La curiosité est un bien vilain défaut. J'ai retenu la leçon. Mais je regrette encore d'avoir fourré mon nez un peu partout.
Pourtant, j'aurai du savoir tout de suite que ce nouvel appartement n'était pas normal. Il y avait trop de signes, même si, à douze ans, je n'avais pas su les interpréter correctement. Et pourtant ! Déjà il y avait les voisins. Miss Spink et Forcible étaient de vieilles femmes rondouillettes et ridées comme de vieilles pommes qui avaient de quoi me faire frissonner de malaise. Ces soit disant "ex-stars de la scène" empaillaient leurs chiens et se disaient douées du "troisième œil". Hum... oui oui, c'est cela. Et ne parlons pas  de monsieur Bobinsky, un homme immense à l'haleine parfumée aux oignons et qui semblait vouloir monter un spectacle de souris surdouées. Les gens seuls n'ont ils pas des problèmes psychologique ?
Sinon, il y avait ce drôle de garçon, d'environ mon âge, Padby. Légèrement bossu et avec une façon de parler des plus agaçantes. Si il n'avait pas été le petit-fils de la propriétaire des lieux, ça ferait longtemps que je lui aurait cloué le bec ! Sans compter de son espèce de chat sauvage, maigrichon à souhait et qui me regardait d'une façon trop soutenue pour être honnête. Et puis... il y avait la petite porte dans le mur.
Si mes parents s'étaient un peu plus occupés de moi, je n'aurai jamais voulu l'ouvrir. Mais ils étaient bien trop prit par leur travail, à rédiger des articles pour leur magazine de jardinage. Pas de bol non plus, le temps était à la pluie, alors pas question de mettre les pieds dehors, selon ma mère. J'avais eu beau supplier, faire ma moue de petit chien battu, rien à y faire. J'avais juste récupéré une corvée déguisée en amusement, qui était de compter toutes les portes, les pièces et les fenêtres, et répertorier les objets bleus. De quoi me faire pousser des soupirs de détresse.  
Mais j'avais fait une drôle de découverte: dans le salon, il y avait cette petite porte, recouverte par le papier peint. J'avais harcelée ma mère pour qu'elle me passe la clé, qui ressemblait étrangement à un bouton, d'un noir foncé des plus surprenant. Une fois ouverte, ma curiosité était tombée comme un soufflet. Rien, il n'y avait que des briques. J'étais allée me coucher après un repas répugnant de légumes vapeurs et expériences de mon père. Une fois endormie, il y avait eu un drôle de couinement. Des souris. Je les avait suivie, amusée de ces drôles d'animaux. Mais imaginez ma surprise quand j'avais vu les petites bêtes disparaître derrière la petite porte pourtant murée... mais une fois que j'avais poussé la porte, je m'étais retrouvée face à un tunnel bleuté, envoutant et terriblement intriguant. Impossible de résister, je m'y étais glissée. Pourquoi je n'avais pas écouté mon instinct qui me criait de fuir ?

 

 De l'autre côté, il y avait... l'Autre Mère. Plus belle que la vrai, plus mince, plus grande, plus souriante et plus aimante. Elle avait beau avoir des boutons à la place des yeux, je ne voyais que l'amour qu'elle m'offrait. La première nuit à ses côtés fût magique, je rencontrais mon Autre Père, plus drôle et plus gentil que l'original. On dîna dans la bonne humeur, dévorant des mets des plus délicieux. Je rencontrais même mon faux ami, Padby, en version muette et améliorée. On m'avait bordée  dans une chambre merveilleuse, où des jouets tout droit sortie de l'imagination d'un fou me firent rire aux éclats.
Mais au réveil, j'étais de nouveau chez moi. Bonjour la déprime ! J'avais du rendre visite à mes voisins et voisines, qui étrangement, me mirent en garde qu'un danger planait autour de moi... mais que pouvait donc me faire une petite porte et ce monde extraordinaire que j'avais découvert ? J'avais passé un peu de temps avec Padby et son chat étrange. Il avait vraiment un problème ce chat ! Toujours à me regarder fixement, comme si il essayait de faire parvenir des paroles par la pensée. Mais je n'arrivais pas à comprendre.
Le soir, j'allais au lit, certaine d'être trop excitée pour m'endormir. Pourtant, je m'endormie profondément, réveillée par les couinements des souris magiques. De nouveau je franchis le tunnel, et de nouveau je me retrouvais avec mon Autre Famille. Je rencontrais l'Autre Mr Bobinsky, dont les yeux étaient aussi des boutons, et découvris son spectacle de souris merveilles. Une nouvelle soirée de pur bonheur, entourée de gens qui m'aimaient vraiment.
Une nouvelle fois, au réveil, je me retrouvais dans mon vrai lit. J'avais le sourire au lèvres, heureuse de ma découverte qui changeait ma vie triste et misérable. Mais cette joie fondit comme de la glace au soleil quand ma vraie mère me mit une nouvelle fois de côté, n'écoutant pas mes désirs. Alors quand elle m'avait laissé seule, j'avais foncé jusqu'à ma petite porte, malgré le soleil encore brillant, et j'eu la surprise d'y découvrir le tunnel. Sans hésitation, je m'y jetais la tête la première, pour mon plus grand malheur...  


Mon Autre Mère n'était pas encore là, mais m'avait laissé un mot ainsi qu'un cadeau et des dizaines de petits gâteaux. J'étais sortie un peu, dans un jardin fleurit et remplit de centaines de plantes magiques. Et j'avais rencontré le chat. Pas l'Autre Chat, non. Le vrai, le seul, l'unique. Sauf qu'ici, il parlait. Et il me mit en garde contre l'Autre Mère, qu'il la connaissait bien et que je devais fuir au plus vite. Avant d'avoir le temps de répondre, il avait disparu. De retour à l'intérieur, l'Autre Padby m'attendait et m'emmena chez les Autres Voisines, devenues belles et jeunes, malgré leurs yeux devenus boutons. On me fit participer au spectacle m'envolant au dessus des spectateurs qui n'étaient autres que des chiens. Une fois ces amusements terminés, je rentrais manger avec mes Autres Parents, qui, une fois arrivés au dessert, me firent une proposition: je pouvais rester ici, si je me faisais coudre des boutons à la place des yeux. Je ne pouvais pas dire oui, même pour rester ici. Je couru m'enfermer dans mon Autre Chambre et me forçait à m'endormir. Mais au réveil, je découvris avec horreur que j'étais toujours de l'autre côté. Et que ça commençait à  changer par ici... l'atmosphère devenait pesante, inquiétante. Et dans le petit salon m'attendait l'Autre Mère. Les meubles autour d'elle avaient prit l'aspect d'insectes géants. Mais le pire peut être était de voir la femme souriante qui m'avait accueillit entrain de dévorer des cafards comme si c'était des chocolats. Elle me fit un petit discours pour me convaincre de rester et de me faire coudre des boutons à la place des yeux, mais je lui dis qu'elle n'était pas ma mère avec un air de défi. Je ne m'attendais sûrement pas à ce que l'Autre Mère se change en bonne femme maigre et immense et qu'elle m'enfermerait dans... un miroir.
Coincé dans cette pièce froide, je fis la rencontre de trois fantômes, qui étaient les anciennes victimes de la sorcière. Ils avaient acceptés de remplacer leurs yeux par des boutons, et ils étaient depuis morts et coincés ici. Ils virent en moi une sauveuse, m'expliquant que je devais trouver leurs yeux et je serais sauvée, ainsi qu'eux. Alors que je m'endormie en compagnie de mes nouveaux "amis", quelqu'un m'agrippa et me sortie de la cellule. Je me défendis vaillamment, avant de me rendre compte que j'avais affaire à l'Autre Padby, dont un sourire avait été cousu sur son visage triste. Après l'avoir délivré de ses fils, il m'entraîna à la petite porte et me força à y entrer, alors que l'Autre Mère arrivait et que lui tombait en poussière...
Une fois de retour à la maison, à la normale, j'appelais mes parents, les cherchant un peu partout. Mais ils avaient été emportés. J'avais abandonné mes parents à un sort terrible. Alors je devais payer ma dette. J'allais rendre visite à mes vieilles voisines en leur demandant si il connaissait un moyen pour retrouver ce qu'on avait perdu plus facilement. Etrangement, elle taillèrent une petite pierre trouée en son centre, m'expliquant qu'il me suffisait de regarder là dedans pour voir la vérité. Tandis que je dirigeais vers mon domicile, le chat noir semblait tenter de me dissuader de faire une bêtise. Comme à son habitude, Padby, le seul, l'unique, vint me rendre visite. Mais je rageais en l'insultant copieusement, certaine qu'il savait tout, étant donné que c'était sa grand mère la propriétaire de la résidence. Mais il s'échappa en me traitant de cinglée, me laissant seule. Enfin, pas si seule, car le chat resta avec moi et s'engouffra à mes côtés dans le tunnel, qui était devenu morbide et poussiéreux.
Arrivée de l'autre côté, je trouvais la monstrueuse Autre Mère dans la cuisine, à préparer le petit déjeuner. Je m'étais assise comme si de rien était, mais je lui proposais un marché: si je retrouvais les yeux des enfants-fantômes, ainsi que mes parents, elle nous laissait partir. D'un sourire, elle accepta, mais en y mettant une condition: je n'avais qu'une heure, où sinon je resterais pour toujours à ses côtés, des boutons à la place des yeux. J'acceptais le marché, et partie à la recherche des yeux. Je trouvais facilement les deux premiers: l'un était dans le jardin, gardé par mon Autre Père devenue une sorte de courge, et qui mourut en essayant de m'aider et d'être libéré de la coupe de sa terrible créatrice, et l'autre était chez mes vieilles voisines changées en femmes bonbon, qui faillirent bien m'avoir si je n'avais pas usée de mon intelligence et de ma débrouillardise. A chaque fois, j'avais réussi à voir la vérité grâce à la pierre offerte pas mes véritables voisines. C'est d'ailleurs pour ça que les souris devenues rats de l'Autre Mr Bobinsky me volèrent la pierre. J'eu beau réussir à éliminer tous les rats, un seul réussit à fuir avec l'œil du dernier fantôme. Désespérée, je sentis les larmes me monter aux yeux... avant que le cadavre d'un rat ne tombe devant moi. Le chat était là, et il jouait avec ce qui représentait l'œil d'un des enfants. Mais le temps n'était pas aux réjouissances, car le jardin et tout ce qui entourait la maison se désintégra. J'eus juste le temps d'attraper l'œil et le chat et de foncer dans la maison. L'Autre Mère m'attendais, le visage craquelée et changée en une sorte de femme araignée. Il ne me restait plus que deux minutes pour trouver mes parents, ou je terminerais à ses côtés pour toujours. Me concentrant quelques secondes, j'entendis des drôles de bruits venant d'une boule de neige en verre, sur le rebord de la cheminée. Mes parents y étaient enfermés. Je fis savoir à l'Autre Mère que j'avais gagné. D'un claquement de doigt et un vilain sourire sur son visage craquelé, elle fit disparaître les yeux et les petits êtres qu'étaient devenus mes parents en me promettant qu'ils étaient sauvés. Mais que moi, elle ne me laisserait pas partir. Alors qu'elle se jetait sur moi, je couru jusqu'à la cuisine et attrapa un couteau digne d'appartenir à un boucher. En rageant, l'Autre Mère frappa le sol de ses pattes et nous fit tomber dans une toile d'araignée immense. Elle tenta de m'attraper, mais je plantais le couteau dans son corps monstrueux. Tandis qu'elle poussait des cris de rage, je remontais la toile et retrouvais le chat dans le tunnel. Alors qu'elle hurlait de ne pas la laisser, je sortie avec mon compagnon à quatre pattes par la véritable porte, vers la liberté et vers mes parents...
Mais l'Autre Mère avait gagnée, finalement. Car je m'étais retrouvée dans une forêt, dans le monde des Contes. Et je ne pouvais plus revenir en arrière, la petite porte semblant s'être tout simplement volatilisée. Et quand je voulu en parler au chat, je découvris un homme d'une trentaine d'année à la place. Mon ami le félin était en réalité l'une des victimes de la sorcière, qui avait été changé en chat pour avoir trahie son ancienne maîtresse. Et je l'avais sauvé en l'emmenant avec moi. Chouette, j'avais au moins fait une bonne action....

Voilà comment moi, Coraline Jones, douze ans, me retrouvait orpheline et coincée au pays des contes de fée, protégée par un homme croisé chat et avec une seule envie en tête: me venger.


Je découvris une passion dans cette nouvelle vie: la chasse. Les monstres n'étaient pas que des histoires ici, alors je me mis en tête de les exterminer, en compagnie de mon acolyte, le chat qui ne l'était plus. Il est d'ailleurs devenu mon meilleur ami, même si il arrive qu'il partage mon lit, et pas parce que je fais des cauchemars.
J'ai changé. La petite fille curieuse est devenue une femme, une vraie, au caractère parfois un peu trop violent. J'aime me battre, et j'aime la sensation que j'éprouve quand je tue un monstre. C'est morbide et excitant, j'adore ! Je suis toujours mon arbalète adorée à la main, des armes dissimulées un peu partout sur moi. Je ne suis rassurée que quand je suis en contact avec elles. Des sortes de peluches de la mort...
J'ai sauvé beaucoup de vie, mais je ne me considère pas comme une héroïne. Je fais ça par plaisir, pas par bon cœur. Je ne sais pas si l'Autre Mère est morte, je pense que non. Alors j'aimerais finir le boulot.
En attendant, je gagne de quoi survivre en me faisant payer pour abattre quelqu'un. Oui, pas que des bestioles, mais aussi des personnes. Ce n'est pas difficile. Même si il m'arrive de refuser une offre.
J'ai beaucoup voyagé, j'ai découvert quasiment tous les royaumes, et j'ai rencontré beaucoup de monde. Finalement, je n'ai pas à me plaindre de ma vie. Si je n'avais pas franchie la petite porte, je n'aurai jamais découvert d'autres horizons. Mais bien entendu, pour une fois que j'étais un minimum heureuse, malgré les coups reçus et les menaces de morts, on me retira à nouveau ceux que j'aimais.  

Normalement, j'aurai du être emportée, mais c'est mon fidèle ami et amant qui me sauva. Même si je l'avais sauvé de sa forme animale, il avait toujours de sacrés pouvoirs. Assez en tout cas pour éviter d'être envoyé ailleurs par la Méchante Reine. Mais il me sauva en m'offrant sa place. J'avais eu beau lui interdire, il le fit sans ma permission. Alors quand il disparu, je n'avais qu'une idée en tête: le retrouver. Je suis de nouveau sur les routes, avec mon arbalète, et prête à tout pour sauver mon binôme. Je ne suis pas la seule à avoir été épargnée, alors j'espère bien m'allier à certains. Même si il y a un prix à payer, n'est-ce pas ?
En tout cas, je ne me laisserais pas faire. Une autre sorcière de va pas de nouveau me pourrir la vie. J'ai grandie, je ne suis plus une fillette sans défense. Alors qu'on se méfie de moi, je n'hésiterais pas une nouvelle fois à faire couler le sang.
Mais pour le moment, je dois trouver mon chat perdu. Et pourquoi pas en rejoignant cette ville maudite, Storybrooke ? Il doit bien y avoir un moyen...