Je suis quelqu'un de bien ! J'vous le jure !

Je suis assise en-dessous d’un lampadaire, une bouteille de bière dans ma main droite, si ne lui avais pas proposé cette fichue balade, elle serait à mes côtés ce soir et on rirait, plaisanterait, discuterait, boirait ensemble, comme avant, sans se soucier de rien. Je pousse un reniflement et secoue ma tête pour faire évacuer ses larmes. Ne pas pleurer. Il faut que j’arrête de pleurer à chaque fois que je pense à elle, à nous prise dans l’arrière-boutique du bar de mon père, j’ai apporté plusieurs packs de bières, mais il n’en reste plus grand-chose en faites … ça a été partagé entre les jeunes qui sont venus. Venus pour ? Ça je n’en sais rien, ou peut-être je ne le sais plus. J’appuie l’arrière de ma tête contre le lampadaire et boit une gorgée. Avant, je venais avec ma meilleure amie, Mia, mais ça c’était avant que la Malédiction soit brisée, avant que Mia et moi allions nous balader à cheval et que son cheval s’emballe et qu’elle tombe. Elle ne se souvient plus … plus de qui elle était avant – mais ça au fond je m’en fous un peu – et de notre amitié. En pensant à cela, je sens les larmes me monter aux yeux et les ferme. Tout ça c’est de ma faute. Je n’aurais jamais dû lui proposer qu’on aille se balader pour qu’on parle des derniers événements.

Je bois la fin de ma bouteille et la pose à côté de moi, je trouve rapidement ma dernière bouteille de bière, je l’ouvre et en avale une gorgée, fermant de nouveau les yeux. Au final, je n’aurais pas dû venir, j’aurais dû rester chez moi, dans mon lit à lire des bds ou des mangas, ou à surfer sur internet. Sans Mia c’est beaucoup moins bien, beaucoup moins drôle. Elle me manque tellement … et puis, elle m’a pris pour une dingue quand je lui ai parlé de la Malédiction. Je rouvre mes yeux quand j’entends un bruit que je connais que trop bien, du verre qui se casse, je rouvre précipitamment les yeux. C’est quoi ces conneries ? Je vois un peu plus loin quelques jeunes qui se mettent à casser des voitures, allez savoir pourquoi ! Bordel ! Je savais que je n’aurais pas dû me ramener. J’ai bien envie de leur gueuler d’arrêter, que nous ne sommes pas des sauvages. Un truc dans le genre … mais je pousse un simple soupire et continue à boire ma bouteille. Je m’en fous que si je leur dis ils viennent vers moi pour me « régler mon compte », je sais me défendre, ici j’ai appris à me défendre à mains nus, dans les contes je sais me battre avec des armes. J’ai déjà combattu plusieurs personnes. Mais je n’ai simplement pas envie d’ouvrir ma bouche pour leur gueuler dessus, c’est leur problème pas le mien. Si ça les amuse de tout casser c’est leur problème.

Je me laisse aller dans mes pensées quand j’entends des bruits de pas précipités. Ah ! Ça bouge ! Euh … pourquoi ça bouge ? Je fronce les sourcils et tourne mon regard émeraude vers les jeunes qui étaient avec moi et qui se … dispersent ? Attendez … s’il y a dispersion c’est qu’il y a … Emma ! Raaah ! Je le savais je n’aurais pas dû me pointer ! Je me lève précipitamment, je finis rapidement ma bouteille et me met à partir en courant de mon côté, rabattant au plus vite ma capuche noire, balançant ma bouteille de bière derrière moi. Il faut que je me tire en espérant qu’elle ne soit pas encore là, que juste certains un peu plus haut dans la rue l’ai vu se ramener et soient partis en courant, un peu comme pour donner l’alerte. Et pitié qu’elle ne met pas vu et que si elle m’a vu elle s’occupe d’un autre. Faut que je me tire d’ici au plus vite. Si je reste là, je suis dans la merde. En faites, si elle m’a vu et qu’elle me poursuit, je serais aussi dans la merde. Si elle me poursuit, eh bien qu’elle n’utilise pas sa voiture pour me poursuivre car sinon moi je ne vais pas tenir plusieurs rues ! Je cours vite, mais pas aussi vite qu’une voiture. Je ne me soucie pas du cas des autres, là, je m’occupe plus de moi et de me barrer d’ici. Pour l’instant, je ne cherche pas à savoir où je vais. Ce que je veux surtout c’est m’éloigner le plus de ce coin et le plus rapidement possible. Après je verrais où je suis et comment je fais pour rentrer chez moi ou si je dois … adapter à la situation.

Le lièvre et la tortue ...

Courir. Pour moi c’est la seule solution que j’ai trouvé. Peut-être un réflexe de prendre la fuite quand Emma débarque ? Alors que je cours, je ne sais pas si je lui ai déjà fait le coup de prendre la fuite. Ah si … si si ! J’ai déjà pris la fuite à plusieurs reprises et d’autres fois non, là je devais être trop bourrée pour courir. Bon, ça se finit toujours au commissariat, la nuit en taule et moi qui me doit de l’entendre me poser ses fichues questions au matin. Mais peut-être que cette fois-ci j’ai une chance ? Oui je sais, c’est ce que je me dis à chaque fois mais cette fois-ci je pense vraiment avoir une chance de réussir à déguerpir. Je ne vais pas rester planter là alors que je suis en capacité de courir. Même si je dois avouer que je ressens un peu les effets de l’alcool et j’ai dû mal à réfléchir.

Alors que j’entends sa voix derrière moi, j’ouvre grands les yeux. Et merde ! Elle ne veut pas poursuivre une autre personne pour une fois non ? Je lui ai fait quoi moi ? Hein ? Rien ! Je lui ai rien fais ! J’accélère donc l’allure sans peine. Voyons voir si elle arrive à tenir le rythme ! Je ne vais pas me faire prendre comme ça. Un sourire naît sur mes lèvres quand il me sort « Bon sang, arrête toi. » Ça tiens pas le rythme derrière ? Je garde le même rythme alors que je dérape sur ma gauche pour rentrer dans une nouvelle rue et que ma capuche tombe. Je m’en fous que celle-ci tombe, elle sait que c’est moi alors ça ne sert à rien de la remettre. J’essaye d’organiser mes pensées mais ce n’est pas facile avec tout cet alcool que j’ai ingurgité. Où est-ce que je suis ? Où je vais ? Je ne m’en souciais pas au début. Mais maintenant que je sais qu’elle me poursuit, j’aimerais savoir où je vais. Je connais par cœur cette ville, mais là, je dois avouer que je suis perdue. Une idée germe dans ma tête : le parc ! Là-bas j’ai une chance de la semer. C’est grand, y a des arbres et je pense être en capacité de tenir le coup. Et puis, je pourrais me cacher dans le noir, derrière un buisson jusqu’à ce qu’elle abandonne. Oui ! C’est une bonne idée ! Maintenant il faut que je me rappelle comment j’y vais au parc :

« Ça va derrière ? Ça tiens le coup ? Si t’arrives plus à suivre tu peux t’arrêter Emma, il n’y a aucun soucis sur ça ! Je ne t’en voudrais pas le moins du monde ! » dis-je d’une voix moqueuse

De la provocation ? Mais nooooooooon ! Ce n’est pas du tout mon genre … si si je vous jure ! Bon, je sais aussi, que si elle m’attrape je vais changer de ton tout de suite. Non mais sérieux quoi ! Qu’est-ce qu’elle a à me courser toujours ? Je lui ai fait quoi ? Après avoir tourné à plusieurs reprises, à droite, à gauche. Allez savoir où je vais. J’aimerais bien me diriger vers le parc, il faut que j’aille vers le quartier eldorado, mais j’ai vraiment dû mal à organiser mes pensées, mon esprit est brumeux. Je bats des paupières dans l’espoir de reprendre mon esprit, rien à faire, j’ai trop bu. Fais chier ! Je vois une sorte de grillage. Ça existe ça ici ? Et merde ! Bon. Ce n’est pas un pauvre grillage qui m’arrêtera, j’ai quand même gravi la Montagne Pointue et ce grillage n’est rien face à la Montagne Pointue :

« Emma, il y a un grillage. Je fais quoi ? »

Pourquoi j’ai sorti ça alors que je sais que je vais la grimper cette grille que j’approche à grands pas ? Ça je n’en sais rien. C’est sorti comme ça. Je me doute qu’elle va me dire de m’arrêter un truc comme ça. Mais je ne le ferais pas. Je suis assez près des fils métalliques pour les agripper. Ainsi donc, je m’accroche et me met à grimper. Y a plus qu’à espérer que j’ai le temps de le grimper ce grillage et de passer de l’autre côté. Elle ne va pas grimper à ma suite. Enfin je l’espère. C’est peut-être bien ma porte de sortie. Je peux peut-être éviter de finir ma nuit en cellule de dégrisement et avoir à mon réveil ses questions chiantes et ses sermonts.

Je vais y arriver ! Je vais ... et bah non ... encore une fois perdue ...

Courir. Garder espoir qu’elle ne m’attrape pas, alors qu’à chaque fois c’était la même chose. Je courais, elle me coursait, elle m’arrêtait et je passais la nuit au trou, parfois un peu plus. Cette même rengaine. Mais ne dit-on pas que l’espoir fait vivre ? Et puis, cela m’amusait en même temps de la faire courir. Même si ce n’était plus comme avant. Avant, il y avait Mia. Ma très chère Mia. On passait quelques nuits de temps à autre, ensemble en cellule. Mais maintenant, il n’y a plus Mia, il n’y a plus que moi, rien que moi Malory ou plutôt Mérida. Je ne sais pas trop en faites … ce que je sais c’est que je cours et qu’Emma me court après. Peut-être que ce coup-ci, je réussirais à lui échapper ? Elle n’est pas du genre à abandonner, moi non plus. Mais c’est vrai qu’au fond, ça serait plus facile de m’arrêter et de la laisser m’embarquer. Mais je continue à courir avec l’espoir de lui échapper. Sait-on jamais.

Je l’écoute donc me répondre. Me le faire payer ? Oui ça je le sais et de-là, un petit sourire en coin naît sur mes lèvres. Et puis, ce « quelqu’un » qui a besoin de compagnie en cellule, c’est Wyatt. Un peu plus, là, je m’arrêterais et me retournerais. Wyatt en cellule, c’est le pied ! On va être deux contre Emma qui sera seule. Je vais pouvoir me venger sur le fait qu’elle m’ait attrapé ! On n’en est pas encore là et puis, ce n’est peut-être pas si sûr que ça qu’elle m’attrape ce soir. Ce soir j’ai peut-être de la chance. Sait-on jamais ! Alors je cours, je cours pour lui échapper, en espérant réussir ce coup-ci :

« Mais j’ai rien fait pour une fois Emma ! Ça ne sert à rien ! Lâche-moi ! Je vais porter plainte pour harcèlement ! Y en a marre que tu me courses à chaque fois ! Y en a d’autres ! Et même si Wyatt il est en taule, ce n’est pas une raison pour vouloir m’y envoyer aussi ! »

Moi, j’ai d’excellentes notes en sport. Moi, je fais les meilleurs temps en courses. Alors pourquoi, elle arrive à chaque fois à me rattraper ? J’aimerais bien lui balancer quelque chose du genre « Je suis la liberté moi madame ! » ‘fin sans le madame. Je n’aime pas ça. Elle me saoul à vouloir à chaque fois me mettre en taule. Pour une fois que j’ai le droit de sortir, elle me tombe dessus. Sérieux, qu’est-ce que je lui ai fait à la fin ? Parce que là, si ma mère apprend et elle va l’apprendre ! Que j’ai passé la nuit en cellule ça sera foutu pour les sorties durant les prochaines semaines. Déjà qu’elle a été sympa de bien vouloir me laisser sortir ce soir alors si je me fais chopper, je peux dire adieu à mes autorisations de sortie. Bon en même temps, ce n’est pas ce qui m’arrêtera de sortir mais quand même …

Je décidais donc de tenter le tout pour le tout et d’essayer d’escalader le plus rapidement possible ce grillage malgré ce qu’Emma venait de me sortir et qui sonnait à ce moment-là comme une menace à mes oreilles. Que se passerait-il si je sautais de ce grillage ? J’avais des doutes sur le fait qu’Emma essaye d’escalader le mur en ferraille et le temps qu’elle l’escalade, je serais bien loin, car hors de question que je l’attende ! Sauf que voilà, je ne pus aller bien haut sur ce mur de fer, que je sens qu’on me tire la cheville et je tombe quasiment par terre en poussant un cri de surprise. Et merde ! Voilà, chopée ! Encore une fois …

J’aurais quand même essayé. Même si une nouvelle fois j’ai perdu. A peine remise sur mes pieds qu’elle m’attrape le bras et me tire derrière elle. Mais c’est qu’elle veut m’arracher le bras ou quoi ? Ça fait mal ! Je suis donc contrainte de la suivre de force et l’écoutais me parler. Ce petit jeu ? Oooh on va y jouer encore longtemps ! Même si tu m’attrapes à chaque fois tu finiras bien par te lasser un jour ou l’autre et me laisser aisément filer. Je ne suis pas prête d’arrêter ! Oh que non ! Mon comportement ? Non, il ne m’épuise pas. Je m’aime bien comme je suis, rebelle. Dans les contes, je devais bien être l’une des seules ou la seule princesse à ne pas vouloir de son statut de princesse, je crois même sans vouloir me vanter que j’étais connue pour mon tempérament, mon désir de liberté, pour enfreindre les règles, pour ne pas vouloir être une princesse digne de ce nom. Mais je suis comme ça, je suis Mérida :

« Lâches moi Emma ! Mais merde à la fin tu vas me lâcher ! Tu me fais mal ! Je te dis que tu me fais mal ! Arrêtes toi ! T’es contente ? T’as encore une fois gagné ! Bravo Emma ! Bravo ! Maintenant lâches moi tu me fais mal ! » dis-je en essayant de lui enlever un par un ses doigts, quoi ? J’essaye de la faire lâcher prise, c’est qu’elle sert fort !

Je ne pense pas que j’irais bien si elle lâchait sa prise et que je m’en fuyais, alors non, je ne fuirais pas de nouveau. Je vais passer gentiment ma nuit en cellule de dégrisement ou cellule tout court et demain, j’aurais droit à ses questions, ses paroles, dès le réveil. Puis je demanderais à MJ de venir me sortir de là et à moi de nouveau la liberté. A moins que ce coup-ci j’y reste un peu plus longtemps que prévu … Bien sûr, je me doute qu’elle doit se dire dans sa tête que si elle me lâche je vais fuir et je penserais la même chose qu’elle si jetait à sa place. Mais soyons logique, je n’aurais aucune chance d’aller bien loin et là, pas de quartier.

Dans une autre vie tu as du être de la super glue !

Était-ce dû au hasard qu’elle soit là ce soir ? Pourtant il est tard. Minuit passé je crois. Je sais je sais, je devrais être couché depuis longtemps mais j’ai eu droit de sortir et d’aller faire la fête avec mes amis. Enfin, je ne peux pas vraiment les appeler « amis » nous ne sommes ensemble que pour la nuit, pour boire et faire la fête, sinon je ne peux pas vraiment les appeler amis, nous sommes quasiment de tout âge, je ne les fréquente pas durant la journée et il n’y a qu’un ou deux que je apprécie, pas plus. Les autres, je ne ressens rien pour eux, ils servent juste à apporter la boisson rien de plus, comme moi cette fois-ci où j’ai apporté mes packs de bières. Et puis, le plus souvent la nuit ne se finit pas ensemble mais dispersés et moi, en taule. Pourquoi moi ? Pourquoi toujours moi ? Qu’ai-je donc fait pour qu’elle soit toujours sur mon dos ? Est-ce dû au fait que je sois rebelle ?

Ce n’est pas parce que quelqu’un a été rebelle un jour qu’il est forcément comme moi, qu’il peut me comprendre. Emma pense pouvoir me comprendre mais elle ne pourra jamais me comprendre. Elle n’a pas vécu ce que j’ai vécu. Elle croit me connaître mais elle ne sait quasiment rien de moi. Elle sait juste ce que je suis ici, une lycéenne rebelle au tempérament de feu, mais elle ne sait pas ce que j’ai été dans le monde des contes. Même si elle vient de notre monde je considère tout de même qu’elle n’en vient pas vraiment, qu’elle n’appartient pas à ce monde mais à ce monde où nous sommes actuellement. En même temps, elle a grandi ici … elle est juste née là-bas et a grandi ici. Moi, je suis née dans les contes, j’y ai grandi et j’y ai vécu. Je me considère des contes même si je dois l’avouer depuis que la malédiction a été brisée je suis un peu perdue. J’ai du mal à savoir qui je suis. Suis-je Malory, habitante de Storybrooke, lycéenne rebelle, ou Mérida, première descendante du clan Donbrock, princesse rebelle, ayant un talent d’archère, ayant transformé ma mère en ours et ayant rencontré par deux fois cet ours dénommé Mor’Du ayant arraché la jambe de mon père à notre première rencontre ? C’est assez difficile de penser que mon père a une jambe en moins, certes il boite mais il n’a pas de jambe en bois …

Je sais que cela peut paraître stupide qu'à chaque fois qu’Emma me course j’espère pouvoir lui échapper, c’est de l’espoir, comme quoi l’espoir fait vivre non ? Elle m’attrape à chaque fois. Je ne crois pas me souvenir d’une fois où je lui aurais échappée. Elle est du genre têtue, à ne pas lâcher le morceau, coûte que coûte. Je l’aurai certainement à l’usure, un jour ou l’autre elle finira par abandonner. Peut-être qu’à ce moment-là ça me manquera ces poursuites que nous avons la nuit :

« Emma, crois-moi ! J’y suis pour rien ! J’ai rien fait aux bagnoles ! Moi j’étais sous le lampadaire ! Je te le jure ! Y a aucune raison que tu me courses ! » ah oui c’est vrai … quand on porte plainte c’est auprès du shérif et Emma est le shérif et shit ! « Je m’en fous ! Je trouverai un truc pour que t’arrêtes de me coller aux basques ! Tu te trompes de personne en me coursant après Emma. Je n’ai rien fait, rien, j’étais juste assise sous un lampadaire. J’ai rien cassé ! » un jeu ? Mais qu’est-ce qu’elle me raconte celle-là ? Peut-être que pour elle c’est une sorte de jeu ou quelque chose dans ce genre de me courser après, mais sérieux, moi, ça ne m’amuse pas, j’aimerais bien qu’elle me lâche ! « Tu ne sais rien Emma ! Rien ! Tu crois savoir mais tu ne sais rien de moi ! Alors arrête de croire que tu sais de quoi tu parles, ce n’est pas parce que tu as été rebelle un jour qu’on se ressemble. Mais bon, ça je ne pense pas qu’un jour tu arriveras à l’assimiler Emma. »

Je pense que si j’avais pris le risque de grimper sur la benne à ordure collée au grillage, j’aurais pu m’échapper plus facilement. Je n’aurais eu qu’à grimper juste un peu et j’aurais pu passer par-dessus sans difficulté. Et à moi la liberté ! Pourquoi j’oublie à chaque fois ce genre de détail, ces choses qui pourraient tant m’aider ! Raaah ! Bah j’y penserai la prochaine fois. Y aura plus qu’à retrouver le chemin et espérer que la benne y soit toujours et au même emplacement, car là, j’aurais l’air tellement débile si je me fais avoir sur ce coup.

Je l’observe, mon regard couleur émeraude planté dans le sien, elle ne m’impressionne pas, ne me fais pas peur. Elle ne comprend rien à rien sérieux ! En même temps je peux un peu la comprendre sur le fait que je lui demande de lâcher mon bras, mais elle me sert vachement fort. Je serre les dents alors que j’encaisse tout ce qu’elle me dit, mon regard planté dans le sien. Il faut que je garde mon calme, je boue de l’intérieur, mais il faut que je garde mon calme. Ça va pas être facile de lui faire comprendre qu’elle me fait mal je crois. La diplomatie n’est pas mon fort, c’est ma mère qui s’y connait en diplomatie. Moi j’ai plutôt hérité de l’impulsivité de mon père. Alors qu’elle finit de me parler, j’explose, pourtant j’ai essayé de me maintenir je le jure :

« Je te demande juste de me lâcher car tu me fais mal. T’arrives à le comprendre ça que tu me fais mal ? Tu vas me péter le bras ! Et puis, y a pas de risque que je puisse prendre la fuite ou voudrais-tu que j’aille ? Je ne pourrais pas faire deux pas que tu m’auras déjà rattrapé. Je te demande juste que tu me lâches ou desserres un peu, car tu-me-fais-mal !!! Ton fils … » je lâche un petit rire avant de reprendre « Ne me prends pas comme prétexte Emma ! Tu as vu l’heure ? Si tu voulais tellement être avec ton fils, ta famille, tu y serais et tu ne serais pas là avec moi. Tu aurais été avec eux et non dans les rues. Et si j’ai fui, c’est peut-être parce qu’avec toi t’apportes toujours les emmerdes, alors j’ai préféré me barrer en espérant que t’arrêtes d’être obsédée sur le fait de vouloir à tout prix me mettre en cellule. Je te le répète Emma, j’ai rien fait, j’étais juste assise sous un lampadaire. Mais bon forcément avec toi je suis coupable hein ?! Me rendre vivante ? Pourquoi ? C’est ce que tu ressentais quand tu étais comme moi ? Car si je ne me trompe pas, tu as bien fait de la taule aussi Emma. Tu ne sais vraiment rien de moi … on a tous un passé Emma et moi … j’ai le mien. » mon regard est resté tout le long de mes paroles que j’ai prononcées, de marbre

Et c’est là que je comprends quelque chose. C’est de sa faute si Mia est amnésique, si elle ne se souvient plus de moi, de ce que nous avons vécu ensemble. En pensant à Mia, les larmes remontent à mes yeux comme à chaque fois que je pense à elle. Tout ça c’est de sa faute si Mia n’est pas avec moi ce soir. Je bois pour oublier que Mia ne se souvient plus de moi :

« Tout ça c’est de ta faute ! » je lui hurle soudainement à la figure, sans plus de détails

J’essaye de maintenir mes larmes dans mes yeux et ne pas les laisser couler sur mes joues. Je ne veux pas pleurer. Il ne faut pas que je pleure même si j’en ai tellement envie, il ne faut pas. Je pleure déjà dans mon lit, quand je suis seule dans ma chambre car Mia n’est plus là et que je ne la retrouverai peut-être jamais. J’ai perdu ma meilleure amie à cause d’elle. Tout ça c’est de sa faute.

Oh ! Si tu savais ... si tu me connaissais vraiment !

Je me demande ce qu’elle fout dans les rues à cette heure-ci alors que d’après ce que j’ai pu voir, elle n’a pas vraiment l’air d’être en service. Je n’ai pas vu sa médaille de shérif, ni des menottes ni son arme. Peut-être une petite envie de s’aérer l’esprit non ? De toute façon elle est là, elle est là et je ne peux rien n’y faire. Mais sérieux, il y avait bien d’autres jeunes de mon âge – à peu près – qui étaient là ce soir, alors pourquoi ne pas courser une autre personne que moi ? Pourquoi s’acharner sur moi ? Pour … « m’aider » ? Sérieux, je n’ai pas besoin d’aide. Dans les contes j’avais une réputation, la réputation d’être la princesse rebelle, celle qui ne rêve pas du prince charmant mais de se battre et d’être libre. Être libre … j’ai l’impression qu’ici ou dans les contes, je ne pourrais jamais l’être et pourtant c’est bel et bien mon but, être libre. Sans règle, sans rien pour m’empêcher de faire ce que je veux. Être une princesse ça demande d’avoir une certaine ligne de conduite, des obligations … je suis une princesse … mais je n’aime pas l’être, c’est trop restrictif … et puis un jour ou l’autre on t’oblige à te marier à quelqu’un que tu ne connais peu ou pas du tout. Certaines tombent sur de vieux rois, moi je suis tombée sur trois jeunes gens qui avaient à peu près mon âge. Mais sérieux, les mariages arrangés c’est horrible ! C’est nul ! Qu’on laisse les gens choisir avec qui ils veulent finir leurs jours. Et puis personnellement je trouve que j’étais trop jeune pour me marier, sérieux, j’ai dix-sept ans je ne veux pas me fiancer ni me marier ! Je veux juste être libre !

Qu’elle ne me croie pas ne m’étonne pas vraiment. Sur sa première remarque, je ne préfère rien rajouter. Il n’y a rien à rajouter, elle ne veut pas me croire de toute façon. Ah ! L’alcool ! Je dois avouer que dans les contes c’est bien mieux, y a pas vraiment de soucis de l’âge, à mon âge j’avais le droit de boire. Ici, dans ce monde, il y a un âge « légal » pour pouvoir boire librement. Je dois avouer que je l’oublie tout le temps ce détail, qu’il faut que j’atteigne un certain âge pour qu’Emma ne vienne plus me faire chier car je suis mineure et je n’ai pas le droit de boire. Je dois avouer que je regrette assez les contes pour ça ... dire que je n’ai pas bu serait un mensonge. Je lui ai déjà menti, mais là … ça ne servirait à rien de lui mentir, elle a bien dû me voir jeter la bouteille de bière par terre après l’avoir vidé jusqu’à la dernière goutte. J’aurais dû abandonner cette fichue bouteille et filer direct ! Je serais loin à l’heure actuelle et elle ne serait peut-être pas en train de me poursuivre :

« Mais y a pas que moi qui est bue Emma ! Y en a d’autres ! »

Je sais, ce n’est pas bien de balancer. Mais on sait bien toutes les deux que les autres qui étaient présent ont bu aussi … mon rouge flamboyant qui colore mes cheveux, ça doit être ça qui l’attire et la fait me poursuivre. Je sais, c’est con, mais j’en suis à trouver maintenant, des explications saugrenues sur le fait qu’elle me poursuive continuellement. Mais quelques bouteilles d’alcool d’ingurgitées ça va pas me faire grand mal non ? Elle pourrait laisser passer pour le coup non ? ‘fin je vois mal Emma être « cool ». Je trouve qu’elle est plutôt chiante sur ça. Elle est comme sa mère, elle veut aider. Mais moi je n’ai pas besoin d’aide. Je dois me coltiner mère et fille … qu’est-ce qu’elles sont chiantes ! Ça doit-être de famille ça :

« Mais vas-y quoi ! Y en a d’autres qui ont bu ! Je ne suis pas la seule ! Et puis quelques bouteilles ça ne va pas me tuer ! Graham il m’aurait laissé tranquille … »

Je sais, ça ne plaide pas en ma faveur. Et puis ça ne sert à rien avec elle, elle s’est fixé l’idée de m’arrêter et je vais finir la nuit en taule malgré tout ce que je pourrais lui dire. Je buvais pour oublier … avant c’était parce que je faisais la fête et que je trouvais ça fun mais là, c’est pour une toute autre raison, oublier Mia, oublier que ma meilleure amie ne se souvient pas de moi. Elle me manque tellement ma Mia. Graham il était cool, bien plus cool qu’Emma en tout cas ! Il me laissait tranquille quand je faisais la fête, bon bien sûr quand ça dérapait un peu trop, je finissais ma soirée en taule mais ce n’était pas tout le temps tout le temps ! Graham n’est plus là … je dois avouer qu’il me manque. Il était quand même vachement sympa ! Mais qu’est-ce qu’elle me sort celle-là ? Tous les malheurs du monde sur mes frêles épaules ? Mais elle a fumé quoi là ? Je n’ai jamais pensé que tous les malheurs du monde sont sur mes épaules … Je ne me suis jamais proclamé martyr non plus. L’étonnement doit bien se voir sur mon visage, je suis complètement ahuri face à ce qu’elle me dit là … mais je dois avouer que son truc sur « la plus grande rebelle du monde » me fait bien rire au fond. Je baisse légèrement la tête et émet un petit rire, sourire aux lèvres. Elle ne sait pas ce qu’elle dit. Je suis Mérida, princesse d’Ecosse, première née du clan DonBrock, princesse rebelle. Ce doux mot résonne dans mes oreilles … rebelle … c’est ce que je suis rebelle. Je crois bien l’avoir été depuis que je suis toute petite. En même temps, une princesse qui préfère les armes aux poupées, qui rêvent de batailles et non de bals, ce n’est pas commun. Mais je suis la princesse rebelle … oh si elle savait ! Si elle savait tellement … j’émets de nouveau un petit rire avant de relever mon regard vers elle, un léger sourire sur mes lèvres :

« Emma … Emma … je n’ai jamais cru que j’avais tous les malheurs du monde sur mes épaules. Et je ne me suis pas proclamé martyr non plus. Mais sérieux, tu me fais un peu pitié, tu ne sais vraiment rien … rien du tout. Tu ne sais pas de quoi tu parles. » je lâche un troisième petit rire avant de reprendre « Avant de dire ce genre de choses, renseignes-toi … » je me penche légèrement vers elle avant de continuer « Je pense que je peux te conseiller ta très chère mère pour te guider un tant soit peu … en même temps c’est nouveau pour toi ça. » dis-je en me redressant « Je crois enfin je l’espère pour toi qu’elle se souvient de notre rencontre. En tout cas » je laisse passer quelques secondes « moi je m’en souviens très bien. » dis-je en laissant naître un petit sourire aux coins de mes lèvres

J’avais dit le tout d’une voix calme, tellement calme. Oui, j’avais changé de comportement en un claquement de doigts. Mais elle m’amusait tellement maintenant à montrer qu’elle ne savait rien, en tout cas ce qui est sûr c’est qu’elle ne sait rien de moi. Je garde mon sourire aux coins des lèvres, regard rieur, peut-être le prendra-t-elle pour de l’insolence. Ça en est peut-être bien ?! Elle desserre son emprise sur mon bras. Ouf ! Ça fait moins mal ! Mais elle s’accroche toujours ! Qu’elle sangsue cette Emma dis donc ! Je ne prends pas la peine de répondre à sa première phrase, à sa requête dirais-je. Je me contente juste de lever les yeux au ciel tout en gardant mon sourire sur mes lèvres et émet un rire silencieux. Non mais elle est drôle celle-là ! Je parle comme je veux moi ! Mon regard couleur émeraude va de nouveau se planter dans le sien quand je l’entends continuer à me parler. Je la fais royalement chier ? Alors pourquoi vouloir continuer à me poursuivre continuellement si je la fais royalement chier comme elle le dit si bien. Les personnes qui se soucient de moi dans cette ville … je dirais simplement ma famille. Et encore … mais je ne comprends toujours pas pourquoi, elle, elle se soucie de ma personne. Mais pourquoi s’obstine-t-elle à croire que j’ai besoin d’aide ? En même temps, elle ne peut pas me comprendre alors elle ne pourrait pas m’aider si j’en avais besoin. Un bon point dans tout ça, c’est qu’elle a lâché mon bras. Je me frotte la partie où elle a serré si fort, un peu pour faire passer le mal :

« Tu es comme ta mère toi, tu penses vraiment que j’ai besoin d’aide ? Pfff … Emma … Emma … je n’ai pas besoin d’aide. Je suis qui je suis. Et je n’ai vraiment pas besoin d’aide Emma. Arrête de penser ça. Je n’ai besoin d’aide de personne. Si tu veux, quand j’en aurai besoin je te ferai signe, il n’y a pas de soucis ! Ça ne me gêne pas du tout ! Si ça peut t’aider à combler ton désir de vouloir absolument me porter de l’aide, je te ferai signe. Mais là, je n’en ai vraiment pas besoin. »

Elle s’attend peut-être à ce que je me barre, mais je lui ai dit que je resterais alors je reste. Je lui demandais juste de me lâcher car elle me faisait mal. Rien de plus. Je tiens ma parole et reste. Je passerais donc la nuit en cellule, je ne vais pas déguerpir une nouvelle fois. Peut-être qu’elle me fera un peu plus confiance comme ça ? Et puis … je comprends qu’en faites, c’est de sa faute au final si Mia a perdu la mémoire. Je sens un regain de colère me submerger en plus de la tristesse qui va avec quand je pense à ma meilleure amie, Mia. Mes yeux se mouillent des larmes qui y montent sans pourtant les laisser s’échapper et couler sur mes joues. Je lui hurle soudainement dessus. De quoi je parle ? Mon énervement s’amplifie en moi et j’ai encore plus de mal à ne pas laisser s’échapper les larmes qui sont au bord de mes yeux :

« Ne fais pas semblant de ne pas savoir Emma ! Tu sais très bien de quoi je parle ! Tout ça c’est de ta faute ! » je lui hurle

Ce n’est pas possible qu’elle ne sache pas ! Elle me ment, ça ne peut pas être possible qu’elle ne sache pas pour l’accident au pont et Mia. C’est forcé ! Qu’elle ne fasse pas son innocente, qu’elle ne fasse pas semblant de ne pas savoir, tout ça c’est de sa faute !