« Les enfants, soyez gentils, venez apprendre vos gammes. » La voix douce de ma mère éveilla mes sens, et j'ouvrais un œil. Alors que Marie filait déjà vers son coussin favori, rose et moelleux et que Toulouse, filait d'un air désintéressé vers son atelier de peinture miniaturisé. Il s'étendait devant sa toile, trempant l'une de ses pattes aux poils roux dans le peau de peinture verte. Je baillais, m'extirpant de mon propre coussin, et m'étirant pendant quelques secondes. Je secouais un peu la tête, remettant le nœud derrière mon cou correctement serré. Je jetais un œil à la beauté persan blanche qu'était ma mère, montant sur le tabouret, puis posant mes deux premières pattes sur les touches qui me faisaient face. Mary se racla la gorge et je levais les yeux au ciel alors qu'elle bombait un peu la poitrine, fière. « Pff... » Je me retenais de dire quoi que ce soit, sachant bien que cela ne plairait guère à ma mère. Celle ci affichait un grand sourire, ayant prit place sur son fauteuil, droite et fière. Je pris une petite inspiration, commençant à jouer, alors que Marie se mettait à chanter de sa voix douce et aiguë. « Do Mi Sol Do... » En rythme, mes petites pattes aux poils gris tapotait sur le clavier, et un petit sourire étira mes lèvres. Le piano avait toujours été une passion pour moi. Maman accompagna Marie dans sa chanson, alors que j'accélérais le rythme, et que Toulouse me rejoignais sur le clavier, mettant de la peinture sur les touches. La partition m'importait peu, je connaissais la chanson par cœur. Mon frère et moi faisions les cœurs, alors que la chanson se terminait, et que Maman, fière de nous, adressait un grand sourire. « C'était magnifique. Berlioz vous avez merveilleusement bien joué. » Je lui adressais un clin d’œil, tout sourire. « Merci maman ! »


La nuit était tombée depuis quelques heures. Je fixais la fenêtre qui diffusait la lumière des lampadaires des rues de Paris. Nous habitions les quartiers chics de la ville, et nous avions tout ce dont nous avions besoin. Maman avait trouvé son O'Malley, son chat à elle, et jamais je ne la voyais plus heureuse. Mary continuait sur ses grands air de Diva, se jugeant fabuleuse. Et Toulouse restait le même chat roux, avec lequel je m'entendais si bien. Mais moi j'avais ce besoin d'aventure, de découvrir le monde. Une soif jamais jamais assouvie. Et le soir, je passais quelques heures à fixer la fenêtre, comme attendant qu'il se passe quelque chose. Etais-je un jeune chat trop rêveur ? Peut être. Le piano n'était pas ma seul passion. J'étais un aventurier. Et la petite vie tranquille d'un chat de maison ne m'attirait qu'a moitié. Parfois j'enviais presque les chats de gouttière. Ceux ci ne mangeait peut être pas à leur faim, mais ils pouvaient faire ce dont ils avaient envie, ils étaient libres. Il ne fallait pas croire, j'étais heureux. Mais après avoir repris notre vie chez Madame, notre maitresse, après toutes cette aventure avec O'Malley, qui nous avait ramené ici après un long périple, le besoin d'a nouveau partir me prenait. Et je savais au fond de moi que quelque chose allait se passer. J'ignorais si c'était quelque chose de bien ou de mal, mais je savais qu'elle arriverait.
Ainsi, cette nuit là, lorsque le sommeil vint me prendre, et que je quittais mon corps et ma vie de chat sans même m'en rendre compte, je m'endormais à poings fermés.

△ Storybrooke
Sans que j'eus à ordonner à mes doigts de bouger, comme si ils s'étaient mit en route naturellement, ils pianotaient à une vitesse sur le clavier noir et blanc. C'était une habitude, une passion, le seul moyen que j'avais trouvé pour pouvoir me sentir pleinement moi même. La mélodie parvenant à mes oreilles semblait en réalité provenir du plus profond de mon âme, tel un souvenir. C'était assez étrange, je n'en avais jamais compris la raison auparavant. Je laissais la musique me submerger, formant une bulle tout autour de moi. Mes pensées filaient à une telle vitesse, que le rythme de la musique s'accélérait d'elle même, sans que je m'en rende compte. Bientôt je ne voyais même plus mes doigts, cachés derrière les images défilant devant mes yeux. Celles de mon frère, de ma sœur, de ma mère également. Je les reconnaissais tous, et cela m'apparaissait comme une évidence. Pendant des années j'avais agis en inconnu, comme si je connaissais la ville depuis toujours, comme si j'étais né ici. Je n'avais aucun souvenir, aucun but, mais j'avais une sensation de vide au fond de moi. Je ne me sentais vivant que lorsque je jouais du piano, comme je le faisais en ce moment même. J'allais au lycée, pour ma dernière année, sans même savoir ce que je voulais faire de ma vie. Comme un aveugle cherchant en vain la lumière. Et puis depuis quelques temps, tout est plus clair dans ma tête. Je me souvenais de tout, et petit à petit je comprenais que cette vie n'était qu'un mirage. Mon nom n'était pas vraiment Adam Skylar Roseberry, je n'étais pas vraiment humain et pas vraiment né pour vivre comme un aveugle. Je devais retrouver ma mère, mes frères et sœurs... J'avais déjà une piste sur mon frère potentiel, il ne manquait plus qu'a la vérifier. Je m’accommodais plutôt bien à cette révélation, jouant au détective comme pour me sentir plus vivant, comme si j'en avais eu assez de jouer au pianiste à moitié mort, pendant tout ce temps.