur pour moi, m'avait par sa magie, façonner dans un alliage étrange, un bijoux qui ne quittait jamais mon cou, accroché à une chaîne et représentant cet animal. Il me permettait durant les nuits de pleines lunes de rester moi ou plutôt lui, celui que j'étais en premier avant de devenir celui que j'étais maintenant au fond de moi et que je pouvais cacher dorénavant grâce à elle.