Deux jours. Ca faisait déjà deux jours que Vlad avait retrouvé sa fille. Il avait du mal à croire que tout ça n’ait pas été qu’un rêve, car il avait en effet souhaité ardemment ces retrouvailles de longues décennies, voire de longs siècles. Il fallait à présent qu’il s’habitue à l’idée d’avoir retrouver sa fille. D’avoir physiquement un âge similaire au sien. De ne pouvoir déclarer à tout le monde que son clan était enfin au complet. Mais il s’y faisait, tout comme il s’était fait à l’idée de redevenir un humain. Ce qui en soit était plutôt fun : il était sensé être mort, en tant que vampire. Et donc, ne pas avoir un cœur qui battait. D’ailleurs, c’était une drôle de sensation. Et encore plus à présent que son côté vampire commençait à ressortir. Parfois, il lui arrivait de sentir son cœur battre, d’entendre ses pulsations, de ressentir le sang qui s’y écoulait. Déroutant, réellement... Pas gênant cependant. Juste emmerdant. Il fallait qu’il règle ce problème au plus vite. Etre humain, c’était mortel.... Sans mauvais jeu de mots, bien entendu. Ou si, en fait, évidemment qu’il y avait un mauvais jeu de mots. Parce qu’on parle de Vlad, alias Dracula. Parce qu’on parle de Mircea, le séduisant médecin urgentiste. Parce qu’on parle d’un sadique, psychopathe, sociopathe et tortionnaire. Bon, j’avoue, on pourrait mettre encore une bonne dizaine de mots à la suite, ça ne serait pas suffisant pour décrire à quel point Vlad n’était pas à sous-estimer à cause/grâce à sa gueule d’ange... Qu’il était ironique de se dire que ce bourreau, sans doute l’un des plus grands meurtriers qui ait existé/qui existe, sauvait des vies à Storybrooke. Et continuait d’en sauver à présent !

D’ailleurs, pour en revenir à ce vendredi, Vlad (enfin, Mircea, mais il se voyait comme Vlad depuis toujours...), venait de réussir une très lourde intervention sur un blessé de la route. Un étranger de la ville par ailleurs. Journaliste d’après ce que Vlad avait entendu dire. Intéressant cela, Vlad détestait les journalistes... Il suffisait de voir le sort qu’il avait réservé au dernier qui avait osé croiser sa route. Et l’interroger sur son identité réelle... Lestat, le chien de Vlad, s’était fait un plaisir de le bouffer.... Les remakes d’Entretien avec un vampire n’était que bien peu apprécié par Dracula... Cependant, et allez savoir pourquoi, aujourd’hui, il avait sauvé un gratte-papier. Bon, si vous voulez savoir pourquoi, c’était juste parce que Vlad se doutait de la raison de la présence du fouineur dans la ville ! La même raison qui faisait que beaucoup d’étrangers débarquaient ici : la curiosité. La levée de la malédiction avait visiblement engendré bien plus de choses que Regina n’aurait pu le prévoir. Et c’était tant mieux, à vrai dire, cela ajouterait de l’action dans les mois à venir. Sans oublier que ça... amenait du sang neuf !

Après cette intervention, il était parti se reposer : on dit merci les horaires infernales en urgences, qui vous imposait de longues gardes. Les lits des salles de repos étaient inconfortables, mais Vlad s’en contentait. Enfin, aujourd’hui, il s’en était contenté, mais en charmante compagnie.... Bon, il avait dormi quand même, mais pas toute la durée de sa pause....

Le charmant roumain devait sortir cependant du lit, son travail allait recommencer dans une vingtaine de minutes, et il avait envie de se dégourdir les jambes. Après s’être rhabillé, sans un bruit et un regard envers la jolie infirmière qui dormait encore, il sortit de la salle. Quelques minutes plus tard, il eut l’agréable surprise de se faire bousculer par Serena. Enfin, Mina. Une jeune femme qu’il avait méprisée dans leur autre monde. Et avec laquelle il s’était amusé à flirter ici. Le vampire s’apprêtait à réagir aux excuses bafouillées par Serena, mais n’en eut pas le temps, celle-ci sembla... perturbée en voyant qui elle avait percutée. Les sourcils du roumain se froncèrent, inquiets. En apparence, du moins. En réalité, elle pouvait très bien mourir devant lui, il ne réagirait pas. Enfin non, il l’achèverait le plus lentement possible, et, de préférence, devant les yeux de son fiancé ! Mais l’heure de réaliser ce petit plan très gentil n’était pas encore arrivé. Il comptait bien jouer avant... Cependant, vu la réaction de la brunette, la récréation était terminée : elle semblait avoir peur de lui.... Saurait-elle qui il est ? John le lui aurait-il avoué ? Ca ne serait guère surprenant après tout ! Cela faisait plusieurs semaines que la malédiction s’était dissipée, et que les mémoires avaient été rendues !

Alors que la jeune femme se pressait de s’éloigner de lui, un sourire, cruel et froid, se dessina sur les lèvres du roumain. Profitant, pour cela, du fait qu’ils se tournaient le dos. Toujours de dos à elle, d’ailleurs, il prit la parole. Bon orateur et comédien, il prit soin à donner à ses mots un ton inquiet et doux. Alors qu’intérieurement, il jubilait.... « Serena ! Attends... J’aimerai comprendre... ». Il fit alors volte-face, son front barré d’un pli anxieux. Alors qu’intérieurement, il jubilait. Se délectait du doux fumet de vengeance arrivant à terme qui se dégageait de la situation. Savourant le moment comme un gourmet dégusterait un excellent plat préparé par le meilleur des chefs étoilé au monde ! « Pourquoi tu me fuis comme ça ? J’ai fais quelque chose de mal ? ». Oh, il en pleurerait presque, de la perfection de sa prestation ! Il avait une douceur dans la voix, une innocence, une culpabilité... Tout ça frôlait la perfection la plus complète ! « Et ne me mens pas, je vois bien que quelque chose te perturbe.... Avant, on... Parlait bien... ». Et cerise sur le gâteau : un léger trouble, tout ce qu’il y a de plus chou et craquant, concernant son incapacité à définir leur relation... Oh oui, avec elle, il s’était contenté de jouer, de flirter, sans chercher à aller plus loin. Juste pour faire en sorte qu’elle l’apprécie. Qu’elle songe réellement à se donner à lui un jour. Il était pire, à son sens, qu’elle ait fantasmé sur lui, plutôt qu’ils aient réellement franchi le cap. Car il aurait réussi cet exploit sans manipulation mentale. Outre que ses charmes !

Fichue enveloppe charnelle à moitié développée, avec des capacités tronquées de simple mortel.... Vlad détestait être limité par ce qu’un être humain pouvait percevoir ! Comment pouvaient-ils supporter de ne rien pouvoir faire ? Dieu qu’il avait hâte de redevenir vampire (oui, ça n’est pas parce qu’il à nouveau mortel qu’il avait perdu son ironie au sujet de l’existence ou non d’une telle Divinité !). Cependant, il retrouvait peu à peu certaines qualités vampiriques, et ça l’enchantait au plus haut point. Sans ça, il n’aurait jamais pu profiter de l’arôme de peur que dégageait Serena. Elle était aussi effrayé qu’une gazelle face à un loup : Dieu que l’image plaisait à Vlad. Cependant, d’une, ça n’était pas l’heure pour lui de la tuer, et de deux, il y avait trop de monde. Sans oublier le plus important : quitte à la tuer, il voulait se régaler de son sang. Et pourquoi pas la transformer, et faire d’elle une autre de ses épouses ? Ca mettra un sacré coup au moral à son crétin de fiancé, n’est-ce pas ?

Du regard, Vlad s’amusait à interroger Serena, comme le crétin qu’il prétendait être, le sombre imbécile qui ne comprenait vraiment pas pourquoi la jolie brune le fuyait ! Il pencha la tête sur le côté alors qu’elle tâchait de lui expliquer la situation, tout en restant très évasive. Du moins, elle semblait l’être, car plus le temps passait, et plus le roumain voyait ses soupçons, il suffisait d’être un tant soit peu observateur. Lentement, il hoche la tête lorsque l’infirmière lui fait savoir qu’elle n’est pas d’humeur à parler. Oh que oui, il le comprenait aisément, si elle savait qui il était, à présent, elle allait le fuir, en permanence. A moins qu’elle ne s’interroge sur le mystère de savoir un Dracula capable de se balader en pleine journée. Cependant, une question intrigue Vlad : si, comme il le pense, Jonathan a tout avoué à sa fiancée, pourquoi celui-ci n’a-t-il pas tenté de s’en prendre au vampire ? Avait-il perdu tout son semblant d’intelligence avec la malédiction, pour ne pas réaliser que Dracula ne pouvait être resté un vampire du fait de l’absence de magie en ce monde ? Qu’il était étrange de voir Vlad se balader dehors, peu importe l’heure et le temps ? Cependant, l’ancien chef militaire n’allait pas s’en plaindre, c’était tout à son avantage pour l’heure : pourvu que ça dure !

L’homme redressa son visage correctement lorsque Serena s’approcha de lui. Qu’il était amusant de jouer l’homme perdu, tout en étant plié de rire intérieurement ! Qu’il aimerait se dédoubler par moment, pour pouvoir jouer ainsi la comédie, tout en profitant du spectacle, d’un point de vue extérieur ! Il devait être encore plus brillant qu’il le pensait, c’était même incontestable, selon lui ! Cerise sur le gâteau : il esquissa un petit sourire lorsque Serena repris la parole, visiblement plus détendue. Convaincue, sans nul doute, par la comédie que lui servait son interlocuteur. Celui-ci fronça les sourcils en entendant le prénom d’Elijah. Il se demandait prétendument ce que l’autre homme avait pu dire à Serena pour l’affoler autant, alors qu’il avait une très grande idée, dans les faits, de ce qui c’était dit. Il poussa un soupir sur la fin du discours de Serena, avant de prendre la parole à son tour, ne détournant pas son regard de la jeune femme, qu’il contemplait toujours avec une lueur d’inquiétude et de tristesse dans le regard. Grandiose acteur, j’vous le dis ! « Je comprends. Enfin... Je crois... Mais... » Il fronça à nouveau les sourcils, alors que, d’un geste hésitant, il leva le bras pour poser doucement sa main sur le bras de Serena, resserrant doucement sa main autour de son bras. Comme un ami pourrait le faire pour manifester son soutien à un autre ami. Comme s’il craignait réellement d’effrayer la jolie infirmière, il ôta bien rapidement sa main pour la laisser reposer mollement le long de son corps. « Je sais qu’on ne se connaît pas beaucoup, au fond, mais... Tu peux compter sur moi, si t’as besoin de parler, tu le sais hein ? ». Il était vrai que s’ils avaient beaucoup flirtés, ils n’avaient pas vraiment beaucoup parlés d’eux, du moins, sans rentrer dans les détails. Vlad avait juste raconté ce qu’il disait à chaque fois au sujet de son passé : il était né en Transylvanie, qu’il avait perdu très tôt ses parents dans un incident domestique, pour être finalement adopté à 12 ans, après avoir passé des années dans un orphelinat sordide. Le sombre épisode sur l’état de sa famille adoptive, il ne l’avait nullement raconté, ayant juste laissé à entendre que ça n’avait pas été idyllique... Il s’était toujours braqué lorsque la jeune femme tâchait de le faire parler de son père adoptif, juste assez pour lui donner l’occasion d’imaginer les pires scénarios qui soit, afin d’avoir sa compassion plus facilement. Le reste de ses aveux avaient été d’un banal affligeant, selon lui : l’enfant avec une vie merdique qui désire devenir un adulte utile pour les autres. « Alors... Je veux pas que tu te sentes obligée de me dire ce qui t’inquiète, mais si tu pouvais juste éviter de prétendre que tout va pour le mieux dans ta vie, ça serait parfait. ». Il termina sur un léger sourire, un peu hésitant, en apparence du moins, quant au fait qu’il devait ou non continuer, car il semblait visiblement désireux de s’exprimer à nouveau. « J’espère juste que.... Au vu des derniers événements, ça ne changera rien à notre relation, parce que t’es vraiment quelqu’un que j’apprécie. ». Il poussa un soupir, secoua la tête, pour détourner le regard, gêné, avant de tourner les talons, faisant quelques pas pour s’éloigner de la jeune femme. « Réfléchis juste à ça ! », lança-t-il, comme s’il lui laissait vraiment le temps de réfléchir à la situation, et qu’il n’était pas tout simplement en train de se jouer d’elle !