21 Décembre

Cela faisait déjà bien trop de temps que je passais d'un coin reculé à un autre, à la recherche de cette rare information ou de ce grand être magique caché pouvant m'avancer à propos de la Malédiction. Mon constat était que, malgré mes très nombreuses tentatives, je n'arrivais strictement à rien. Je devais arrêter et me tourner vers quelque chose de plus simple. Ce que j'avais en tête ? Tout simplement me poser dans une ville, me détendre et ouvrir l'oreille. C'était impressionnant tout ce que l'on pouvait entendre dans les diverses conversations qui nous entouraient. Bien entendu la majeure partie du temps, ce n'était que du vent, des rumeurs absurdes et sans fondements ! Mais de temps en temps il y avait moyen d'apprendre quelque chose d'intéressant. De toute manière mes pistes commençaient à se tarir, il fallait bien que je fasse quelque chose. Mais surtout j'étais fatigué, terriblement même, de courir ici et là. Ce corps mortel dont j'avais bénéficié, même si il était toujours capable de supporter mes pouvoirs d'esprit de l'hiver, n'avait pas la même énergie, je me fatiguais beaucoup plus vite et surtout je ressentais un véritable besoin de dormir, alors qu'à l'époque, sans être impossible ça ne m'était pas nécessaire pour subsister. En clair l'idée de me poser quelques jours dans un endroit calme avait des airs de douce mélodie dans mon esprit. C'était décidé, j'allais vivre comme un simple humain pendant quelques temps, après tout n'étais-ce pas ce que j'avais toujours recherché et la raison de ce pacte qui m'avait rendu ma vie ?

J'atterrissais donc non loin d'une petite bourgade où je me rendis à pieds. Je ne désirais pas vraiment me faire remarquer, en ces temps ceux qui étaient différents et surtout les inconnus contrôlant la magie n'étaient pas forcément vu d'un très bon œil. Alors si je pouvais éviter de me faire remarquer cela m'arrangerait, je n'avais pas tant peur pour ma vie que pour la leur si j'avais à me défendre, cela dit c'était assez difficile de passer inaperçu avec le givre sur mes vêtements et mon bâton ou le simple fait que je sois un jeune homme pieds nus,, ce qui mine de rien attirait des regards, mais qui fort heureusement me faisait seulement passer pour un original, ce que j'étais. Cela dit, pour assurer ma couverture, je fis se lever un petit vent glacé sur la région. Après tout, c'était la saison ! Il n'y aurait rien de surprenant à cela et ça expliquerait le givre. Après avoir attendu assez longtemps, j'entrais donc en ville et, comme prévu, je me fondais tout simplement dans la masse. Je dois avouer que même si c'était ce que je recherchais, c'était terriblement angoissant pour moi, me rappelant sans cesses mes premiers pas dans ce lac gelé, quand je me suis enfin décidé à m'approcher de la civilisation, pour découvrir que j'étais tout simplement invisible de tous, pire que ça je n'appartenais même pas à leur monde, les gens me traversant comme ci je n'étais tout simplement pas là … Heureusement il y avait cette fois les quelques regards curieux pour me rassurer et de petits signes de tête voir de mains de la part de gens aimables pour me dire bonjour. Qui aurait cru que la chose la plus difficile pour moi serait de retourner à la civilisation alors que c'était tout ce que j'avais toujours cherché ?

Je voulu me reposer à l'auberge, mais à cette heure ci il y avait encore bien trop de monde et je ne me voyais vraiment pas affronter une telle foule déjà. Alors à la place je me baladais un peu dehors avant de me poser sur une caisse dans l'angle d'une petite ruelle. Certains pourraient trouver ça stupide qu'au final je reste dans la solitude et le froid, mais me savoir dans un lieu vivant me réchauffait déjà le cœur, surtout sachant que maintenant j'en faisais partit. J'avais encore un long chemin pour m'y habituer, n'ayant pas vraiment profité durant ces vingt-huit années depuis la Malédiction, mais c'était déjà un grand pas pour moi. Il était si rare que j'en profite réellement et déjà ça me faisait du bien. Ce soir il était clair que j'allais bien dormir, car j'allais dormir comme tout le monde, pas perché au sommet d'un arbre enneigé comme j'avais pris l'habitude. Seulement, alors que je me laissais aller à mes rêveries, regardant les passant et n'arrêtant pas de me dire qu'à présent si ils le voulaient eux même pouvait me voir, un visage qui me semblait familier passe devant moi, un visage que je n'aurais jamais pensé croiser ici. Je me levais d'un coup avant de l'interpellé dans la rue, ma voix trahissant un millier de questions qui m'assaillaient.

« Apollon ? »