* Driiiiiiiiiiing ! *

Je sursauta, comme d'habitude, tout en donnant un coup sur mon réveil pour le faire taire. C'était devenu un geste mécanique, comme si mon bras savait exactement à quelle distance de mon lit se trouvait cet objet assourdissant. Dans un soupirs, je rassembla mes forces pour me relever, les cheveux me tombant sur le visage et me chatouillant les narines. J'avais mal de partout, c'était impressionnant. J'avais l'impression qu'un camion m'avait roulé dessus pendant la nuit ! Et il devait être bien chargé celui-là... je n'osais même pas toucher mes membres endoloris, comme si des marques de bleues auraient survenir d'un mauvais rêve ou de toute autre chose inexpliqué. À la place, je m'étira de tout mon long comme un animal pour tenter de détendre mon corps endoloris, et pris enfin la conviction de me lever une bonne fois pour toute. Un coup d'œil à l'horloge, et c'est partie ! J'avais vingt minutes chrono pour me coiffer, me maquiller, me savonner le visage, préparer le petit-déjeuner, prendre le petit-déjeuner... et surtout, me réveiller ! Car vu dans l'état dans lequel j'étais présentement, n'importe qui aurait pensé que j'étais sur le point de m'évanouir de fatigue.

Vingt minutes plus tard et enfin prête, je n'avais plus du tout la même apparence : je paraissais tout sauf épuisée. On aurait presque dit que j'étais heureuse d'aller travailler, alors que si je pouvais, j'aurai pris ma journée aujourd'hui. Mais dans un hôpital, ça ne se passe pas comme ça malheureusement. Malgré mes anciens souvenirs qui avaient fait surface il y a peu, ceux qui avaient faussés mon identité étaient toujours présents. Depuis mon arrivée à Storybrooke en tant qu'infirmière, j'avais vu plusieurs cas défiler devant mes yeux. Je ne me serais même pas douté une seule seconde que ce genre de chose existait, habitant Halloween Town. J'avais assisté à des opérations, par exemple. J'avais appris la vue du sang. J'avais compris que chacun était un « être humain », que tout le monde était vulnérable. J'avais vu la mort également...

J'avais peur. Ce monde m'effrayait. On est si vulnérable, et il y a tant de mal dans la nature humaine. Qui plus est, la malédiction qui pesait sur nous n'a même pas fini de nous jouer des tours. J'étais seule, et même un peu perdue. Je ne savais pas quoi faire à part assurer mon rôle d'infirmière. Et il... Jack me manque. Je ne sais même pas où il est, ce qu'il fait. Et comme je le connais, il peut lui arriver n'importe quoi. J'espérais qu'il soit là, quelque part. Au fond de moi, j'avais le pressentiment que je finirais par le retrouver, d'une façon ou d'une autre.

Perdue dans mes pensées, je n'avais même pas remarqué que j'étais déjà arrivée à l'hôpital. Je me dirigea vers les vestiaires, enfila une blouse d'infirmière qui m'était attitrée par-dessus mon tailleur et attrapa un stylo ainsi que ma carte d'identité pour glisser le tout dans la poche de ma blouse. Un petit coup rapide dans le miroir de la scène, petit sourire pour se motiver et paraître naturelle, et on y va. Je sortis de la scène et me dirigea instinctivement vers l'accueil, pour me renseigner sur les patients qui étaient actuellement admis dans l'hôpital. Quelques personnes du staff me connaissant, on se saluait au passage, sourire aux lèvres, comme des médecins bien dressés. Il parait que c'est important d'être souriant et de transmettre ces sentiments aux patients. Certains disent que ça leur permet de se remettre plus vite. Quoi qu'il en soit, je me contente de faire mon travail.

Alors que je feuilletait un dossier près d'un comptoir, une voix plutôt familière retentit derrière moi.

« Aidez moi, j’ai un peu de Noël qui veut partir de moi. Il y a encore quelques temps je pouvais retirer ma tête de mes épaules, maintenant il semblerait qu’elle soit totalement fixée. Est-ce grave ? »

Je n'étais même pas sûre que l'on s'adressait à moi, mais cette voix m'était tellement familière que la curiosité l'emporta et je me retourna, non sans écarquiller les yeux de surprise.

« ... Jack ? »

J'avais à peine eu le temps de réaliser qu'il était réellement là qu'il m'avait déjà pris dans ses bras, mais c'était exactement la chose que je voulais à cet instant. Sans savoir pourquoi, mes yeux avait commencé à me brûler, les larmes voulaient sortir, mais je faisais de mon mieux pour ne pas pleurer devant lui. J'étais si heureuse ! Je n'arrivais même pas à croire que tout ça était réel !

« Regarde ça, ce rouge, je perds le Noël qui est en moi ! »

Létreinte était déjà terminée, et ma joie venait de laisser place à l'inquiétude. Je m'empressai d'examiner la blessure, d'où un fin filet de sang s'écoulait. Ça n'avait pas l'air trop grave, mais il fallait désinfecter tout ça avant que ça le devienne.

« Ce n'est rien de grave, viens avec moi ! »

Je lui attrapa son autre main et l'emmena sans vraiment lui demander son avis jusqu'à une salle d'examen libre, là où se trouvait le stricte nécessaire pour soigner cette blessure. Autant dire que j'étais un peu stressée, même si ce n'était rien de grave. Je sais très bien que certaine personne n'apprécie pas du tout la vue du sang et que dans les pires des cas s'ensuit un malaise. Et quoi de pire de penser que ça pourrait arriver à la personne qu'on aime ? C'est pourquoi, une fois dans la salle, je me suis empressée d'attraper un coton et du désinfectant.

« Ça risque de piquer un peu. »

La réponse typique du médecin me diriez-vous. La façon discrète d'alléger les choses en disant que ce ne va faire qu'un « petit peu » mal à chaque examen, c'est notre spécialité. Je désinfecta la blessure le plus rapidement possible même si je ne pouvais qu'aller lentement, tout en la nettoyant. Je tendis ensuite à Jack un bout de coton propre, finissant ainsi la petite « urgence », en lui faisant un beau sourire.

« Garde ça sur la blessure, pour éviter que le sang coule. Tout va bien, tu n'as rien perdu du tout. »